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TOSCA DE PUCCINI AU TEATRO CARLO FELICE DE GENES


Par Christian Colombeau Rédigé le 10/06/2010 (dernière modification le 10/06/2010)

LE COUPLE DESSI-ARMILIAT0 ENCORE UNE FOIS AU SOMMET


UNE PRODUCTION QUI RESPECTE LE COMPOSITEUR ET LE PUBLIC

Photo © Marcello Orselli
Photo © Marcello Orselli
L’essentielle vertu d’une bonne production lyrique est peut-être moins de renouveler la vision d’une œuvre que de lui rendre sa fraîcheur et de replacer l’auditeur face à la charge subversive d’une création…

De tous les Puccini, Tosca est sans doute l’opéra le plus expressionniste. Cette « tranche de vie saignante » pour reprendre une définition quelque peu désobligeante du vérisme y est aussi un morceau de bravoure dans la noirceur, comme un balancement périlleux entre désir et cruauté pour une histoire d’une passion et passion de l’Histoire. En rouge sang et noir de deuil. Voyez un peu : avec une scène de torture - dans la chair et dans le cœur -, un suicide, un meurtre, une exécution par les armes, un deuxième suicide (sans doute le plus beau plongeon de l’histoire du lyrique), les situations fortes ne manquent pas, et plus que jamais, ici on comme ailleurs, le malheur des uns fait le bonheur des autres. Encore une fois, la musique de Puccini sublime ce qu’elle décrit et donne une dimension théâtrale et psychologique supplémentaire au drame, ici raccourci, de Victorien Sardou.

Au Teatro Carlo Felice de Gênes on aime et on respecte le public, qui le rend bien. N’ayant pas tenté de bouleverser la mise en scène d’une œuvre bâtie en profondeur sur une certaine véracité politique et érotique, Renzo Giacchieri a largement contribué au triomphe indescriptible de la première donnée en hommage à Giuseppe Taddei.
Une scénographie sobre et impressionnante dans son classicisme, efficace, habillée, décorée, éclairée dans le simple goût du travail bien fait. Rien de nouveau donc sous le soleil gênois, mais voilà une soirée qui vous réconcilie avec la tradition voire même l’opéra de grand-papa.

A cette régie sans excès et d’un goût sûr, où se sent à chaque instant l’émotion tellurique que produit la conflagration de la passion amoureuse, du pouvoir et de la liberté, le sympathique couple Dessi-Armiliato a apporté tout l’impact de sa personnalité.
Peut-être ça et là quelques gestes trop grandiloquents, un vérisme un tantinet appuyé (au fait, ne sommes-nous pas venus pour cela ?)…
Mais voilà chez la première un degré de conviction et un impact musical sans faille, la voix éclatant de mille facettes jusqu’à la laideur calculée du cri. « Vissi d’Arte » magique, comme suspendu dans les airs, naturel, évite les pièges du grand air attendu. Au final, le psychodrame au Château Saint-Ange arrachera à la Diva de forts beaux accents avec un si bémol suicidaire impérial ! Fascinante Prima Donna !
Son amoureux, refusant les effets faciles, apporte lui aussi un timbre juvénile, percutant. La classe finalement…
Mélange de Don Giovanni, Iago et Tartuffe, le baron Scarpia de Claudio Sgura, véritable force maléfique, d’un sadisme aristocratique terrifiant, tranquille mais osant de telluriques violences, se montre d’une solidité et d’une malléabilité vocale admirables.
Participation efficace des chœurs (grandioses !) et de la flopée de petits-rôles bien en place et finement croqués.
Disons enfin l’excellente qualité de la direction d’orchestre de Marco Boemi déroulant avec une forte et belle précision la double trame d’une partition luxuriante et vénéneuse, tissée de leitmotifs, mais non moins articulée sur un lyrisme récurrent. De la fosse s’exhalaient tous les parfums d’une Rome délétère dont la pauvre Floria Tosca se trouvait être certes l’égérie sensuelle, mais aussi la pitoyable victime.









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