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Une pionnière tunisienne  15/04/2020

Le 27 mars dernier, la BCT, Banque centrale de Tunisie, mettait en circulation un nouveau billet de 10 dinars, soit quelque 3€, avec pour la première fois dans ce pays le portrait d'une femme. En l’occurrence celui de Tawhida Ben Cheikh, la première femme musulmane du Maghreb à avoir exercé la médecine. Un timbre à son effigie avait été émis en 2012 par la Poste tunisienne.
Abdelaziz Ben Said, responsable éminent de la BCT, a précisé "La docteure Tawhida Ben Cheikh a été choisie il y a un an pour lui rendre hommage et aussi pour rendre hommage à la femme tunisienne, particulièrement dans le secteur scientifique". Cette mise en circulation est également l’occasion de "saluer les médecins et tout le corps médical en Tunisie", lequel est actuellement en première ligne dans la lutte contre le Covid-19.
Née le 2 janvier 1909 à Tunis dans une famille aisée, Tawhida Ben Cheikh étudie au lycée Armand-Fallières de Tunis. Elle a été la première Tunisienne à avoir obtenu le baccalauréat en 1929 et elle est envoyée en cachette par sa mère à Paris pour étudier la médecine. Sa fille, l’historienne et archéologue Zeïneb Benzina Ben Abdallah , raconte au Monde "Personne dans la famille, côté paternel, n’était d’accord pour envoyer ma mère seule à Paris. Alors ma grand-mère, pendant que le conseil familial se concertait, a fait prendre à Tawhida une calèche pour qu’elle file depuis Hammam Lif jusqu’au port de La Goulette, où le bateau allait partir".
En 1936, diplômée de pédiatrie, elle revient dans son pays natal et ouvre un cabinet près de la médina de Tunis. Puis, elle se spécialise en gynécologie. Elle était "le médecin des pauvres" car elle exerçait dans un quartier très populaire et avait des patientes aux conditions de vie difficiles.
De 1955 à 1964, elle dirige la maternité de l'hôpital Charles-Nicolle puis, jusqu'à sa retraite en 1977, celui de l'hôpital Aziza Othmana, qui sont les deux principaux établissements de santé publique à Tunis.
Elle s’est battue pour les orphelins ou les personnes ayant perdu leur maison pendant les bombardements de la Seconde Guerre.Tawhida Ben Cheikh a aussi défendu l’accès aux soins des plus défavorisés et le droit à l’avortement, qui fut légalisé en 1973. Elle contribue à l’organisation du Planning familial, et en devient la directrice en 1970.
Elle a été vice-présidente du Croissant-Rouge tunisien, elle est également membre de l'Union musulmane des femmes de Tunisie, UMFT, fondée par Bchira Ben Mrad. militante féministe tunisienne, en mai 1936. En 1937, elle avait dirigé la revue féminine Leïla.
Tawhida Ben Cheikh est décédée le 6 décembre 2010 à l’âge de 101 ans. Elle a été un modèle pour toute une génération de femmes désireuses de faire carrière dans le domaine de la santé. Et plus généralement pour la femme tunisienne.






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