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Abiba Dafia Ouassagari, maire de Kérou : Une étoile dans le ciel des mâles


Par Alain Tossounon Rédigé le 17/08/2010 (dernière modification le 17/08/2010)

Elle n’a guère le profil typique de ceux qui sont originaires de son Kpikiré natal où la femme est un être essentiellement domestique. Elle a réussi à briser le mythe de la femme "sexe faible" pour jouer les premiers rôles grâce à sa pugnacité, sa rage du travail bien fait et sa foi. Abiba Dafia Ouassangari ne se déclare jamais vaincue et ne trébuche que pour se relever toujours vaillante. Madame, le maire de Kérou a un parcours sans fautes.


Abiba Dafia, maire de la commune de Kérou (photo Le Municipal)
Abiba Dafia, maire de la commune de Kérou (photo Le Municipal)
Ancienne sous-préfet, ancienne chef de la circonscription urbaine de Natitingou, la seule femme maire de tout le Bénin reste une légende vivante. Depuis l’âge de 6 ans, la petite Abiba, née en 1958 à Kpikiré, village de sa mère, était un leader parmi ses nombreuses amies. Ne voyant pas cela d’un bon œil, sa mère Alimatou la rappelait à l’ordre. "Ma mère se fâchait à des moments donnés", confie-t-elle. Chef de file au sein de ses amies, elle sera appelée déjà au Cours préparatoire (CP) à être responsable de classe et cela jusqu’au secondaire. De Kpikiré à Djougou, Kandi, Parakou où elle étudia au collège, elle reçu toujours la confiance de ses enseignants, séduits par sa détermination et son sens du travail bien fait. Une fois devenue agent du Trésor, elle occupa plusieurs postes à responsabilité. De chef de section aux fonctions de chef de division, Abiba Dafia Ouassangari a été appelée à tenir la caisse du Trésor de Parakou et cela pendant six ans avant de commencer sa carrière politique. La vie de Abiba, c’est aussi une vie de syndicaliste. "J’ai toujours été responsable au sein de notre syndicat". Et d’ajouter : "Je n’aime pas voir les gens être brimés dans leurs droits". Cette militante qui déteste jouer les seconds rôles, a aussi fait montre d’un grand engagement lors de la Révolution où elle a roulé sa bosse dans de nombreux mouvements de femmes.


Retour triomphal à la maison

Puis en 1996, elle engage un parcours de chef de terre. En cette année, elle a été nommée sous-préfet de Kérou, un coup d’éclat dans sa commune d’origine habituée à voir les femmes soumises. Pourtant, l’aventure se passe bien.
Abiba doit son succès à la tête de la sous-préfecture de Kérou à son sens diplomatique et à son ardeur au travail. "En un temps record, j’ai fait des réalisations à la grande surprise de tous", se souvient celle qui a géré, en cette période, une crise délicate au niveau de la chefferie traditionnelle de Kérou. Les échauffourées qui se sont soldées par 3 morts et l’emprisonnement de près de 7 personnes n’ont pu l'écraser et la faire démissionner. Avec beaucoup de tact, elle parvient à calmer le jeu et les esprits. Après deux ans et demi de règne, elle a été appelée à diriger la ville de Natitingou. Un grand défi puisque auparavant, tous ceux qui avaient été appelés à ce poste et qui n’étaient pas fils de la localité ont été renvoyés après leur nomination avec la bénédiction des sages dont l’un des plus influents fut feu le colonel Kouandété. Abiba n’a pas connu ce triste sort. Elle est restée au poste jusqu’à l’avènement de la décentralisation. "J’ai fait un bon séjour et malgré les problèmes, j’ai tenu bon et même après mon départ, j’ai gardé de bonnes relations avec tout le monde", se souvient-elle.
Restée à la tête de la ville de Natitingou jusqu’à la veille des élections locales, les siens lui demanderont de revenir sur sa terre natale. Usée par deux mandats de sous-préfet, elle aurait bien aimé s’arrêter là. Elle finit par se laisser faire sous la pression des sages. Et comme toujours, le succès l’attendait. Partie sur la liste MADEP qui rafla la mise aux élections avec 9 conseillers sur 13, elle fut élue conseillère. Seulement, elle n’a pas été choisie pour être la candidate désignée de la liste gagnante pour le poste de maire. Profitant de la division née parmi les siens, elle réussit à faire l’unanimité autour de sa personne. Après sa brillante élection, le responsable du MADEP dans la région et député à l’Assemblée Nationale qui l’a combattue sur le terrain avec un autre candidat se dit, très impressionné par sa détermination et son dynamisme. Il lâcha : "Cette dame est terrible".
La "femme terrible" de Kérou, porte-flambeau des femmes, loin de se satisfaire de ses succès s’est lancée un autre défi depuis qu’elle est maire : combattre l’extrême pauvreté dans sa localité. Pour elle, "quand la femme est riche, c’est toute la famille qui est riche". Son expérience de micro-crédits destinés aux femmes, démarrée en 2005 profite à des centaines de femmes. Son succès aux dernières élections et son retour à la tête de la mairie, résultats de nombreux autres acquis de son premier mandat sonne comme une nouvelle espérance à Kérou. Le succès de Abiba va au-delà des frontières de sa commune. En tant qu’élue locale, elle a réussi à se hisser dans le premier bureau de l’Association nationale des communes du Bénin (ANCB). Après l’AFICOP (Association francophone de coopération décentralisée) où elle fut élue membre du bureau, elle est responsable à la coopération décentralisée au sein de l’Association des communes de l’Atacora/Donga (ACAD).
Comme on le dit en bariba, sa langue maternelle, son "étoile était debout" depuis son enfance.
abiba_dafia_ouassangari.mp3 Abiba Dafia Ouassangari.mp3  (511.44 Ko)









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