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La reconnaissance faciale va changer nos vies


Par Rédigé le 25/01/2016 (dernière modification le 25/01/2016)

Les technologies de reconnaissance faciale se développent très rapidement et constituent un enjeu majeur pour les décennies à venir. Tous les géants du web, comme Google et Facebook, mais aussi une foule de start-up, élaborent à grande échelle des applications qui vont changer nos vies sous peu.


Un champ d’applications immense

Biométrie de l'oeil. Photo (c) Cpl Spencer, M.Murphy, corps des Marines.
Biométrie de l'oeil. Photo (c) Cpl Spencer, M.Murphy, corps des Marines.
reconnaissance_faciale_1.mp3 Reconnaissance faciale.mp3  (364.08 Ko)

Dire que la tendance actuelle de la technologie est de faciliter les échanges entre les utilisateurs et la machine est devenu un lieu commun. Aujourd'hui, on peut parler à notre GPS et celui-ci nous répond, les consoles de jeux tentent de repérer nos mouvements, les écrans passent à la 3D et la reconnaissance d'écriture fait des merveilles. Bref, tout est fait pour rendre la technologie plus proche du réel et ainsi plus accessible aux utilisateurs. Parmi les évolutions du domaine de la biométrie, celles de la reconnaissance faciale sont les plus susceptibles de modifier nos sociétés.

En 2015, la reconnaissance faciale a gagné ses premiers galons en Chine, avec la mise en place du premier distributeur de billets équipé de cette technologie. Équipée d’une caméra, cette machine ATM vous prend en photo après introduction de votre carte, compare avec les données de la banque, et ne vous donne pas d’argent s’il n’y a pas identification. Cela permet de lutter contre les vols de cartes de crédit, mais vous courrez un risque si vous changez de coiffure!

Bien d’autres domaines sont concernés, comme le marketing direct: l'algorithme analyse les archives des boutiques électroniques et recherche les clients sur les réseaux sociaux. Par la suite, les acheteurs potentiels sont ciblés par des courriers promotionnels personnalisés. N-Tech.Lab, la firme qui a devancé Google lors du défi mondial d’algorithmes de ce type, organisé par l'Université de Washington, est en négociations avec plusieurs grands détaillants pour développer de telles solutions.

Le fondateur de N-Tech.Lab, Artem Kukharenko, indique que "la technologie de reconnaissance faciale peut aussi servir aux instances chargées de l'application de la loi à traquer et à identifier des suspects ou des criminels recherchés à l'aide des flux vidéo des caméras. En outre, ces informations peuvent se révéler utiles aux services douaniers pour repérer les individus faisant l'objet d'une interdiction d'entrée sur le territoire. De même, elles peuvent être utilisées lors d'événements sportifs et culturels de masse pour vérifier automatiquement les fans et surveiller la situation dans les tribunes et aux environs, et ce, en temps réel".

De manière plus prosaïque, l’application NameTag propose, à partir d’une photo que vous prenez avec votre smartphone, d’explorer tous les réseaux sociaux et de vous livrer toutes les informations disponibles sur la personne photographiée. Vous rencontrez un bel inconnu, vous le prenez en photo, et quelques minutes plus tard vous avez accès à son profil Facebook, Twitter, LinkedIn, Google+, Instagram ou encore Pinterest.


Smart Me Up

Dans la même veine, la start-up française Smart Me Up (qui vient de remporter le concours The Start-Up Elevator organisé par Publicis) a développé une technologie qui fait de la reconnaissance faciale et comportementale à partir d'images vidéos. Rapide et précise, celle-ci s'intègre dans n'importe quelles applications et machines (caméras, smartphones, etc). La technologie développée sait non seulement détecter des visages mais elle sait aussi et surtout les analyser, donner le genre et l’âge d’une personne, analyser son comportement en temps réel et détecter ses émotions. Ce qui ouvre un très large champ d’applications, au premier rang desquelles le contrôle d’accès et le pointage. Les trois secteurs cibles de Smart Me Up sont diversifiés. Le SmartHome, tout ce qui s’apparente à la sécurité et aux caméras de surveillance: l’utilisateur connait en temps réel, par notifications, l’identité des personnes qui intègrent sa maison. En outre, ce service peut s’adapter à n’importe quel objet du quotidien, un jouet par exemple, pour optimiser le service proposé. Autre secteur préférentiel: l’automobile. La technologie est capable d’identifier le conducteur et d’analyser s’il est attentif au volant ou au contraire somnole. Enfin, la surveillance. Smart Me Up permet, notamment dans les lieux publics, de compter le nombre de personne et d’anticiper des mouvements de foule.

Limites et risques de la reconnaissance faciale

Selon un représentant de N-Tech.Lab, le plus grand défi dans la mise au point d'une telle technologie de reconnaissance consiste à déceler les traits principaux, quelles que soient les conditions d'éclairage et de prise de vue, l'expression faciale et la qualité de l'image. Le logiciel doit également traiter de grandes quantités de données d'images dans un délai court et à l'aide de moyens de calcul limités. La marge d’erreurs est encore importante, de l’ordre de 20%, et dernièrement l’algorithme de Google (Google photo) a confondu un couple afro-américain avec… des gorilles.

Facebook a d’ores et déjà développé la reconnaissance faciale (depuis 2011) mais, sous la pression des associations de protection de la vie privée et du droit à l'oubli, le géant américain a dû abandonner ce service le 22 septembre 2012 en Europe. En juin 2015, il faisait encore l’objet d’un procès concernant la violation du droit à la protection des données personnelles de ses utilisateurs. En cause, le réseau social serait en train de créer "la plus grande base de données biométriques privées au monde" sans demander assez explicitement le consentement de ses utilisateurs comme l’explique le site Sophos. Il faut savoir que la reconnaissance de visages automatique est interdite en Europe pour protéger la vie privée des utilisateurs (décision de la Commission européenne). Facebook et Google ont donc désactivé dans leur application française cette fonctionnalité.

Jean-Gabriel Ganascia, professeur à l'université Pierre et Marie Curie (Paris VI) où il enseigne principalement l'informatique, l'intelligence artificielle et les sciences cognitives prévient des risques liés à cette nouvelle technologie: "Bien évidemment, le principal risque est policier. Où que nous soyons, dans la rue, dans les transports, dans les magasins ou dans les bâtiments publics nous serons reconnus automatiquement... et donc suivi à la trace sans même avoir besoin d’allumer son téléphone portable, de payer avec sa carte de crédit ou de glisser son passe Navigo dans un portillon automatique... Qui plus est, ce n’est plus l’État seul qui disposera de ces informations, mais des sociétés privées qui seront libres de les revendre à qui leur semblera bon" explique-t-il dans une interview accordée à Atlantico.fr en 2015.

Avec les quelques 350 millions de photos téléchargées tous les jours sur Facebook, ainsi que les identifications nominatives, nombreux sont ceux enregistrés dans la base de données de la firme américaine, qui stocke en outre tout ce que nous aimons (likons) et peut ainsi proposer des publicités ciblées. Imaginez maintenant que partout où vous allez, vous soyez pisté par des caméras qui associent votre visage à toutes ces données, comme c’est le cas en Grande-Bretagne et dans la majeure partie des États-Unis. Dès lors, il n’y a pas que sur un ordinateur que vous serez harcelé de marketing ciblé, mais partout. Les Google Glass pourraient ainsi afficher des informations publicitaires tout au long de vos déplacements, mais aussi vous renseigner instantanément sur le profil des personnes que vous regarderiez à travers ces lunettes: nom, âge, goûts, profession, relations… Plus aucune possibilité de jouer de votre charme pour faire oublier votre âge ou votre manque d’amis!

La technologie au service d’une parfaite transparence peut séduire par son aspect sécuritaire, mais l’abolition de la vie privée que cela implique ne concerne pas que les criminels en liberté… Pour le moment l'Europe ne permet pas la reconnaissance faciale automatique sans autorisation expresse de l'intéressé. Face au poids des multinationales et des enjeux économiques liés au marché de la biométrie, cette digue tiendra-t-elle?








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