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La discrimination en Espagne

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Par J.N.B.L. Rédigé le 21/12/2011 (dernière modification le 20/12/2011)

Imaginez que, presque tous les jours, des policiers vous arrêtent et vous demandent vos papiers, se fâchent contre vous et vous insultent. C'est ce qu'ils font, non seulement lorsque vous n'avez pas de papiers, mais aussi lorsque vous en avez, juste à cause de la couleur de votre peau.


"Les autorités espagnoles doivent mettre fin à la pratique policière consistant à sélectionner des personnes pour contrôler leur identité en fonction de leurs caractéristiques ethniques ou raciales", écrit Amnesty International dans un rapport rendu public le 14 décembre. Ce document, intitulé "Arrêtez le racisme, pas les gens: profilage ethnique et contrôle de l'immigration en Espagne", expose l'ampleur réelle des contrôles d'identité effectués par la police sur la base de caractéristiques ethniques et raciales et les conséquences pour les minorités ethniques.

"Quelqu'un qui n'a pas “l'air espagnol” peut se faire arrêter par la police jusqu'à quatre fois dans une même journée pour des contrôles d'identité, à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit et dans n'importe quel lieu ou situation. Cette pratique est illégale au regard du droit international relatif aux droits humains. Elle touche à la fois des étrangers et des citoyens espagnols issus de minorités ethniques. Elle n'est pas seulement discriminatoire et illégale - elle entretient également les préjugés, car ceux qui assistent à ce type d'interpellations présument que les victimes sont impliquées dans des activités délictueuses", a indiqué Izza Leghtas, chargée des recherches sur l'Espagne au sein d'Amnesty International.

Selon la législation espagnole, la police peut contrôler l'identité de personnes dans des lieux publics lorsqu'il y a un problème de sécurité, par exemple quand un délit a été commis à proximité. Cependant, les recherches d'Amnesty International ont révélé que les contrôles d'identité visant délibérément des étrangers en l'absence de tout problème de sécurité sont répandus. À Madrid, certains postes de police sont soumis à des quotas hebdomadaires et mensuels quant au nombre de migrants en situation irrégulière qu'ils doivent arrêter, ce qui incite les policiers à cibler les personnes appartenant à des minorités ethniques.

Le profilage ethnique, lorsque les policiers abordent des personnes pour les interroger et les arrêter en raison de leur couleur de peau, ne constitue pas toujours une discrimination, mais il est discriminatoire et illégal au regard du droit international s'il n'a pas de justification légitime ou objective. Par ailleurs, les personnes qui, sans avoir recours à la violence, observent le déroulement de ces contrôles d'identité ou rassemblent des informations à leur sujet et qui informent les gens de leurs droits humains dans ces situations font parfois l'objet de manœuvres d'intimidation et d'amendes.

Témoignages

Un réfugié originaire du Cameroun: "On ne peut pas prendre l'air un moment. Tous les jours, la police me demande mes papiers à la sortie du métro, dans les stations. Du coup, je suis mal à l'aise quand je sors… Il y a beaucoup de racisme en Espagne. Parfois, quand je m'assieds dans le métro, la personne assise sur le siège d'à côté se lève. C'est comme s'ils ne voulaient pas de moi ici."
Un immigré sénégalais: "Les migrants mènent une vie très difficile. Ça fait mal, même quand on a des papiers en règle. Le pire c'est quand on est noir. Maintenant encore, quand je vois des policiers, ils me demandent mes papiers. Ils peuvent vous faire sortir du train ou du métro et contrôler vos papiers. Ils disent qu'ils recherchent des délinquants. Mais ce n'est pas parce qu'on est noir qu'on est un délinquant."
Jahid, un immigré du Bangladesh: "Parfois on m'arrête trois ou quatre fois au cours de la même journée. Je montre mes papiers, mais quelquefois ils vérifient pour voir si les informations sont exactes. Quand je vais à mon travail, je suis pressé, mais ça leur est égal, ils les contrôlent quand même. Le fait d'être arrêté si souvent me met très mal à l'aise: j'ai l'impression de ne pas être libre."
Babu, un ressortissant indien: "Je crois bien que je connais tous les postes de police de Madrid. J'ai été conduit au même poste trois ou quatre fois. Tous les policiers me connaissent. Je veux que les gens sachent que nous, les migrants, nous ne sommes pas des numéros. Nous avons le même cœur, deux mains, comme toutes les personnes qui travaillent dans le monde entier."

"Il est primordial de lutter contre le profilage ethnique par la police pour combattre le racisme et la xénophobie", a conclu Izza Leghtas.
espagne_1.mp3 Espagne.mp3  (346.66 Ko)









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