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Triomphe de Haendel à l'Opéra de Monte-Carlo


Par Rédigé le 17/11/2014 (dernière modification le 17/11/2014)

Au cœur de sa musique avec des extraits de "Giulio Cesare".


Photo courtoisie (c) Opéra de Monte-Carlo
Photo courtoisie (c) Opéra de Monte-Carlo
haendel_monte_carlo.mp3 Haendel Monte Carlo.mp3  (67.88 Ko)

Spectacle et disques ayant été fraîchement accueillis par la critique et le public voici trois ans, nous étions curieux de découvrir dans l’écrin intime du Palais Garnier, le "Giulio Cesare" d’Emmanuelle Haïm à la tête de son Concert d’Astrée, pour des airs et duos permettant de retrouver notre Natalie Dessay nationale et un contre-ténor qui restera sans doute la révélation de la soirée: Christophe Dumaux.

Il est vrai que livrés à eux-mêmes, sans le poids d’une vraie mise en scène (celle de Laurent Pelly à Paris plombait un tantinet la soirée) c’est à une sorte de résurrection vocale et musicale que nous avons assisté, LA Dessay et son partenaire, en totale symbiose et complicité, ont décapé ce pur joyau lyrique, pour, tour de force non négligeable, rendre théâtralité et vérité première à ce qui aurait pu paraître comme un chapelet insipide d’airs et duos sans âme, ou, pire, un "digest" haendelien bon chic bon genre pour baroqueux "bling bling" en goguette dans la Principauté.

Crée à Londres en 1723 par la Royal Academy of Music, "Giulio Cesare" fut composé pour les plus grands chanteurs de l’époque. Mêlant irrésistiblement les genres, jamais le génie mélodique du Caro Sassone ne s’est montré aussi rayonnant. La partition, qui reste, au fil des siècles et des mixtures ajoutées par Pierre, Jacques et Paul, une énigme pour les musicologues, contient certains de ses plus précieux joyaux, comme ces airs tour à tour chants de séduction ou de lamentation.
Jamais non plus, l’orchestre n’avait déployé autant de richesse et d’expression. Bref, on n’en finit pas de découvrir cette œuvre, de la scruter, de lui arracher ses secrets.

Ce n’est pas moins qu’une bonne dizaine d’airs et duos entre Cléopâtre et son Jules chéri, tous riches de pénétrations psychologiques, qui nous ont été proposés, Emmanuelle Haïm ajoutant la "Troisième suite" des "Water Music" dans une prestation orchestrale à la fois d’une fascinante délicatesse et musclée, aux incisifs contours rythmiques, aux chatoyantes saillies de timbres. Premier violon (David Plantier) et flûtiste (Sébastien Marq) apportant une touche de bonne humeur dans quelques "interventions scéniques" sympathiques avec les artistes ou le public complice, lui aussi talentueux.
Natalie Dessay, somptueusement drapée dans une robe de soirée qui aurait fait mourir de jalousie le couturier officiel de la Reine du Nil, renoue avec un rôle qu’elle aura beaucoup défendu sur la planète.
Voilà une Cléopâtre hyper-féminine, grave parfois, assez à l’aise dans une tessiture confortable, vivante, spirituelle, consciente de ses moyens vocaux actuels, et qui chante sobrement, sombrement les affres et vicissitudes d’un cruel jeu de l’amour et du pouvoir plein de sentiments contraires. "Se pietà" et "Piangero" sont phrasés avec une suprême intelligence du texte et de la note.
Partenaire d’un soir, le contre-ténor Christophe Dumaux campe un Jules César viril, à la virtuosité sublimée qui permet d’apprécier l’égalité d’un chant très attentif aux ornements, qui se plie avec facilité à toutes les inflexions de cette partition tarabiscotée, se joue des acrobaties les plus complexes. Comme pour mieux atteindre le cœur de la musique.

Éminente spécialiste de cet opéra, Emmanuelle Haïm, comme toujours sympathique, conviviale, pleine d’attentions pour ses musiciens et son duo de "soprani" détaille enfin avec humour, avec amour, les beautés de ces pages.
Sa direction souple et nerveuse, dépourvue de toute pesanteur, prouve qu’une approche traditionnelle sur instruments anciens demeure de nos jours plus que nécessaire. Le duo final "Caro, Bella!" touchant presque au sublime dans un no man’s land de rêves érotiques et de sensations physiques.










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