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Intelligence artificielle vs Homme: Sommes-nous prêts?


Par Rédigé le 20/04/2017 (dernière modification le 20/04/2017)

"Terminator", "Ex Machina", "L’Odyssée de l’espace", "Matrix"… autant de films de gravés dans nos mémoires, des histoires d’hommes ayants à affronter leur propre création dans un avenir proche. Des œuvres dites de science-fiction, mais pour combien de temps encore le mot fiction succédera à science?


Le joueur Daniel McAuley. Photo (c) Tim Kaulen / Carnegi Mellon Université
Le joueur Daniel McAuley. Photo (c) Tim Kaulen / Carnegi Mellon Université
homme_vs_machine.mp3 Homme vs machine.mp3  (265.51 Ko)

Derrière cette introduction peut-être un peu pessimiste et alarmante se cache une réelle interrogation, la science des hommes n’avance-t-elle pas trop vite, trop loin, trop aveuglément vers l’inconnu? En début d’année dernière se tenait un match, presque passé inaperçu, entre une machine et des hommes, plus précisément des joueurs de poker professionnels, parmi les meilleurs au monde, et qui s’est soldé par un échec cuisant pour l’homme. Après avoir déjà triomphé aux échecs et au jeu de go, l’IA à désormais surpassé l’homme au poker, un jeu qui pourtant laisse plus de place à des notions que l’on ne pensait qu’humaines telles que l’art du bluff, du mensonge, de la manipulation psychologique.

Pour mieux comprendre la portée de cet événement, rappelons les faits et parlons un peu poker, vous savez, ce jeu que l’on imagine encore trop souvent joué dans des salles sombres, à l’abri des regards, par des groupes d’hommes fumant cigarettes et cigares et jouant aux cartes comme on joue à la roulette, c’est-à-dire en appelant la chance et son instinct. Ce monde-là a disparu, le poker se pratique aujourd’hui derrière un écran d’ordinateur, par de jeunes génies des mathématiques qui jouent 10 heures par jour des dizaines de tables en même temps en calculant leurs cotes et leurs probabilités. Terminée l’époque des cowboys et des parties du dimanche, en l’espace de 15 ans, le jeu s’est professionnalisé et le niveau n’a cessé d’augmenté. D’une grande complexité, et même s’il existera toujours une petite part de hasard qui fait son charme et booste l’adrénaline, le poker est avant tout un savant mélange de calculs interminables, de psychologie, de patience et de force mentale.

Deux ans auparavant, une équipe de chercheur de l’université Carnegie Mellon avait créé un programme informatique destiné à battre les meilleurs joueurs du monde en "no limit holdem" sous des formats de "heads up", en un contre un. A l’époque l’IA avait eu des difficultés à jouer contre quatre adversaires en même temps et avait finalement perdu. Depuis, les chercheurs ont perfectionné leur programme, et on peut dire qu’ils n’ont pas chômé. Du doux nom de Libratus, le nouveau programme a purement et simplement écrasé nos représentants de l’espèce humaine. Jason Les, Doug Kim, Jimmy Chou et Daniel Mc Auley, quatre joueurs reconnus et particulièrement expérimentés au format de poker joué ici, ont disputé plus de 120.000 mains contre le programme, durant 20 jours, et le résultat a été sans appel, Libratus les a tous battus et soulagés au passage de plus d’1,7 million de dollars.


Un apprentissage fulgurant

Avec des règles mises en place pour diminuer la variance du jeu au maximum, on ne peut pas dire que l’IA Libratus ait bénéficié de la chance du débutant. En étudiant les résultats de chaque match et en prenant en compte une dérivation standard, on peut estimer qu’il y a entre 0.0001 et 0.97% de chance que les hommes aient mieux joués que la machine. Le fait est que Libratus a battu encore plus durement que prévu les hommes, non seulement en jouant mathématiquement de manière optimale, mais aussi et surtout en s’améliorant chaque jour en absorbant les habitudes de jeu et failles de ses adversaires.

Capable d’étudier toutes les stratégies possibles dans chaque main jouée, son apprentissage ne s’arrête jamais et s’adapte constamment au style de ses adversaires pour anticiper et parer leurs mouvements, jusqu’à déceler leurs bluffs et bluffer elle-même, ce qui semblait être une caractéristique si humaine. En quelques semaines Libratus semble avoir résolu un jeu que les hommes ne cessent d’explorer depuis des décennies. Si l’on part du principe que le poker consiste pour beaucoup à entrer dans l’esprit de l’autre, à comprendre son fonctionnement de la pensée pour le déstabiliser et prendre la maîtrise du jeu, alors on peut légitimement se poser la question des risques à étendre ce genre de programme à d’autres domaines que le poker, d’autant plus que Libratus n’en est qu’au début de son immense potentiel. Quelle est l’aptitude des hommes à contrôler une machine bien plus intelligente qu’eux? Une machine capable d’identifier des failles que les humains n’auront pas pu voir. On peut évidemment objecter à cela, et à juste titre, le nombre d’avancées extraordinaires et rapides possibles dans des domaines sensibles tels que la médecine, la production, la science, mais à vouloir être trop rapides, ne risquons-nous pas d’aller tout droit vers un inconnu que nous ne maîtrisons pas réellement et aux infimes possibilités? Qui peut affirmer sans doute que l’humanité est prête à accélérer la course vers les intelligences artificielles? Cette problématique semble poser plus de questions qu’elle n’en résout...

Mais pour ceux souhaitant se changer les idées, sachez que "Battlestar Galactica", sur la fuite des derniers survivants de l’humanité traqués par les machines, est actuellement en cours de production! Certes, de nouveau trop alarmiste me direz-vous?









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