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La chronique culturelle de Colette: Musique, exposition, enchères...


Par Rédigé le 05/05/2016 (dernière modification le 05/05/2016)

Ces derniers jours, on a pu suivre les rebondissements auxquels a donné lieu l'entrée dans le domaine public du "Boléro" de Ravel. Les visiteurs du Musée de la chasse et de la nature peuvent en savoir davantage sur le prince Albert Ier de Monaco. Quant aux amateurs de l’œuvre de Marcel Proust, à défaut de pouvoir se procurer certains documents mis aux enchères, ils pourront aller les apprécier.


A propos du Boléro de Maurice Ravel

chronique_culturelle_050516.mp3 Chronique culturelle 050516.mp3  (188.2 Ko)

C'est l'une des œuvres musicales les plus jouées au monde, et selon le musicologue Marcel Marnat, il dure environ 16 minutes et il paraît qu’il y en a un qui commence toutes les 15 minutes. Il ajoute "Ce qui fait que nous baignons, sur la planète, dans un Boléro perpétuel". Cette œuvre est tombée dimanche 1er mai 2016 dans le domaine public. Soit 88 ans après sa première interprétation à l'Opéra de Paris, Palais Garnier. L’œuvre y fut en effet créée le 22 novembre 1928. C'était une musique de ballet commandée par la danseuse russe Ida Rubinstein, amie et mécène de Ravel. Elle voulait organiser une soirée espagnole et le compositeur lui proposa d'orchestrer quelques pièces pour piano d'Iberia d’Isaac Albéniz. Mais un ami lui fit savoir que les droits d’Albéniz appartenaient au grand chef espagnol Enrique Fernández Arbós. Ravel décide alors de créer une œuvre expérimentale. Il se raconte qu'à la création, une dame a crié "Au fou!". Ravel aurait répondu "Celle-là au moins, elle a compris!"… Il est cependant certain que Ravel disait "Je n'ai écrit qu'un seul chef-d'œuvre, le Boléro, malheureusement il ne contient pas de musique".

On pouvait donc croire que depuis dimanche 1er mai 2016 c'en était fait, le "Boléro" était tombé dans le domaine public… Puis le 3 mai, un quotidien français du matin nous apprenait que des héritiers du compositeur disparu le 28 décembre 1937 à 62 ans, ne l'entendaient pas ainsi. Ceux-ci souhaitaient faire reconnaître la partition de Ravel comme une œuvre collaborative, et ainsi ajouter un coauteur à l'ouvrage. Les héritiers auraient par ailleurs reçu l'appui des "mystérieux héritiers de Ravel", il s'agit notamment de ceux du décorateur Alexandre Nikolaïevitch Benois.

Mais la Sacem, Société des auteurs, compositeurs et éditeurs de musique, ce même jour a rejeté catégoriquement cet ajout d'un auteur, confirmant que l'utilisation du "Boléro" de Ravel était désormais libre de droits. Quant à Laurent Petitgirard, compositeur et président de la Sacem, il a déclaré à l'AFP "Nous n'avons aucun élément direct probant d'une collaboration entre monsieur Ravel et monsieur Benois, ni d'un quelconque contrat, ni d'un quelconque écrit entre les deux hommes". Il en a profité pour rappeler que "les droits annuels du "Boléro" de Ravel se comptent en dizaines de milliers d'euros et non en centaines de milliers d'euros. Les 400 à 500 millions avancés le sont si on les apprécient en francs mais certainement pas en euros"… On peut d'ores et déjà imaginer que l'affaire n'est pas terminée!



Un prince à la chasse

Sous ce titre, le Musée de la chasse et de la nature, sis Hôtel de Guénégaud et Hôtel de Mongelas dans le quartier parisien du Marais, consacre une exposition au prince Albert Ier de Monaco, "prince savant", "prince navigateur". Placée sous le haut patronage de son arrière-arrière-petit-fils S.A.S. Albert II, qui assistait au vernissage le 30 mars 2016, elle est présentée en partenariat avec le Palais princier, les Musées océanographique et d’anthropologie préhistorique, les Archives audiovisuelles de la Principauté de Monaco et la ville d’Issoire. Albert Ier fut un chasseur éclectique puisqu'il affronte aussi bien l'isard dans les Pyrénées que les cétacés dans les mers arctiques ou au large de l'archipel des Açores.

Claude d’Anthenaise, conservateur en chef du musée et un des commissaires de l'exposition, avec Anne Beauchef-de Bussac, précise "Il chassait beaucoup les baleines à partir de ses yachts qu’il avait fait équiper pour pouvoir disséquer ces animaux". Et de poursuivre "le prince Albert Ier était quelqu'un qui avait une grosse curiosité intellectuelle. Il avait un statut de chef d’État et un peu d'argent. Il avait une véritable curiosité naturaliste et la passion de la mer. Il va mêler tout cela en faisant des expéditions océanographiques et cartographiques". Et lors de ces expéditions, il s'entourera de scientifiques divers, on peut en voir les résultats au Musée océanographique de Monaco qu'il avait fondé en 1889 et qui fut inauguré le 25 mars 1910.

Et si l'on en croit le conservateur Claude d’Anthenaise, "Il a une réaction assez démocratique avec les personnes qui l'accompagnent. Il les considère un peu comme des pairs qui viennent travailler avec lui. C'est avant tout un homme de sciences". C'est ainsi que fut découverte l'anaphylaxie, l'actuelle allergie. Grâce au physiologiste Charles Robert Richet et au professeur Paul Portier embarqués à bord du yacht Princesse Alice II, lors d'une expédition au Cap-Vert et aux Açores, ce qui valut au premier le prix Nobel de physiologie ou médecine de 1913.

Ces diverses expéditions n'auraient certainement pas eu le retentissement qu'elles ont connu sans la rencontre avec le peintre Louis Tinayre. Il était né à Neuilly-sur-Seine le 14 mars 1861 et avait étudié à l'école des Beaux-arts de Budapest en 1877, où vivait sa famille impliquée dans les événements de la Commune de 1871 en France. Revenu dans son pays en 1879, il se consacre à l'illustration. Envoyé spécial du Monde illustré à Madagascar en 1895, il tire de cette expédition militaire force dessins, photos et dioramas. Ce travail fut remarqué par Albert 1er de Monaco lors de l'Exposition universelle de 1900 où lui-même exposait ses trophées de chasse.

Il emmène alors l'artiste sur son yacht laboratoire et en fait à partir de 1904, le peintre officiel de ses campagnes océanographiques et aussi cynégétiques. Louis Tinayre s'acquittera avec précision de sa tâche, il prend des photos d’Albert Ier agissant sur terre comme sur mer, puis reproduit ces scènes sur la toile. L’exposition réunit une sélection de dessins, peintures qui lui sont dues mais aussi des documents inédits et des correspondances. Ce grand chasseur que fut Albert Ier vécut sa passion en Russie à l’invitation du Tsar, au Wyoming où il rencontra Buffalo Bill, aussi bien qu'au pôle Nord qu’il cartographie. Un petit film nous le présente sur le pont d'un navire lors de la capture d'un cachalot au large de San Miguel aux Açores et il n'est pas le moins actif, toujours vêtu d'un costume impeccable.

Marcel Proust chez Sotheby’s

C'est ce qui se produira à Paris le 31 mai 2016 quand sera mis aux enchères un ensemble de documents relatifs à l'illustre écrivain décédé le 18 novembre 1922 à 51 ans. Il s'agit de plus de 120 pièces, deux des trois lettres connues adressées à son père, manuscrits parfois inédits, dessins et portraits divers, de Marcel Proust lui-même ou de ses amis, tels Lucien Daudet, Reynaldo Hahn ou Robert de Flers.

C'est Patricia Mante-Proust, arrière-petite-nièce de l'écrivain qui les met en vente et ils sont estimées entre 520.000 et 740.000€. Ces documents avaient été légués à la mort de Marcel Proust à son frère cadet Robert. Adrienne dite Suzy, sa fille unique en a hérité, puis les a légués à son tour à son fils aîné, Patrice, père de Patricia Mante-Proust. Parmi ces pièces on note l’un des portraits les plus célèbres de Marcel Proust alors âgé d’environ 17 ans. Avec au recto, une dédicace de Lucien Daudet, le fils d'Alphonse et au verso, une annotation manuscrite en latin. La photo est estimée entre 4.000 et 6.000€. Sur une autre, prise en 1896 par le photographe suédois Otto Wegener, l’écrivain est en compagnie de Lucien Daudet et de Robert de Flers, elle est estimée entre 5.000 et 8.000€. Les manuscrits proposés ne sont pas en reste, un texte inédit rendant hommage au peintre aquarelliste Madeleine Lemaire, estimé entre 10.000 et 15.000€. Un dessin de Marcel Proust représentant la cathédrale d’Amiens, réalisé entre 1901 et 1904, est estimé entre 10.000 et 15.000€.

Par ailleurs, une édition originale de "Du côté de chez Swann" est estimée entre 20.000 et 30.000€ et un jeu d’épreuves encore inconnu de "A l’ombre des jeunes filles en fleurs", estimé entre 20.000 et 25.000€. Cette œuvre aurait dû paraître en 1914, la guerre en décida autrement. Et comme on le voit sur ce manuscrit, Marcel Proust corrigea son texte qui devait recevoir le prix Goncourt en 1919. La lettre que l’Académie Goncourt adressa à Marcel Proust à cette occasion en décembre 1919 est estimée entre 6.000 et 8.000€. En 2012, le monde des lettres célébrait les 90 ans de la disparition de l'écrivain et les 100 ans de la parution de "Du côté de chez Swann", premier volume de "A la recherche du temps perdu". Patricia Mante-Proust rédigeait alors la préface de l'ouvrage "L'arche et la colombe" écrit en hommage à son illustre grand-oncle par Mireille Naturel chez Michel Lafon.








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