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Par CP Rédigé le 26/11/2008 (dernière modification le 26/11/2008)

Alexandre Périgot a réalisé cette prise de vue de l’île de James Bond en Thaïlande selon une mise en miroir avec L’île des morts, tableau réalisé en 1886 par le peintre symboliste Arnold Böcklin.


Photo (c) Alexandre Périgot
Photo (c) Alexandre Périgot
En effet, il existe une similarité frappante entre l’île asiatique et la peinture de L’île des morts : deux énormes pitons rocheux latéraux s’élancent vers le ciel et cernent une zone centrale qui sert de débarcadère : débarquer les morts dans la toile de Böcklin et débarquer les touristes en flots ininterrompus sur l’île Thaïlandaise.

L'œuvre de Perigot rend sensible la mutation d’un lieu de la réalité en pure image et la transformation d’une image à consommer en réalité.

Le tableau de Böcklin, L’île des morts a connu un sort digne de l’œuvre d’art à l’ère de sa reproductibilité technique : exécutée en cinq versions différentes par le peintre entre 1880 et 1886, elle fut reproduite en gravure par Max Klinger et sa diffusion la popularisa à tel point qu’on ne compte plus aujourd’hui les reproductions et plagiats de l’œuvre.

Lénine, Hitler, Clemenceau, Freud furent quelques unes des personnalités à avoir possédé une reproduction du tableau. Metteurs en scène de théâtre ou de cinéma l’ont exploité comme toile de fond à leurs créations (Strindberg, Patrice Chéreau, Mark Robson, Giger…).

L’île des morts est donc un tableau, mais c’est aussi une icône.

Quant à l’île thaïlandaise, si elle est aujourd'hui envahie par les touristes c’est que parce qu’elle a été le lieu du tournage en 1974 du film James Bond : l’homme au pistolet d’or.

Les milliers de touristes débarquant chaque jour sur l’île viennent avant tout consommer l’image du film. A tel point que l’île a perdu son nom, Koh Piggan, pour celui d’île de James Bond. Le héros a donc traversé l’écran pour s’inscrire en toutes lettres et en image sur la géographie de l’île.

Quand Alexandre Perigot met en regard ces deux images, L’île de James Bond et L’île des morts, nous met-il en présence du voyage sans retour de l’image, à savoir son épuisement dans l’abyme des reproductions et des reflets, annulant toute prétention à l’originalité de l’œuvre et à la réalité des espaces ?

Certainement, mais cela ne suffit plus dans le contexte de diffusion, de capitalisation et de globalisation de l’image. On dira plutôt que le symbolisme suranné a aujourd’hui laissé place à la figure de l’île comme paradigme idéologique de la globalisation, enjeu de tous les fantasmes de possession des espaces.



Tags : exposition, Paris





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