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Comment juguler cette crise des logements ?


Par Rédigé le 04/09/2010 (dernière modification le 03/09/2010)

Devant l’urgence d’une réponse à cette question récurrente voire préoccupante, des pistes de réflexion sont dégagées mais aussi des volontés affirmées. L’Etat du Sénégal, interpellé au premier chef, s’est mobilisé dans le cadre de programmes politiques suivi en cela par l’Assemblée nationale qui a déjà mis sur pied une commission d’enquête parlementaire pour la réduction du coût du loyer à Dakar.


Le Ministère de l'Habitat, de la Construction et de l'Hydraulique du Sénégal. Photo (C) Elhadji Babacar MBENGUE
Le Ministère de l'Habitat, de la Construction et de l'Hydraulique du Sénégal. Photo (C) Elhadji Babacar MBENGUE
Parti du constat que les Dakarois ne vivent plus décemment à cause d’un coût élevé de loyer qui grève leurs revenus et conscients des conséquences qu’une telle situation peut avoir sur le rendement des travailleurs mais aussi sur l’effort de production nationale, plusieurs acteurs publics et privés ont combiné leurs efforts en vue d’enrayer le mal. Aussi, des sociétés immobilières se réclamant promotrices de logements sociaux ont vu le jour. Hélas, le constat est que la racine du mal semble profonde car le malaise persiste.

L’heureuse initiative de l’Assemblée nationale !

Instituée fin juillet 2008, la commission d’enquête parlementaire s’est donnée pour mission à terme de faire une proposition de loi pour réduire le coût du loyer sur l’ensemble du pays, à Dakar en particulier. Présidée par Iba Der Thiam, premier vice-président de cette auguste chambre du parlement bicaméral sénégalais, la commission a rencontré la direction des impôts et domaines, du patrimoine bâti de l’Etat, l’Agence des statistiques et toutes les autres structures impliquées de l’Etat. Aussi, les avis de près d’une dizaine d’associations consuméristes ont été recueillis. De même, 19 agences immobilières ont été rencontrées. C’est dans le même esprit que l’Ordre des experts agréés et des architectes, des experts immobiliers et des syndics, des banques et institutions financières, des notaires, des ingénieurs, des entreprises du bâtiment, des juges des loyers, des chambres consulaires, des collectivités locales, des courtiers et autres rabatteurs ont été entendus. Pour rappel la mise sur pied de cette commission fait suite à un projet de loi déposé par le Député Iba Der Thiam demandant la réduction du coût du loyer de 25 à 30%.
Par ailleurs, les populations n’ont pas manqué d’exprimer leur soutien à cette initiative. Certaines victimes d’abus n’ont pas hésité à saisir directement la commission qui vient de lancer un forum dans le site de l’Assemblée nationale www.assemblee-nationale.sn.
Dans ce site, il y est mentionné "Vos avis et suggestions pour la commission d’enquête sur les loyers à Dakar en répondant aux questions suivantes" :
1-Pourquoi les loyers sont chers à Dakar ?
2-Quelles sont les mesures à prendre pour faire baisser durablement les loyers ?
L’administration de ce questionnaire permettra, à coup sûr, à la commission d’avoir une vue plus large de la question et d’apporter des réponses adaptées aux attentes des usagers.
Au cours d’une conférence de presse, le Président de la commission a révélé avoir porté à l’attention du Président de l’Assemblée nationale un cas de décision unilatérale d’une agence ayant augmenté de 30 000 f CFA sur un contrat de loyer qui dure depuis une décennie.
En attendant la publication du rapport de la commission, les populations vivent dans l’espoir d’être délivrées de ce cauchemar.

Et l’Etat dans tout cela ?

Photo (C) Elhadji Babacar MBENGUE
Photo (C) Elhadji Babacar MBENGUE
En dépit des attaques de tous bords pointant l’Etat d’un doigt accusateur, il faut reconnaître que des efforts ont été faits par celui-ci. En effet, divers projets ont été initiés par l’Etat du Sénégal avec plus ou moins de réussite. Ils précèdent de loin, en vérité, l’année 2000 qui semble être perçue comme le début de l’inflation.
C’est dans cette perspective que nous citerons la création en 1959 de l’Office des Habitations à Loyers Modérés dissoute et remplacée par la Société Nationale d’Habitats à Loyers Modérés dont les objectifs sont, entre autres :
-accompagner l’Etat dans sa politique de décentralisation et de maîtrise de la croissance démographique ;
-produire des logements et des parcelles viabilisées avec des équipements de base fonctionnels, à la portée du plus grand nombre de Sénégalais ;
-développer la promotion immobilière ;
-améliorer l’organisation du secteur de l’Habitat.
Ainsi, de l’Indépendance à nos jours, l’organisation du site d’accueil et de l’environnement du logement a été considérée par le Gouvernement comme l’une des priorités dans sa politique de promotion sociale.
D’importants projets ont été réalisés pour un total de 15 571 logements construits et 41 339 parcelles assainies aménagées dans le pays. D’autres projets sont en cours d’exécution.

Le ministère de l’Habitat, bras technique de l’Etat…

Grâce à l’appui que l’Etat apporte aux sinistrés du plan "Jaaxay", la Société nationale des HLM a mis 3000 parcelles à la disposition du gouvernement pour la construction de logements.
En vue de lutter contre la cherté de l’immobilier et du loyer, le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique, Oumar Sarr, compte booster l’offre par le démarrage de la construction de milliers de logements sociaux à partir de 2010-2011. Une telle annonce a été faite le mardi 13 avril 2010, dans le cadre de la session ordinaire du Conseil Economique et Social dont la commission Urbanisme et Aménagement du territoire présentait un rapport sur "Immobilier au Sénégal et coût du loyer".
"Nous allons démarrer la construction de milliers de logements sociaux en 2010 et 2011 ; pas seulement à Dakar, mais dans l’ensemble du pays", a annoncé le ministre d’Etat, ministre de l’Urbanisme, de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique, Oumar Sarr. Dans la matinée du mardi 13 avril 2010, son staff et lui faisaient face aux membres du Conseil Economique et Social (CES) dont la commission Urbanisme et Aménagement du territoire présentait un rapport sur "Immobilier au Sénégal et coût du loyer".
A son avis, c’est par la construction de milliers de logements, notamment sociaux, que l’on pourra diminuer les prix de l’immobilier et du loyer. Tout en soulignant l’impérieuse nécessité de booster la production de logements, le ministre d’Etat indique qu’il faudrait qu’on aille vers les villes secondaires et qu’on aménage davantage dans le reste du pays. A titre illustratif, rien qu’à Dakar, il y a un écart de 100 000 logements entre une demande grandissante et une offre insuffisante.
Parmi les mesures gouvernementales prévues pour promouvoir un immobilier à la portée du Sénégalais moyen, il y a la proposition de loi du Pr. Iba Der Thiam sur la baisse des loyers, l’instruction présidentielle pour la définition d’un fonds de garantie pour que les personnes qui n’ont pas de revenus réguliers puissent acquérir une maison, le projet "Une famille, Un toit2... Aussi, le chef du département de l’Urbanisme, de l’Habitat, de la Construction et de l’Hydraulique (MUHCH) fait-il remarquer aux conseillers économiques et sociaux que son ministère a des propositions concrètes relatives à l’habitat et l’aménagement urbain dans sa Lettre de politique sectorielle en phase de finalisation. Toutes choses qui appelleront des échanges entre le MUHCH, le CES, le Parlement, les ministères de l’Economie et du Commerce, entre autres.
Auparavant, dans le diagnostic des lieux, le rapport de la commission Urbanisme et Aménagement du territoire a pointé du doigt "une absence de politique foncière de l’Etat" et "une lourdeur de la fiscalité du logement". Et de procéder par la suite à des recommandations au nombre de vingt-et-une parmi lesquelles, on peut citer : "gel, par l’Etat, des assiettes foncières en vue d’y aménager des zones d’habitat à coût réduit et déterminer des règles précises pour l’acquisition de ces terres ; mise à disposition, par l’Etat, de terrains aux sociétés nationales concessionnaires et aux promoteurs privés pour permettre une réduction des coûts ; poursuite par la SN-HLM de sa mission, à savoir : la construction de logements sociaux en lieu et place ou concomitament avec la livraison de terrains aménagés ; mettre en place des mesures d’accompagnement pour la production de logements sociaux ; impulser une industrie du bâtiment pour alléger les coûts des matériaux de construction ; supprimer la double taxation du logement qui est à la fois assujetti à la TVA (18%) sur les travaux et le droit d’enregistrement (5 à 15%) sur les ventes. Ce qui est contraire au code général des impôts. Il convient de fusionner les deux en adoptant une TVA immobilière, ou de supprimer le droit d’enregistrement, à l’image de tous les pays qui ont développé leur secteur de l’immobilier (Tunisie, Maroc, voire même le Mali)...".

La question de la cherté du loyer est en passe de connaître une réponse appropriée si la tendance est maintenue par les différents acteurs. Les efforts louables faits autant par l’Etat que par l’Assemblée témoignent, à n’en pas douter, d’une réelle volonté de soulager les populations victimes de la flambée des prix des loyers dans la capitale sénégalaise. Les avancées réalisées dans le cadre de la mise à disposition de logements sociaux constituent des motifs de satisfaction pour les populations laissées pour compte. Aussi, la redéfinition d’une nouvelle politique du logement adaptée à l’évolution démographique s’avère nécessaire pour éviter à une mégalopole comme Dakar de connaître cette forme de crise dans le logement. A coup sûr, celle-ci prendrait en compte la réorganisation du secteur de l’immobilier à travers les agences mais aussi les courtiers, bref, tout ce monde qui grouille autour de la location. Car, en définitive, le seul but qui vaille est de mettre le citoyen à l’abri de la rançon, de la corruption et de personnes sans scrupules qui parasitent le système.
De même, cette grande mobilisation, autour de la question, ne devrait pas occulter le débat sur le nécessaire desengorgement de Dakar. En réalité, cette ville n’a plus assez d’espace pour accueillir tout le monde. Faudrait-il penser à donner vie aux autres régions proches de la capitale pour leur faire jouer le rôle similaire voire complémentaire de celui de Dakar ? Dans cet ordre d’esprit, le développement des voies de communication serait nécessaire pour faciliter le transport à des coûts sociaux acceptables.
Au total, la clé du succès semble être trouvée par les institutions étatiques, en premier. Toutefois, il reste à en faire bon usage pour que ce casse-tête ne soit plus qu’un mauvais souvenir.
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