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Interview: Baker Yiga, Secrétaire Exécutif de ANEW


Par Rédigé le 18/09/2013 (dernière modification le 18/09/2013)

Plateforme autonome visant à porter plus haut la voix de la société civile africaine sur l’eau et l’assainissement, le réseau de la Société Civile Africaine sur l’Eau et l’Assainissement (ANEW) qui comporte plus de 230 organisations de la société civile, a pris part aux réunions sous régionales dans le cadre de la préparation de la 4e conférence africaine sur l’assainissement AfricaSan 4.


interview_baker_yiga.mp3 Interview_Baker_Yiga.mp3  (290.2 Ko)

Dans l’entretien que son Secrétaire Exécutif, Baker Yiga, nous a accordé en marge de ces rencontres, il relève les facteurs bloquants du respect des engagements d’eThekiwini et de la Rencontre de Haut Niveau, parle du plaidoyer de Anew et surtout nous confie la mobilisation de l’organisation pour faire du secteur Wash, une priorité dans l’agenda de développement post-2015 de l’Afrique et de nos États africains: "Il est primordial que nous arrêtions de prendre de nouveaux engagements pour s’atteler à réaliser ce que nous avons déjà pris".


Quel regard portez-vous sur le suivi des engagements de nos Etats pris lors de la réunion de Haut niveau et eThekiwini?

Beker Yiga, SE/ANEW
Beker Yiga, SE/ANEW
De nombreux facteurs peuvent expliquer la lenteur des gouvernements à tenir leurs promesses. En premier lieu nous avons les changements politiques dans les pays. Par exemple, un pays peut avoir un ministre de l’Eau très dynamique a un certain moment, et quelques temps après, celui-ci peut être remplacé par un ministre moins motivé. Ainsi, on ne fait qu’aller de l’avant et revenir en arrière, au même point pour recommencer le processus. L’autre question est relative au montant des ressources allouées au secteur. En effet, lorsqu’un pays décide d’augmenter les ressources pour un secteur donné, il doit réduire ceux alloués à un autre, mais il est difficile de savoir où réduire les ressources. Ainsi donc, ce type de compétition crée toujours un problème. Cependant, dans les pays où la volonté politique existe, on peut voir les actions. La réalisation des engagements peut être lente mais parfois, les cibles ne sont pas réalistes. Toutefois, on peut voir la volonté politique et un mouvement. Je peux vous citer quelques exemples.
Par exemple, en Afrique australe, avec la volonté politique relative à l’eau et l’assainissement, les choses avancent et les pays font de bons progrès. Au Rwanda, cela est visible et dans des pays comme le Kenya, le progrès est lent mais les lois sont très fortes. Ce qui permet aux bureaucrates et tous les officiels du gouvernement de planifier et implémenter. On peut citer aussi le cas de l’Ouganda. Autre chose, je pense qu’il est primordial que nous arrêtions de prendre de nouveaux engagements pour s’atteler à réaliser ce que nous avons déjà pris.
Ainsi, si uniquement l’engagement d’eThikiwini sur l’assainissement pris en 2008 relatif à un investissement de 0,5% du PIB de chaque pays dans l’assainissement était respecté, la situation de l’assainissement en Afrique évoluerait énormément dans le sens positif. Mais malheureusement, aucun pays n’a pu réaliser cet engagement.

Dans ce contexte, quels sont les aspects sur lesquels, le plaidoyer de ANEW se fera dans les prochains mois, années?

Il y a le financement. Car, il va de concert avec la priorisation du secteur mais aussi des acteurs qui ont des responsabilités. C’est le cas du ministre des Finances. Ainsi, les ministres de l’Eau, de la Santé ou de l’Assainissement peut faire des plans d’actions très intéressants, mais s’ils ne reçoivent pas les ressources nécessaires pour les mettre en œuvre, cela ne sert à rien.
De même, les medias ont un grand rôle à jouer. Car, lorsqu’ils décident de se battre pour une cause, ils attirent l’attention des politiques et influencent ainsi le changement. Nous avons aussi, la coordination du secteur qui constitue une préoccupation dans la majorité des pays. Les différents acteurs vont tous dans les sens. Bien entendu, la coordination inclut la planification, la mise en œuvre, l’évaluation et le suivi des progrès tout en responsabilisant les acteurs. Enfin, il y a la bonne utilisation des ressources et la réduction des gaspillages qui constituent des aspects importants.


Comment la société civile africaine se mobilise pour que le secteur WASH soit une priorité dans les objectifs post-2015 dans les pays et au niveau de l’agenda de développement du continent africain?

En tant que plateforme panafricaine, ANEW a participé aux consultations au niveau continental et global. Ainsi, si vous visiter notre site web www.anewafrica,org, vous pourrez lire la lettre que nous avons écrite et envoyée au panel de haut niveau des Nations Unies. Cette lettre est un appel pour que l’eau et l’assainissement constitue un objectif à part entière. Et rien qu'aujourd’hui, j’ai reçu un message pour qu’ANEW contribue en tant que représentant de la société civile africaine au rapport de consultation de l’après 2015 de l’UN-NGLS.
Nous avons également contribué à une pétition non pas en tant que société civile africaine mais en tant que société civile globale, afin de faire entendre notre voix pour que l’eau et l’assainissement constituent un objectif spécifique et seul. Je pense que tant que l’eau et l’assainissement ne constituent pas un objectif séparé et à part entière, il n’y aura pas de grandes différences avec les progrès relatifs au OMD.
La société civile a également été très active dans les processus régionaux spécialement en ce qui concerne les consultations sur le plan national et régional. Les membres d’ANEW ont contribué aux différentes discussions de préparation du rapport que l’Assemblée Générale des Nations Unies discutera prochainement.
Je souhaiterai souligner ici que bien que nous nous focalisions sur l’après 2015, nous ne devons pas oublier qu’il reste 3 ans avant la fin des OMD. Il est donc important que nous continuons à travailler et voir comment réaliser des OMD.

Quels sont les défis de mobilisation de la société civile pour faire évoluer les choses dans les pays?

Un des plus grands défis qui apparaît lorsque l'on parle de rassemblement et de mobilisation de la société civile, est relatif aux différents sujets d’intérêts des organisations. En effet, la grande majorité des ONG ne travaillent pas uniquement sur l’eau, l’assainissement et l’hygiène. Ils sont très souvent sur d’autres domaines d’intervention comme la santé, l’environnement ou la sécurité alimentaire. Donc lorsque vous leur demandez de soutenir un objectif pour l’eau par exemple, c’est comme si vous leur demandez de mettre de côté les autres domaines qui les intéressent et prioriser l’eau. C’est donc une tâche complexe mais faisable avec beaucoup de diplomatie.

Un autre défi important que nous rencontrons en tant que réseau est bien entendu le plaidoyer qui est notre activité principale. Le plaidoyer est très technique et requiert des capacités spécifiques pour savoir gérer les relations, faire du lobby et arriver à influencer les politiques afin de réaliser un objectif spécifique. Or, nous constatons que la société civile n’a pas souvent les ressources humaines pour mener à bien cette tâche primordiale de plaidoyer.
Le troisième point que je souhaiterai souligner est la capacité de documenter, générer des preuves et les utiliser à bon escient pour convaincre. En effet, la société civile arrive parfois à réaliser de grands progrès dans une région donnée mais elle n’arrive pas à collecter les données et convaincre les autres acteurs que l’action menée était une nécessité, qu’il y avait une demande pour cela et que le projet a eu un impact positif.
Cependant, je pense que nous avons un grand soutien et une bonne volonté de nos partenaires. Cela n’est peut-être pas en termes du soutien financier énorme, mais ils reconnaissent l’importance de la présence de la société civile et cela est déjà énorme. C’est d’ailleurs pour cela, que différentes organisations sponsorisent les membres de la société civile à travers ANEW pour qu’ils assistent à de telles rencontres au plan national, régional, continental et international. Il faut noter néanmoins que si nous recevons un peu plus de ressources, nous serons plus à même d’assurer effectivement la participation et la contribution de la société civile dans tous les processus et pour influencer les politiques.








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