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Louise de Vilmorin


Par Colette Dehalle Rédigé le 11/12/2008 (dernière modification le 11/12/2008)

Françoise Wagener nous a livré ces derniers mois avec Je suis née inconsolable, Louise de Vilmorin, une volumineuse biographie de l'inoubliable auteur de Madame de dont l'adaptation cinématographique par Max Ophüls fut un chef-d'œuvre. Cette descendante d'une vieille famille dont plusieurs membres se sont illustrés dans la botanique, avait plusieurs cordes à son arc, le récit romanesque aussi bien que le reportage et cachait sous des dehors apparemment frivoles, une personnalité très attachante


Louise de Vilmorin
Louise Lévêque de Vilmorin est née à Verrières le Buisson le 4 avril 1902. Après des fiançailles rompues avec Saint-Exupéry, elle se marie une première fois en 1924 avec un industriel américain de seize ans son aîné dont elle eut trois enfants, Jessie, Alexandra et Helena. Les deux époux divorcent en 1936 et elle repart pour l'Europe laissant ses filles aux Etats-Unis, elle ne les retrouva que beaucoup plus tard et se découvrit grand-mère. En 1955, son ex-époux Henry Leigh-Hunt sera nommé consul honoraire de Monaco à Las Vegas. Elle épouse en janvier 1938 à Bratislava, le comte Paul Pálffy ab Erdod appartenant à une des plus illustres familles hongroises. Elle passera quelques années fabuleuses au château de Pudmerice dans les Carpates, au sud-ouest de la Slovaquie actuelle, elle y écrit des poèmes et son roman le plus réussi Le lit à colonnes. En 1943, Louise et Paul divorcent, elle rentre en France et se consolera un peu plus tard avec l'ambassadeur d'Angleterre Duff Cooper bénéficiant de la complicité attendrie de l'épouse. Elle s'installera dans sa résidence de Verrières le Buisson où son Salon bleu était célèbre et ses pots au feu courus du tout-Paris. Elle reprendra alors la liaison commencée en 1933 avec André Malraux, c'est d'ailleurs à ses côtés qu'elle s'éteindra le 26 décembre 1969.

Une Principauté et une Côte d'Azur accueillantes
Par deux fois Louise de Vilmorin eut d'étroits rapports avec Monaco. Tout d'abord le 27 avril 1955 lorqu'elle est lauréate du prix littéraire Prince-Pierre de Monaco créé en 1951 en hommage à Pierre de Polignac père de Rainier III. Il couronne l'ensemble de l'oeuvre d'un auteur de langue française à l'occasion d'une parution, pour elle c'est Madame de. Avant elle avaient été distingués Julien Green, Henri Troyat, Jean Giono et Jules Roy. Mais elle est la première femme à l'être. Après elle on récompensera entre autres, Marguerite Yourcenar, Françoise Sagan ou Diane de Margerie. C'est Paul Géraldy qui lui annonce l'heureuse nouvelle au téléphone et elle va séjourner plusieurs jours en Principauté. Elle emprunte le Train bleu, ce train mythique, inauguré en 1922 sous le nom «Calais-Méditerranée-Express» qui permettait de rejoindre Vintimille dans le luxe et le confort absolus de ses voitures-lits, bar ou restaurant. Il a disparu dans les années 70, victime sans doute de la vitesse mais aussi d'une nouvelle façon de vivre. A la gare de Lyon les photographes mitraillent la grande Yvette Chauviré, prima ballerina assoluta qui se rend à Monte-Carlo. Louise nous confie ses problèmes de garde-robe, les robes du soir dans lesquelles elle n'entre plus... elle choisira un tailleur clair pour la cérémonie mais il serait préférable d'en avoir un sombre. Elle descend à l'hôtel de Paris et fréquente le Casino. C'est le jeune prince de 32 ans, encore célibataire, qui lui remet l'enveloppe contenant un chèque d'un million de francs, ainsi qu'une médaille dans un écrin. Au déjeuner, elle est assise à côté de lui, le menu est raffiné, éclairs de foie gras, œufs pochés au curry, tournedos Mascotte, cœurs de laitue, pudding diplomate. Elle assiste avec la famille princière à une soirée à l'Opéra où sont créés quatre ballets de Constantin Nepo. Par ailleurs, elle prend le thé avec l'Aga Khan.

Un an plus tard, Louise de Vilmorin revient à Monaco, à l'occasion du mariage de Rainier III et de Grace Kelly dont elle nous livre le récit ébloui. Elle fait le reportage des cérémonies des 18 et 19 avril 1956 pour Marie-Claire sous le titre "J'étais du mariage". Elle sera une des principales collaboratrices de ce magazine jusqu'en 1956. Fondé en 1937 par Jean Prouvost, cet hebdomadaire arrête sa parution en 1944, il reparaît en octobre 1954 sous forme d'un mensuel et tire très vite à près d'un million d'exemplaires, dans ses pages les reportages et les rubriques culturelles occupent un quart des articles. Elle se rend d'abord chez Francine Weisweiller à la villa Santo Sospir de Saint-Jean-Cap-Ferrat en compagnie de Jean Cocteau. Celui-ci l'accompagne à Monaco mais doit assister à la cérémonie religieuse depuis un balcon car il n'a pas l'habit noir de rigueur, il l'a prêté et on ne le lui pas rendu... La veille du mariage, Louise assiste au gala de l'Opéra où se produisent trois étoiles de la danse, Margot Fonteyn, Yvette Chauviré et Tmara Toumanova. Comme il y a un monde fou dans la Principauté, elle a dû changer trois fois d'hôtel et finalement est hébergée au Métropole, elle perd au casino et repart à Santo Sospir le 20, se repose un moment avant de rejoindre le festival de Cannes qui dure du 23 avril au 10 mai, elle Denon s'installe au Carlton. Elle fait partie du jury des longs métrages qui comprend 11 membres sous la présidence de Maurice Lehmann alors directeur du Châtelet, et siège avec Arletty, le réalisateur Otto Preminger, le scénariste et dialoguiste Henri Jeanson. Cette année-là la Palme d'or fut attribuée au Monde du silence de Cousteau, le Prix spécial du jury au Mystère Picasso de Clouzot et le Prix de l'humour poétique à Sourires d'une nuit d'été de Bergman. N'oublions pas qu'outre ses propres oeuvres portées à l'écran, elle a écrit pour Louis Malle en 1958 les dialogues des Amants, d'après Point de lendemain de Dominique Vivant Denon, publié en 1777.

Je suis née inconsolable Louise de Vilmorin (1902-1969)
Françoise Wagener
Albin Michel
545 pages










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