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Le savoir-vivre


Par Anne Debard, EAF Rédigé le 06/07/2014 (dernière modification le 05/07/2014)

Empathie, écoute et valeurs humaines… Et si le savoir-vivre résidait en cela, loin de l’image suranné qui lui est régulièrement accolée? Les codes deviennent alors des clés d’intégration culturelle, sociale et professionnelle à la portée de tous. Une idée défendue par Anne Debard qui, à la tête de l’Étiquette à la française, s’efforce de promouvoir ce savoir-vivre made in France.


Illustration proposée par l'auteur
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Héritage

Les souvenirs d’enfance prennent souvent une place à part dans la construction d’une vie d’adulte. De la sienne, Anne Debard conserve l’image des repas officiels et protocolaires auxquels elle accompagnait ses parents. "Quand on est enfant, on ne perçoit pas le poids du protocole. On s’attache aux détails. J’ai évolué dans ce milieu diplomatique comme dans une maison de poupée, et cela m’a fascinée." Plus tard, au gré des expériences professionnelles, ses certitudes sur l’importance des codes de bonne conduite en société persistent.

Loin des clichés, elle préfère définir le savoir-vivre comme un apprentissage accessible, exigeant du recul et de l’analyse, par opposition au très codifié protocole. En faisant preuve d’empathie et de finesse, tout un chacun pourrait ainsi améliorer sa relation aux autres. Mais le savoir-vivre est aussi un art à la Française, reconnu dans le monde entier, et pourtant en péril.

Le beau attire le beau

Ce savoir-vivre bleu blanc rouge, Anne Debard veut le transmettre à la jeune génération pour en faire de véritables petits diplomates de la culture française. "La société d’aujourd’hui est si difficile qu’elle pousse à l’abandon de certaines valeurs. C’est un cercle vicieux. Lorsque les deux parents travaillent, comment trouver le temps pour éduquer les enfants?" Un enfant qui est pourtant en perpétuelle recherche de repères. Pour Anne Debard, c’est par cette jeunesse que passe la préservation de notre savoir-vivre. "Le beau attire le beau. Plus on se laisse aller à cet apprentissage, plus on y prend goût."

Clichés et préjugés

Mais n’allez pas lui dire que le savoir-vivre n’est qu’affaire d’aristocrates, vous risqueriez de la faire bondir, elle qui a multiplié les interventions auprès de diverses populations et nationalités. "Tout le monde peut dresser une belle table pour ses invités. Ce n’est pas une question d’argenterie, mais d’intention et de volonté de faire plaisir." A l’étranger, ce parallèle entre savoir-vivre et richesse est courant. Favorisé dans de nombreux pays par l’apparition de nouveaux riches, l’amalgame est fait entre le savoir-vivre et le luxe à la française. En France pourtant, le savoir-vivre n’est pas du tout fastueux, dépouillé de toute question matérielle. Les origines de cette confusion seraient donc à aller chercher bien plus loin, dans l’histoire même du pays. "L’étiquette a toujours été associée à la royauté. La révolution l’a donc désignée comme un obstacle à l’égalité. Mai 68 et son "interdit d’interdire" est venu parachever la confusion en cassant un certain nombre de valeurs. Les codes se sont inversés."

Le savoir-vivre comme outil d’intégration

Au nom d’une égalité et d’une fraternité de façade, la France aurait-ainsi baissé son niveau d’exigence. "Je reçois des personnes ayant grandi dans différents milieux et qui, une fois propulsées à des postes professionnels importants, se sentent mal à l’aise. C’est la même histoire pour les étudiants étrangers qui, en arrivant en France, ressentent le besoin de maîtriser les codes de notre pays. En fait, le vrai luxe est de trouver le bonheur dans les valeurs de la simplicité. Le savoir-vivre permet d’y accéder." De ce savoir-vivre, Anne Debard en a fait un outil d’intégration culturelle qu’elle entend bien mettre à la portée de tous.

La France serait-elle vraiment en train de perdre ses bonnes manières? En réalité, le savoir-vivre à la Française fait toujours office de référence aux quatre coins du monde. Mais aujourd’hui, le pays est en décalage avec l’image qu’il diffuse. "De la plupart des écoles de commerce sortent des étudiants trilingues. Combien sont capables de maîtriser les codes d’un repas d’affaires avec des investisseurs étrangers?" Pour continuer à faire rêver au-delà de nos frontières, il faudrait donc adopter un comportement adéquat. Et en France plus qu’ailleurs, cela passe par la table, ses us et ses coutumes.

Encore faut-il être conscient que l’on ne souhaite pas un "bon appétit" à ses convives, étymologiquement synonyme d’une bonne digestion, mais plutôt une "bonne dégustation". Mais Anne Debard le reconnaît volontiers, on touche ici à l’étiquette. Au-delà encore se trouve le protocole, régi en France par un décret de 1989 et réservé à la sphère publique. Le savoir-vivre, lui, serait beaucoup plus abstrait. Une affaire de bon sens, sans doute.

"Le vrai luxe est de trouver le bonheur dans les valeurs de la simplicité. Le savoir-vivre permet d’y accéder."












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