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Cameroun: La ministre, la justice et la politique


Par Rédigé le 24/09/2013 (dernière modification le 24/09/2013)

Haman Adama a recouvré sa liberté, suite à "l’arrêt des poursuites" prononcé en sa faveur par le Tribunal criminel spécial (TCS). L’ancienne ministre, qui était poursuivie pour détournement de fonds publics, avait au préalable versé plus de 212 millions Fcfa au Trésor public. Cette décision de justice n’est pas dénuée de sous-entendus politiques


Haman Adama du temps de sa splendeur, avant les vicissitudes de "l'opération épervier". Photo du domain public.
Haman Adama du temps de sa splendeur, avant les vicissitudes de "l'opération épervier". Photo du domain public.
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Ce 19 septembre là retentira d’un écho particulier dans les annales de la Justice camerounaise. Le Tribunal criminel spécial (TCS), a décidé de "l’arrêt des poursuites" pour Haman Adama, ex ministre de l’Éducation de base, et une dizaine de co-accusés, poursuivis pour détournements de fonds publics. Conséquence immédiate: les intéressés recouvrent une liberté dont ils avaient été privés depuis des années. Le sort de Haman Adama et de ses anciens collaborateurs du temps de son séjour gouvernemental, était jusque là suspendu depuis de longues semaines, à la réaction du ministre d’État, ministre de la Justice, Garde des Sceaux, à la demande d’un "arrêt des poursuites".

Il s’agissait en vérité pour M. Laurent Esso, lui-même assujetti à la décision du président de la République, d’autoriser le TCS à appliquer l’article 18 de la loi n°2012/011 du 16 juillet 2012 modifiant et complétant la loi n° 2011/028 du 14 décembre 2011 portant création d’un Tribunal Criminel Spécial. La requête formulée pour la libération de Haman Adama reposait sur le fait que l’ancienne ministre avait effectué le paiement, au bénéfice du Trésor public, d’une somme de plus de 212 millions Fcfa, au titre du remboursement des fonds dont elle était accusée de détournement.

Le versement de cet argent dans les caisses de l’État, s’est effectué dans le cadre du troisième volet, d’un dossier pour lequel la Justice avait été saisie pour des détournements alors présumés de l’ordre de 2 milliards Fcfa, reprochés à l’ex ministre et à ses co-accusés.
Avant la décision du 19 septembre, Haman Adama avait bénéficie de deux "non lieu" pour deux autres articulations de cette "affaire", relatives au paiement jugé problématique des salaires des instituteurs vacataires, et au versement perçu comme irrégulier de certaines primes à des hauts cadres du ministère de l’Éducation de base.

Le dénouement grâce auquel l’ancien ministre et la dizaine d’autres accusés, sont remis en liberté, ne manque pas d’intérêts. Pour la Justice camerounaise, et plus globalement pour le régime: "l’arrêt des poursuites" vient donner le signal selon lequel, tout prévenu dans le cadre des affaires relevant de "l’opération épervier" - du nom de cette campagne affichée d’assainissement des mœurs managériales - peut obtenir sa libération s’il est détenu, moyennant la "restitution du corps du délit".

Conscientes des accusations selon lesquelles, cette "opération", revigorée depuis 2006, servait de machine à éliminer de la compétition politique un certain nombre de figures marquantes du régime soupçonnées de nourrir des ambitions pour la succession de Paul Biya, les autorités ont profité de la mesure décidée par le TCS pour réaffirmer leur ligne: "l’opération épervier" n’est en rien sous-tendue par des visées politiques. Reste à savoir si ce discours est résolument convaincant. La libération de Haman Adama intervient dans un contexte politique particulier.

Depuis quelques mois, des observateurs et des acteurs politiques- se recrutant même dans les rangs du Rassemblement démocratique du peuple camerounais au pouvoir - se faisaient fort de relayer le sentiment d’un "grand malaise" suscité, dans la Région du Nord, et singulièrement sur la place de Garoua, par les arrestations de hauts dignitaires du régime déchus, dans le cadre de "l’opération épervier".
De sorte que ceux qui, dans le perspectives des élections législatives et municipales du 30 septembre prochain, redoutent un éventuel vote-sanction du Rdpc, en guise de désapprobation des arrestations de Haman Adama, Marafa Hamidou Yaya (ancien ministre d’État, secrétaire général de la présidence), et plus récemment Iya Mohammed (ancien Directeur général de la société de développement du coton), ont vu les effectifs de leurs rangs se renforcer au fil des mois.

Il est vrai que le discours officiel de la hiérarchie du Rdpc a eu tendance à dédramatiser l’impact de ces arrestations sur les performances électorales de cette formation politique dans cette partie du pays. Et que le parti de Paul Biya a tout de même mobilisé Aminatou Ahidjo, une des filles de Ahmadou Ahidjo, - tout premier président de la République décédé en novembre 1989 au Sénégal, et natif de Garoua - pour en faire un des ses "arguments" de campagne électorale. A la fois en signe d’une réconciliation - pour l’heure difficile à prouver -, et d’atout politique - pour l’instant improbable.










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