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Arabie saoudite: Inculper ou libérer un religieux dissident

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Par J.N.B.L. Rédigé le 17/08/2012 (dernière modification le 15/08/2012)

Le cheikh Nimr Baqir al Nimr, 51 ans, qui s’est souvent montré critique à l’égard du gouvernement saoudien sur le thème de la discrimination dont sont victimes les chiites dans le pays, est détenu sans inculpation depuis qu’il a été arrêté par les forces de sécurité le 8 juillet à Al Awamiyya, dans la province de l’Est.


"Cela fait un mois que cet homme a été arrêté et, à la connaissance d’Amnesty International, il n’a toujours pas été inculpé de quoi que ce soit. L’organisation appelle les autorités saoudiennes soit à l’inculper d’une infraction prévue par la loi, soit à le relâcher. Les autorités saoudiennes doivent également mettre un terme à ce qui équivaut à des violations généralisées des droits humains contre les chiites de la province de l’Est qui exercent leurs droits à la liberté d’expression et de réunion", a déclaré Hassiba Hadj Sahraoui, directrice adjointe du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

Nimr Baqir al Nimr se rendait en voiture de sa ferme à son domicile lorsqu’il a été arrêté. Sur des photos, apparemment diffusées par les autorités peu après l’arrestation, on peut voir cet homme allongé sur le dos à l’arrière d’une voiture. Il semble avoir été blessé par balle à la jambe. Les circonstances exactes de l’arrestation de Nimr Baqir al Nimr n’ont pas été communiquées.

Le ministre de l’Intérieur a annoncé que Nimr Baqir al Nimr avait été arrêté en tant qu’"instigateur de la sédition" et avait été blessé lorsque "lui et ceux qui l’accompagnaient ont opposé une résistance aux forces de sécurité à un point de contrôle, ouvert le feu sur les agents et percuté une voiture appartenant aux forces de sécurité en tentant de s’échapper". Cependant, sa famille affirme qu’il n’était pas armé, ne possédait pas d’arme et était seul au moment de son arrestation.

Depuis plusieurs années, Nimr Baqir al Nimr réclame publiquement des réformes en Arabie saoudite pour mettre fin à la discrimination contre les musulmans chiites. Il dénigre ouvertement les politiques et les pratiques des autorités saoudiennes concernant les chiites, notamment les détentions sans procès ni inculpation, et l’usage excessif de la force contre les manifestants.
On pense que l’arrestation de cet homme est liée précisément à ses déclarations, ainsi qu’à ses commentaires publics dénigrant les autorités saoudiennes en général.

Nimr Baqir al Nimr a été conduit à l’hôpital central de Dammam, à 20 km d’Al Awamiyya, peu après son arrestation. Quelques heures plus tard, il a été transporté à l’hôpital militaire de Dhahran. Sa famille a déclaré à Amnesty International s’être inquiétée pour Nimr Baqir al Nimr après son arrestation, en particulier à la vue des photos de sa blessure, car elle n’avait reçu aucune information concernant son état de santé. La famille de cet homme a expliqué que les responsables de la sécurité ne l’ont pas laissée le voir ou lui parler à l’hôpital avant la mi-juillet et qu’elle a alors été autorisée à lui rendre une visite d’une quinzaine de minutes seulement. Des agents des forces de sécurité étaient semble-t-il présents à la fois dans la chambre d’hôpital et à l’extérieur. Sa famille l’a revu environ 15 minutes aux alentours du 23 juillet mais n’a plus été autorisée à lui rendre visite depuis son transfert à l’hôpital des forces de sécurité à Riyadh le lendemain.

Les manifestants sont exposés à la répression menée par les forces de sécurité. Les manifestations sont interdites en Arabie saoudite, où la vaste majorité des citoyens sont des musulmans sunnites et où la religion officielle de l’État est la doctrine wahhabite. Les autorités considèrent l’islam chiite comme étant incompatible avec la doctrine wahhabite et imposent donc des restrictions sur sa pratique. Des chiites sont arrêtés, incarcérés et harcelés pour avoir organisé des réunions de prière collective, célébré des fêtes chiites ou enfreint les restrictions pesant sur la construction de mosquées chiites et d’écoles religieuses.

Depuis février 2011, des manifestations ont lieu dans la province de l’Est, dont la population est majoritairement chiite. Les pouvoirs publics répliquent par des mesures de répression contre les personnes soupçonnées de soutenir ou de participer aux manifestations, et contre les détracteurs des autorités. Des manifestants sont détenus sans inculpation, maintenus en détention au secret pendant des jours, voire des semaines, et soumis à des actes de torture et autres mauvais traitements en détention.
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