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La longue histoire d’amour entre Herbert von Karajan et Richard Strauss


Par Rédigé le 05/09/2014 (dernière modification le 03/09/2014)

Ce splendide coffret DGG rendant hommage à Herbert von Karajan dans les œuvres symphoniques et lyriques de Richard Strauss risque bien de rester l’exemple même de toute réédition qui s’impose.


Nouveauté discographique chez Deutsche Grammophon

coffret_karajan_strauss.mp3 Coffret Karajan Strauss.mp3  (76.86 Ko)

L’équipe marketing peut être fière de son travail, car, à un prix relativement doux, voici, dans une luxueuse présentation livresque, en onze compact disques, un Blu-ray audio et une plaquette somptueuse reproduisant contrats, plannings de séances, rares photos, livret du Rosenkavalier, un panorama-bilan du grand chef autrichien dont on connaît les relations de franche amitié voire complicité avec le compositeur d’"Elektra" et "Salomé".
Voilà donc une alléchante découverte du travail Maestro, sur près de trente ans, qui trouvera un temps également l’hospitalité chez Decca et son Wiener Philharmoniker pour des enregistrements que l’on peut qualifier sans honte de référence.
Les prises de son, aérées, spacieuses, dissèquent au mieux les partitions luxuriantes du dernier grand compositeur classique et restent un cas unique dans l’histoire du disque. On sait l’exigence, l’intérêt, la passion de Karajan pour les mises en place techniques ou stéréophoniques. Cela se sent. Cela s’entend.

"Zarathoustra", "Till", "Salomé" avec les Viennois? Le même raffinement qu’avec le Philharmonique de Berlin, la même abondance où aucun détail n’est épargné, aucune croche, demi-croche, soupir laissés au hasard.
Omniprésent, fabuleusement attentif et pourtant discret, Karajan offre, par exemple, une version du "Don Quichotte" (1965 et Pierre Fournet au violoncelle) pensée, réfléchie à l’extrême, avec ça et là de réjouissantes allures d’affrontement avec le soliste pour ensuite distiller une tristesse diffuse très émouvante. Dans le finale, le chef porte le violoncelle comme il le ferait d’une voix: moment magique où l’autrichien n’a, à ce jour, pas de concurrent.
Don Juan et Till l’espiègle (1973) sont cousins, affirme le chef. L’élément tragique domine, comme si tout était joué d’avance, le héros flamand, comme le séducteur espagnol, désabusés, semblent détachés de leurs propres aventures. Deux gravures troublantes, au caractère presque automnal qui s’inscrivent dans la logique expressive des futurs enregistrements de Karajan qui parvient à ménager des passages purement méditatifs dans ces deux partitions en perpétuelle tension.

Gravés en février 1973, les "Quatre derniers lieder" avec Gundula Janowitz ont gardé intact leur pouvoir de fascination. Le danger avec ce cycle de mélodies est de se laisser porter par une musique trop bien écrite pour la voix, de sacrifier au plaisir sensuel de ces volutes et du beau son, voire l’intériorité d’un message laissé par un homme près de la mort.
Intimité, confidence sacralisent le propos de ces pages crépusculaires. Voilà du son certes, mais aussi de l’âme. Et un chef au sommet de son grand art qui dialogue en totale osmose avec sa soprano, diaphane et solide comme un roc, décoratif certes, envoûtant toujours, qui crée une arche sonore grandiose, sublime, la colore, et semble même parfois se modeler sur la dynamique de la voix pour en devenir son double. L’acoustique de la Jesus-Christus Kirche de Berlin, ici comme dans d’autres enregistrements, faisant remarquablement le reste.

On peut ne pas aimer "La Symphonie Alpestre", lourde partition calquée pour un dépliant touristique suisse, décorative dans son programme de double crème indigeste.
Et pourtant. Karajan, en 1980, allège le tout pour nous offrir un bol d’air et une promenade vivifiante sur les cimes de la musique. On y entend une pâte de premier ordre, une bande originale en Technicolor (mais celui de la grande époque) qui risque bien de faire mentir les détracteurs de cette œuvre massive et finalement… géniale.

Enregistré sur le vif à Salzbourg en juillet 1960, le "Rosenkavalier" (qui peut se lire comme le double de la version studio de 1955 avec Schwarzkopf, Ludwig, Gedda and Co…) couronne la divine Maréchale de Lisa Della Casa.
Toute de théâtre, de vie, de frémissement, cette bouffonnerie tendre et profonde aligne un cast inégalé: Surinac en Quinquin plus vrai que nature, Edelmann en Ochs Hénorme, et surtout Hilde Güden, cristalline Sophie, fragile et lumineuse au point que l’on croirait le rôle écrit pour elle.
Karajan dans sa fosse? Il rayonne. Il couronne son équipe qu’il semble boire de l’œil et de l’oreille. Bref, le luxe, jusque dans ses plus petites imperfections, ses plus petites faiblesses.

Pour finir: deux œuvres populaires, ici rendues dans leur vérité première, par la simple approche musicale et stratosphérique de leur propos et dimension: "Une vie de héros" captée en mars 1959 à Berlin, plus le violon adamantin de Michel Schwalbé) et les deux "Zarathoustra" (1959 Vienne et 1973 Berlin).
Karajan mène ses troupes au combat dans un ordre à rendre jaloux ses plus illustres confrères, la polyphonie est d’une clarté radieuse, la souplesse confondante de facilité pour une confession autobiographique du compositeur pleine de malice, d’ironie.
Nietsche ne pouvait enfin rêver meilleure illustration pour son Zarathoustra. Énigmatique, magistral, grandiose, par deux fois, Karajan semble faire sienne cette œuvre, dans une saisissante exécution de cette odyssée de l’espèce humaine, des origines jusqu’au Surhomme… Karajan himself dans deux réjouissants autoportraits "mégalomaniques"? La question reste posée.

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