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Rencontre avec Célestin Tiendrébéogo, Directeur général de la Sofitex


Par Tiego Tiemtoré Rédigé le 06/08/2010 (dernière modification le 06/08/2010)

Célestin Tiendrébéogo est depuis 1999, le Directeur général de la Société des fibres et textiles du Burkina (Sofitex).
Cet ancien ministre du Budget (1992-1996) parcourt le monde à la recherche de nouveaux débouchés pour le coton burkinabé.
Il évoque ici les difficultés de la filière et lève un pan de voile sur les perspectives, qui sont à ses yeux susceptibles de redonner à la filière son lustre d’antan.


Celestin Tiendrebeogo Directeur général de la Sociéét de fibres textiles du Burkina (Sofitex) Photo (c) SAMA
Celestin Tiendrebeogo Directeur général de la Sociéét de fibres textiles du Burkina (Sofitex) Photo (c) SAMA
Le Podcast Journal : Que représente le coton pour les Burkinabés ?

Célestin Tiendrébéogo : Le coton est le 3e produit agricole dans les pays de la zone franc, après le café et le cacao. Il occupe 30 à 40% du produit intérieur brut, 60 à 70% des recettes d’exportation, et occupe 320 000 exploitants agricoles au Burkina. Le continent asiatique est le 1er importateur du coton burkinabè, vu que 95% de la production sont exportés vers l’Asie, 2,70% en Europe, 0,52% en Amérique et 1,78% en Afrique.

Le Podcast Journal : Quelles sont les difficultés rencontrées par la filière ?

C.T : Elles tournent notamment autour de la baisse des coûts du coton depuis 6 ans; la baisse est corrélée à une évolution défavorable du taux de change Euro/Dollar et l’accroissement significatif des gains de productivité (subventions) dans certains pays du Nord.
L’autre véritable problème de la filière réside dans le fait que le coton a été inscrit dans les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), étant donné que le cycle des négociations prend du temps et qu’il n’existe pas d’accords partiels.

Le Podcast Journal : Les producteurs ont été très tôt payés cette année, un engagement que la société avait du mal à respecter, comment expliquez-vous cette rapidité ?

C.T : Nous leur avons indiqué que cette année nous allons payer tôt. C’est ce rythme que nous essayons de suivre avec le concours des trois pools que nous avons. Il y a le pool des pays du Golf qui est mené par IFTC qui est un démembrement de la Banque islamique du développement (BID).
Il y a également le pool bancaire local et le troisième pool international dirigé par la HSBC depuis 11 ans et avec lequel nous venons de signer une convention.
En ce moment tout est prêt au niveau des pools bancaires. Nous n’avons pas eu de difficultés cette année comme cela a été le cas les années précédentes. Les banques étaient frileuses l’année dernière au regard de la crise, pas seulement à l’égard de Sofitex mais de tout le monde. Certains financements sont arrivés en retard et cela a entrainé des retards dans le paiement du coton.

Le Podcast Journal: En quelques mots, et à grands traits, quelles sont les difficultés que vous rencontrez pour gérer les producteurs qui sont en grande majorité des analphabètes ?

C.T : Je pense que s'il y avait l'instruction, cela pourrait nous permettre d'avoir des rendements élevés. Vous voyez, nous visons un rendement de 1,2 tonne comme moyenne nationale mais nous n'arrivons pas à atteindre ça. Nous sommes autour de 1 tonne, 1 tonne 100. Tout cela est dû à des sous dosages tant en matière d'engrais qu'en matière d'insecticides ; donc ça limite vraiment notre action sur le terrain. Aussi, le coton doit être semé à bonne date ; c'est une plante à cycle. Ce n'est pas comme le mil ou le sorgho. Le sorgho est une plante photo périodique alors que le cotonnier est une plante à cycle, le cycle est de 150 jours, 140 jours, 130 jours selon les variétés. Quand on le sème tôt, on a de très bons rendements et on évite la saison parasitaire du mois de septembre.

Le Podcast Journal: On nous a signalé un problème d'enlèvement du coton dans les champs dû à un problème de disponibilité des camions.

C.T : Il y a eu des pluies précoces cette année et le coton est sensé être égrainé pendant 150 jours. Les usines absorbent 3000 tonnes/jour et il faut diviser la production par 3000 pour avoir le nombre de jours qu'il faut pour ramasser le coton. Dès avril déjà, il a commencé à pleuvoir, nous nous apprêtions à terminer cette campagne à la mi-avril ce qui n'a pas été le cas, j'ai donné instruction pour que même le coton mouillé soit payé au classement marché et non au classement tel qu'il est. Cela veut dire que nous supportons les avaries. Mais à l'heure actuelle, tout le coton a été ramassé dans toutes les localités. Mais c'est un problème qui se pose chaque année parce que le coton déjà ce n'est pas un produit comme le ciment, 20 000 tonnes de coton, ça rempli le stade du 4 août jusqu'aux pylônes parce que ce n'est pas un produit lourd. Et vous ne pouvez pas entasser plus de 100 tonnes de coton parce qu'en cas d'incendie les assurances ne paient pas. Donc ça veut dire qu'on ne peut pas construire des magasins car en cas d'incendie personne ne va vous rembourser.
Nous avons dû construire beaucoup d'équipements. De 7 usines en 95, nous sommes à 16 usines aujourd'hui.
Mais je crois aussi que si on traîne souvent, c'est parce que les paysans ne récoltent pas assez tôt. On a dit qu'on démarrait la campagne le 15 octobre ; mais le 15 octobre on n'avait pas de coton. C'est en décembre que le coton a commencé à venir. Il faut qu'on arrive à amener les producteurs à récolter plus tôt. Je les comprends aussi. Parfois vous voulez récolter et il y a des pluies qui viennent. Le coton il peut rester là-bas jusqu'en avril avant d'être récolté parce que tant qu'il est sur pied, rien ne le détruit mais quand le maïs tombe, y a les termites qui viennent les détruire, ce qui fait que les paysans sont obligés de se retourner sur le maïs et le coton en souffre. Mais je pense que dans les années à venir, ça devrait nous poser moins de problèmes, Kourouma et Diébougou seront fonctionnels pour la campagne à venir et on est en train de construire également à Banfora. Et puis on va accroître la capacité des autres usines.

Le Podcast Journal: Les ristournes que les paysans perçoivent servent à quoi exactement ?

C.T : C'est payé en même temps que le coton. Il y a la ristourne et il y a maintenant la commission sur achats, les gens confondent parfois. C'est-à-dire que les paysans chargent nos camions et assurent également le gardiennage du coton jusqu'à ce que nous le ramassions. Nous rémunérons ces services-là par ce qu'on appelle des commissions sur achats. C'est égale à 4 250 francs je crois par tonne. Par exemple ça fait 2 milliards F CFA qu'on a dû verser pour ça, la campagne passée. C'est sur ces commissions sur achats que certains groupements villageois vont puiser pour construire des écoles et des investissements sanitaires.

Le Podcast Journal: Quelles appréciations faites-vous du soutien renouvelé des banques malgré le contexte de crise ?

C.T : Comme leurs représentants eux-mêmes l’ont dit, c’est parce qu’elles font confiance au management de la Sofitex. Nous avons une gestion transparente, il faut qu’on le sache.
Nous tenons régulièrement nos conseils d’administrations, nous sommes audités deux fois l’an par un cabinet de renommée internationale sans oublier les auditeurs indépendants, les bailleurs de fonds qui veulent intervenir et l’Etat. Ces audits sont à la disposition des partenaires financiers. Tout cela constitue un gage de confiance pour les investisseurs.

Le Podcast Journal : Les perspectives sont –elles réjouissantes ?
C.T : Les perspectives sont bonnes pour les producteurs de coton. Il y a une augmentation certaine du prix d’achat du coton aux producteurs. La fibre de coton textile se vend actuellement sur le marché international entre 830 et 850 F CFA, contre 500 F CFA, la campagne écoulée.
Les signatures de convention interviennent à un moment où la société, avec l’appui de l’Etat, est en pleine restructuration, à travers l’exécution d’un plan de mesures. Ce plan selon lui, sera bientôt renforcé par un autre plan d’affaires étalé sur cinq ans.
C’est pourquoi, il faut inciter les producteurs à produire davantage car les choses vont positivement changer.
On entrevoit, entre autres, un accroissement de la productivité; une meilleure gestion de l’exploitation afin que les producteurs puissent en tirer profit et l’introduction de la biotechnologie dans la culture du coton.
Dans le domaine du transgénique, nous allons faire 95% des superficies en coton BT en 2010 et 5% en coton conventionnel. C'est ce que nous avons prévu avec les chercheurs et avec Monsanto.
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