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Arme à feu contre cent dollars.


Par Lech Walassa Mulondani Rédigé le 29/09/2009 (dernière modification le 29/09/2009)

Plus de cent vingt armes et munitions récupérées en deux semaines au cours d’une opération visant à réduire la circulation illicite d’armes légères à la base de la criminalité grandissante au chef-lieu du Sud Kivu à l’Est de la RD Congo.


Arme à feu contre cent dollars.
L’opération est initiée par le gouvernement provincial du Sud Kivu sous l’impulsion du vice- gouverneur M Jean Claude KIBALA à travers les différents quartiers de Bukavu. La campagne a commencé dans la commune d’Ibanda. Au quartier Essence, dimanche 6 septembre, le vice gouverneur et d’autres autorités attendent depuis plusieurs heures. Toujours pas d’arme. Avec l’animation d’une organisation locale des jeunes, les curieux ne s’impatientent pas. Il est 17 heures 30 quand soudain, un homme surgit dans la foule et se présente avec une Kalachnikov AK40. Sous les applaudissements nourris de l’assistance, il reçoit cent dollars des mains du vice-gouverneur. Et puis un autre et un autre encore. Une femme aussi se présente et reçoit un bonus pour deux armes. La moisson ce jour-là est de douze armes, une grenade chinoise et des munitions.

Encourager à remettre les armes à défaut de les récupérer par la force !
Les armes légères et de petits calibres circulent dans la ville entre les mains des personnes sans droit ni qualité. Pour encourager les détenteurs illégaux, sans passer par la réglementation en la matière, à remettre leurs armes aux autorités, il a fallu passer par une opération appelée Armes à feu contre tôles, contre vélos ou cent dollars. L’idée vient du pasteur Théodore MULUNDA de l’ONG Paix et Réconciliation, PAREC en sigle, et proche du président de la république Joseph KABILA. Cette opération a permis de récupérer un certain nombre d’armes surtout au Nord Katanga et à Kinshasa. Avec la multitude de groupes armés dont les éléments ont été démobilisés ou intégrés dans l’armée régulière après la guerre, il fallait, par tous les moyens, récupérer les armes que ces personnes utilisaient. L’armée étant encore à l’état de formation, l’idée d’encourager les gens à se débarrasser de leurs armes valait la peine d’être expérimentée.

Pour ou contre !
Cette opération n’est pas perçue de la même manière par tous. « Moi, je pense que cette opération favorise les bandits. Pourquoi l’Etat n’organise pas un bouclage pour récupérer de force ces armes et punir les détenteurs illégaux ? C’est une prime que l’Etat accorde aux criminels » estime Guison MULENGEZI du Parlement Debout Tujiteteye de la commune de Kadutu. M MULENGEZI affirme que des personnes mal intentionnées s’approvisionnent auprès des forces de l’ordre à bas prix pour ensuite déposer les mêmes armes aux autorités contre cent dollars. Ce que réfute un officier de la Police nationale. « C’est une bonne chose de débarrasser nos quartiers de ces engins de la mort, » estime, pour sa part, Mado KAFIRA, une jeune femme rencontrée sur le lieu du lancement de la campagne.

Une dernière chance aux détenteurs illégaux

Le vice-gouverneur Jean Claude KIBALA a lui-même mis en garde tous ceux qui ne remettront pas les armes. « Nous allons donner une dernière chance pour quelques jours. Après, nous allons déployer la police pour opérer un bouclage. Tous ceux qui auront par devers eux des armes seront déférés devant la justice pour détention illégale d’arme de guerre. » Malgré ces menaces du gouverneur aucun bouclage n’a été organisé à ce jour. Les autorités religieuses ont été associées pour recevoir et transmettre les armes des détenteurs qui veulent garder l’anonymat. Le comble du malheur, le jour où a eu lieu la première opération, deux personnes ont été tuée par balles dans le quartier même du lancement de la campagne.

D’où viennent les armes en circulation ?
Selon un rapport du Programme des Nations Unies pour le Développement PNUD, ces armes circulent librement à travers la région depuis les années 90. La source d’approvisionnement de groupes armés et des rebellions de la région sont principalement les pays des Balkans et l’ex-URSS, la Chine, les USA mais aussi des pays comme l’Afrique du Sud et certains pays européens. Pendant des années de guerre, des milliers d’armes légères et de petits calibres ont circulé entre les mains indélicates. Ce sont ces armes qui sont à la base de la hausse de la criminalité dans la région. « Il faut des efforts et de la volonté politique des pays de la région pour remettre ces armes dans le circuit formel. C’est notamment assurer la traçabilité par des mécanismes internationaux en vigueur, » estime Marc MWANZA, expert en réduction de la circulation illicite des armes légères et de petits calibres au PNUD.
Pour Bukavu, la campagne s’enlise et l’insécurité continue à faire des victimes malgré les menaces des autorités contre les détenteurs illégaux d’armes.




Tags : armes, Bukavu, Congo





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