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Virginia Woolf : vers la révolution littéraire et sociale


Par Fanny Jacob Rédigé le 15/05/2020 (dernière modification le 06/05/2020)

En ce temps de pandémie, lire et s'instruire n'a jamais été aussi important. Virginia Woolf, une femme dépeinte comme élégante et farouche, a marqué incontestablement la littérature contemporaine du XX ème siècle. Découvrons cette femme révolutionnaire au travers de son oeuvre.


Virginia Woolf et ses deux soeurs © Flickr
Virginia Woolf et ses deux soeurs © Flickr
“Mrs. Woolf, disait solennellement le romancier George Moore à la jeune Virginia, croyez-moi, vous ne parviendrez jamais à écrire un bon roman dépourvu de sujet” et "c’est contre cette tyrannie du sujet romanesque que Virginia Woolf s’est rebellée dès ses premiers livres" écrivait Marguerite Yourcenar en 1937 dans la préface de "Les Vagues". Virginia Woolf (1882-1941) est connue pour avoir marqué la société littéraire de Londres et pour être une figure emblématique en tant que femme de lettre et auteure engagée de la littérature contemporaine. Elle a fait partie du Bloomsbury Group, un groupe de littéraires, universitaires et philosophes (connu pour avoir réalisé le canular du dreadnought). Woolf a elle-même grandi dans une famille aisée et ouverte sur l’art. Elle a pu jouir d’un accès à une grande bibliothèque et d’une éducation. Elle découvre dans son foyer et grâce à ses parents les classiques de la littérature anglaise. Son père était écrivain et éditeur et sa mère était modèle d’art.

Elle a toujours été dépeinte comme une femme ayant une extraordinaire sensibilité, un regard songeur et un air perdu. Elle a dès le plus jeune âge un attrait pour la littérature et la philosophie mais vient y poser un nouveau regard, plus original pour les codes classiques de l’époque. Elle disait souvent d’elle-même qu’elle laissait ses pensées l’emporter sur elle. Elle donnait donc plus d'importance aux émotions qu'aux codes d'écriture dans ses textes. Avec des membres de sa famille partis en asile et avec la mort de ses deux parents, Virginia, en plus de son hypersensibilité accrue, a commencé à remarquer des troubles psychiatriques en elle.

On observe dans son écriture un flux de conscience, terme utilisé par les experts concernant son oeuvre, des paroles quelques fois s’émanent de son inconscient dans une chronologie narrative totalement disloquée. Woolf est un mystère. Elle meurt en 1941, elle commence à entendre des voix et elle pense devenir folle. Son équilibre mental bascule et elle fini par se noyer dans l’eau froide de l’Ourse dans le Sussex. Elle avait notifier sa peur de devenir folle à son mari avant son suicide.

Son œuvre, sa révolution.

Portrait de Virginia Woolf © Wikipedia
Portrait de Virginia Woolf © Wikipedia
Virginia Woolf a eu un destin tragique et comme pour beaucoup d’artistes, sa folie a peut-être joué sur son talent, ou peut-être est-ce l’inverse ? Elle a joué un grand rôle dans la littérature mais aussi dans la société londonienne. Elle est notamment connue pour ses engagements pour les droits des femmes et dans la cause qu’aujourd’hui on appelle LGBT. Outre le fait qu’elle soit une femme vue comme hors du commun à l’époque, elle a écrit et rechercher sur beaucoup de sujets qui au IXX et XX siècles étaient polémiques et elle a transgressé les codes de la littérature avec son style très sensitif et sa vision intuitive.

Elle écrit professionnellement dès 1905 dans le Times et ses premiers écrits, romans et nouvelles, rencontrent déjà un grand succès auprès du public mais aussi auprès de la critique. Elle monte d’ailleurs sa propre maison d’édition avec son mari Léonard Woolf où elle publie la plupart de ses textes, The Hogarth Press (1917). Elle expérimente grandement dans ses écrits, délaissant les codes de l’époque à savoir l’intrigue principale, les actions A qui mènent au dénouement B. Au détriment de la progression dramatique classique, Woolf va plus s’intéresser aux traits des personnages, leur psychologie et leurs émotions. Une façon d’écrire et de voir qui explique l’entremêlement permanent des narrations et des concepts. Elle met en avant dans son écriture les états d’âme, les pensées et résonnements contradictoires et les met en confrontation dans un ballet de mots, quelque fois sans liens logiques. À la manière d’une toile d’araignée. Selon E. M. Forster, elle a poussé la langue anglaise « un peu plus contre les ténèbres ».

Elle publie son premier roman, "The Voyage Out", en 1915. Elle le publie grâce à son demi-frère Gerald Duckworth. Ce premier roman est une satire sociale qui se moque allègrement du mode de vie édouardien (durant le règne d’Edouard VII, période qui succède l’époque victorienne et qui s’étend jusqu’au naufrage du Titanic en 1912). Mais c’est aussi un questionnement, tout autant personnel, sur le passage de l’adolescence à la vie adulte pour une jeune femme. Le romancier E.M Forster a qualifié son livre d’"étrange, tragique et inspiré, […] un roman qui n’a peur de rien". Le style de Woolf se dévoile enfin, prenant une direction à la fois sombre, ironique et sensible.

Elle écrit par la suite "Night and Day" en 1919, un roman qui met en scène quatre personnages différents cette fois dans une écriture proportionnée : dialogues, actions et introspections à parts égales. Le livre traite de façon sensible la question du suffrage des femmes, la question du mariage (faut-il se marier pour être heureux ? Doit-on aimer pour se marier?). Ce roman marque l’attrait de Woolf pour Shakespeare auquel elle fait beaucoup de références, mais aussi son attrait pour la nature, les ciels étoilés et pour l’eau (la Tamise en l’occurrence).

Elle publie "Jacob’s Room", "Mrs Dalloway" et "To the Lighthouse" entre 1922 et 1927 pour ensuite écrire un des livres qui l’a le plus marqué, "The Waves", soit "Les Vagues", en 1931. Un roman constitué de multitudes de dialogues intérieurs qui aborde le thème principal du changement et de la fatalité. Elle y explore les relativités du "moi" et de l’individu dans la communauté. Woolf décrit ce projet comme un de ses plus ambitieux, différent des autres œuvres écrites jusqu’ici. Elle a griffonné, réécrit, raccourci, débrayé avant d’arriver à ce qu’elle voulait tant ce livre a été compliqué à écrire. "Je pense que ça valait la peine de lutter" avait-elle dit concernant la finition tumultueuse de ce roman. C’est un roman expérimental qui concise en des monologues parlés par six narrateurs. Un bon exemple de ce fameux flux de conscience qui caractérise Virginia Woolf.

Elle publie d’autres œuvres, textes et recueils, mais elle mène aussi des études sur les thèmes du féminisme et de l’orientation sexuelle. Elle était elle-même bisexuelle et a d’ailleurs eu une relation avec une femme durant son mariage avec Léonard Woolf. Une relation qui lui a permise de s’ouvrir à d’autres possibilités. Woolf étudiait aussi les thèmes des syndromes commotionnels et post-traumatiques, les thèmes de la guerre ou encore des classes sociales dans la société britannique.

Virginia Woolf a fait de la littérature une révolution. Tant part ses prises de positions et ses questionnements que part sa remise en question de la façon d’écrire au XX ème siècle. De nombreuses biographies ont été écrites sur cette femme de lettre au travers du temps par Quentin Bell en 1972 pour la plus ancienne et par Frédéric Regard en 2002 pour la plus récente.
64209__online_audio_converter_com_.mp3 Virginia Woolf : vers la révolution littéraire et sociale  (2.43 Mo)









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