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Agriculture - Des mesures gouvernementales pour sauver la filière cotonnière


Par Rédigé le 07/08/2010 (dernière modification le 07/08/2010)

La filière coton connaît depuis quelques années des difficultés liées notamment à la volatilité des cours du coton, au fléchissement de la production, à la baisse de la rentabilité ainsi qu’à la détérioration de la situation des sociétés cotonnières.
Cette situation précaire de la filière a été aggravée avec la crise financière qui s’est traduite notamment par un ralentissement de la demande mondiale de coton. L’ampleur de cette crise a exigé l’adoption de mesures d’urgence par le Gouvernement, tels que l'appui financier, la production de coton transgénique, la transformation du phosphate naturel qui pourrait remplacer l’engrais chimique.


Laurent Sédego, ministre de l'Agriculture (c) SAMA
Laurent Sédego, ministre de l'Agriculture (c) SAMA
La filière coton connaît depuis quelques années des difficultés liées notamment à la volatilité des cours du coton, au fléchissement de la production, à la baisse de la rentabilité ainsi qu’à la détérioration de la situation des sociétés cotonnières.
Cette situation précaire de la filière a été aggravée avec la crise financière qui s’est traduite notamment par un ralentissement de la demande mondiale de coton. L’ampleur de cette crise a exigé l’adoption de mesures d’urgence par le Gouvernement.

Concernant donc ce secteur qui demeure encore un produit stratégique de par sa contribution de plus de 20% à la valeur ajoutée globale et de plus de 60% aux recettes d’exportation, le Gouvernement a pris d’importantes mesures.
Au nombre de ces mesures, il convient de souligner, l’annonce, par les acteurs de la filière, du prix d’achat au producteur fixé par le mécanisme de détermination du prix d’achat à 160 FCFA/Kg pour la campagne 2009/2010 ; la subvention par l’Etat, du prix de vente des engrais aux producteurs de façon à le ramener au même niveau que celui de la campagne précédente ; la prise en charge par l’Etat de la totalité des impayés internes du groupement des producteurs.
Dans le budget 2010 du Burkina, on note, pour le renforcement de la restructuration du secteur coton, une inscription de 4,4 milliards F CFA pour la poursuite de la recapitalisation de la Sofitex et une autre somme de 3 milliards F CFA pour l’acquisition des intrants.

Le Premier ministre, Tertius Zongo lors de son discours de la situation de la Nation, le 26 mars 2010 affirmait qu’"Au-delà de la hausse du prix d’achat du coton graine au kilogramme, passant de 160 FCFA en 2008/2009 à 165 FCFA en 2009/2010 pour assurer la sauvegarde du revenu des producteurs, nous avons consenti une subvention exceptionnelle de 7 120 milliards de FCFA à la Sofitex, principalement affectée aux intrants, supporté à titre d’avance, l’échéance du dernier semestre 2009 du crédit campagne à hauteur de 8 milliards de FCFA et pris en charge entièrement la dette interne des producteurs du fait des mauvaises campagnes 2006/2007 et 2007/2008 pour un montant de 4,36 milliards de FCFA".
"Par ailleurs, le Gouvernement a décidé de l’élaboration d’un plan d’actions triennal de restructuration dans le cadre des mesures d’ensemble pour améliorer la gouvernance de la filière".

Pour ce qui est des mesures structurelles, "l’Etat entend engager des réformes profondes tant sur la filière coton que sur la Sofitex en définissant sa vision sur l’avenir du secteur", affirme Laurent Sédégo, ministre de l’Agriculture.

A cet effet, un Comité technique de haut niveau composé de représentants du ministère de l’Economie et des Finances, du ministère de l’Agriculture, de l’Hydraulique et des Ressources halieutiques et du ministère du Commerce, de la Promotion de l’Entreprise et de l’Artisanat sera mis en place pour proposer des orientations et un plan d’actions. Les propositions du Comité technique porteront notamment sur la définition d’une politique appropriée sur les intrants, la mise en place d’une assurance risque climatique pour régler de manière durable la question des impayés dû à des chocs climatiques, l’amélioration de la productivité, la diversification dans la filière, la consolidation du fonds de lissage ainsi que la restructuration des sociétés cotonnières, notamment la Sofitex.

Demain le transgénique

Tertius Zongo, Premier ministre (c) SAMA
Tertius Zongo, Premier ministre (c) SAMA
Le Burkina Faso a l’ambition d’étendre sa production de coton transgénique.
La culture du coton bt (coton génétiquement modifié scientifiquement appellé Bacillus thuringinsis) se généralisera en 2010. Plus de 400 000 ha sont prévus pour être emblavés. Ainsi, le pays entrera à la fin de la campagne 2010-2011 dans le club des pays producteurs de coton bt, après plusieurs années d’expérimentation.
Le Burkina se classe en 11e position dans le rapport mondial 2009 sur les cultures OGM loin derrière, les Etats-Unis, le Brésil, l’Inde, le Canada ou la Chine.
Avec 115 000 hectares emblavés en 2009, soit un quart des superficies consacrées au coton, le Burkina fera en 2010 son entrée probable dans le top 10 des pays producteurs de cultures OGM avec le coton bt. 2010 verra effectivement la culture à grande échelle du coton génétiquement modifié sur environ 475 000 ha. Le gain attendu est de 100 millions de dollars. Les perspectives donnent un rendement de plus de 30% de la production associée à la réduction de 50% des traitements en insecticide.

Le Burkina a été le premier pays ouest africain à avoir lancé en juin 2003 des essais de culture de coton transgénique, après son introduction en Egypte et en Afrique du sud.
Selon les Autorités burkinabés, les essais "sont concluants", et ont prouvé des hausses de 30 à 40% de rendement à l'hectare, ainsi que des économies substantielles d'engrais et d'insecticides (les pesticides coûtent entre 20 et 30 milliards de FCFA par an), permettant d'économiser 38 500 F CFA par hectare.

Une cellule de veille OGM pour monter la garde

La Coalition de veille anti-OGM au Burkina Faso (CV/OGM/BF) née depuis fin 2004, regroupant des associations de la société civile et des scientifiques, s’inquiète de la possibilité d'une mainmise totale des firmes internationales sur la filière coton de la sous région. Elle voit à travers la culture transgénique, plutôt "une volonté d'accroître les profits et le contrôle, par les multinationales, de cette production''.

''Aucune structure, à ce jour, n'a été mise en place pour assurer l'application des textes de réglementation'', explique Jean-Didier Zongo, également président de la Coalition.
Quand les promoteurs du coton Bt affirment qu'il présente au moins trois avantages: utilisation réduite des pesticides, augmentation de 30% des rendements à l'hectare, hausse des revenus des agriculteurs ; le généticien Jean Didier Zongo rejette l'argument d'une importante hausse des rendements, "obtenus en stations, mais qui donneront autre chose chez les paysans".

Depuis juillet 2008, l’Institut national de la recherche agricole du Burkina (Inera) et Monsanto ont signé un accord commercial qui organise l’importation de semences destinées à être reproduites en champ.
Le Burkina a importé de quoi ensemencer 15 000 hectares avec du coton Bt. L’Inera espère produire des semences pour ensemencer 400 000 hectares en 2009.
Pour Gnissa Konate, directeur de l’Inera, "l’Etat est copropriétaire, avec Monsanto, des variétés génétiquement modifiées. Nous discutons d’égal à égal. Le prix de la semence et la répartition de la valeur ajoutée entre nous et eux seront fixés d’un commun accord".

Les phosphates au secours de la filière cotonnière ?

Dans les perspectives de restructuration de la filière recommandée par les institutions de Bretton Woods, la production d’engrais réduirait considérablement l’importation qui se chiffre à environ 6 milliards F CFA par an et provient essentiellement de l’Ukraine.
L’Union nationale des producteurs de coton (UNPC-B) et l’Association des sociétés cotonnières (APROCOP) avaient depuis 2008 suggéré à l’Etat de mettre l’accent sur la transformation du phosphate naturel qui pourrait remplacer l'engrais chimique, essentiellement engrais composés (NPK) et engrais azoté (urée) pour les cotonculteurs.
Devant la flambée des prix des engrais, cette option est de plus en plus envisagée par le Gouvernement.

La piste la plus prometteuse est le gisement de phosphate de Kodjari découvert dans les années 80, et dont le potentiel est évalué à 65 millions de tonnes.
Le gisement de Kodjari dans la province de Tapoa contient 65 millions de tonnes de réserves avec une teneur moyenne de 26 % de pentoxide phosphoreux (P2O5).
La compagnie canadienne Afcan Mining est détentrice d’un permis de recherche sur ce gisement en vue d’opérationnaliser son projet de production d'engrais.
Outre Kodjari, deux autres gisements de phosphate ont été répertoriés à Arli (4 millions de tonnes estimées) et Arloubdjouna, tous à l’Est.
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