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Assainissement à Madagascar


Par Rédigé le 26/10/2015 (dernière modification le 23/10/2015)

Engagé depuis 2010 dans un combat sans relâche contre la défécation à l'air libre avec le soutien du Fonds mondial pour l’assainissement (GSF), Madagascar est devenu en quelques années, un cas école. Avec des résultats qui font tache d'huile grâce à l’approche Community Led Total Sanitation (CLTS), c'est le pays tout entier avec au sommet son président Hery Rajaonarimampianina qui s'engage désormais pour se débarrasser de ce problème d’ici 2019.


L'expérience d'un combat efficace contre la défécation à l'air libre

Avec dame Aimée et ses enfants, fière de sa latrine réalisée dans le cadre du programme GSF. Photo (c) A.T.
Avec dame Aimée et ses enfants, fière de sa latrine réalisée dans le cadre du programme GSF. Photo (c) A.T.
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Nous sommes à Vakinankaratra, une région située au sud de Madagascar. Après plusieurs kilomètres de route sablonneuse, on découvre le village Ampangabe-sud. En empruntant le sentier qui nous mène vers ce village, c’est une "odeur de merde" qui nous accueille et nous assaille. Un peu partout autour des habitations, on retrouve çà et là, de nombreux tas de matières fécales. Aussitôt, une fois à l’intérieur du village, surpris de notre visite, les habitants quittent peu à peu leurs maisons construites en terre de barre pour nous rejoindre.


Avec l'engagement des communautés, l'approche CLTS donne des résultats importants. Photo (c) A.T.
Avec l'engagement des communautés, l'approche CLTS donne des résultats importants. Photo (c) A.T.
En effet, dans ce village aux 20 habitations, 3 à 7 familles y vivent. On retrouve en dehors de nombreux enfants, des femmes ayant au dos des enfants. Les quelques rares hommes que nous rencontrons sont d’un âge avancé. Difficile de trouver des jeunes bras valides qui ont abandonné le village à la recherche d’emploi. Car, dans ce petit village où les infrastructures sont rares ou inexistantes, aucune activité économique ne s’y mène. La principale activité reste l’agriculture. Et en cette période de l’année, les trois repas par jour sont bien un rêve. Le seul repas de la journée est constitué de patate douce. Tout le village consomme de l’eau de pluie et seulement 2 latrines existent. Fréquemment, les communautés tombent malades de diarrhée, vomissements, ou toux… Pour ces populations, il n’y a pas d’argent pour construire les latrines. Et pour l’heure, on pratique la défécation à l’air libre reconnait tout le monde surtout les enfants.

Un dispositf de lave-mains réalisé localement dans un ménage, fruit d'une sensibilisation réussie. Photo (c) A.T.
Un dispositf de lave-mains réalisé localement dans un ménage, fruit d'une sensibilisation réussie. Photo (c) A.T.
Plus loin, après plusieurs kilomètres de route, nous voici dans un autre Fokontany appelé Andoufarihy. Ici, au seuil du village comprenant 39 maisons, la propreté est assez remarquable. La cour et les alentours des maisons sont propres. Les enfants aussi qui viennent à notre rencontre le sont autant. Plus question de demander aux communautés si elles pratiquent la défécation à l’air libre. Les latrines sont bien visibles à proximité des habitations. Également, dans la cour de chaque maison, on découvre des dispositifs de lave-mains de fabrication locale: des bidons percés contenant de l’eau.
"Auparavant, il y avait très peu de latrines, aujourd’hui nous avons 28 latrines, toutes couvertes", raconte Zilyarimanana Razananirina, membre du comité d’hygiène et d’assainissement du village. "On n’avait pas aussi de lavoirs, mais chaque habitation a son lavoir actuellement", ajoute-elle. "Dans ce village, nous avons fini avec la pratique de la défécation à l’air libre et il n’y a plus de merde partout dans le village", nous rapporte-t-elle avec beaucoup de sourire.

Ce changement de leur village en matière de défécation à l’air libre, elle soutient qu’elles le doivent à l’ONG Miarintsoa avec l’appui de la commune qui est venue leur "ouvrir les yeux" sur cette pratique. "Cette fois-ci, nous avons été emballés contrairement aux autres fois où la sensibilisation n’a pas marché", souligne-t-elle. "Nous avons même pris des briques destinées à la construction de nos maisons pour les latrines et aujourd’hui, nous sommes fiers de cela".

"C’est une nouvelle approche qui a fait ses preuves", renchérit le chef du village de Fokontany dans la commune de Morarano, Norbert Rakotomalola. "Nous savions ce que c’est que la propreté mais ce n’était pas très clair. Mais quand nous sommes venus avec l’ONG Miarintsoa, il y a eu la mise en place du comité qui a beaucoup travaillé pour avoir les résultats que nous avons", et d’ajouter "Cette fois-ci, nous avons été convaincu et le message est passé partout".
Pour le technicien local, Rasamimanana, inventeur du modèle local de latrine, les avantages de cette approche sont nombreux et les coûts de réalisation sont faibles. Car, il suffit seulement de 75.000 Ariary soit environ 25 dollars en moyenne pour se faire sa propre latrine avec les matériaux définitifs locaux et cela en une semaine. Avec ce modèle de latrine, réagit-il, "la senteur a disparu dans le village. Il n’y a plus d’odeur dans les toilettes. On peut même passer 1 heure dans la toilette. Ce qui n’était pas possible avec les anciennes latrines".

Dans ce village dont les habitants ont été tous "déclenchés", le message fort selon eux a été de leur dire qu’ils consomment leur propre merde. Inadmissible et inacceptable aux yeux de ces communautés qui ont alors décidé contrairement aux habitants du premier village, d’abandonner la pratique de la défécation à l’air libre. Les acquis de l’adoption d’une telle approche par le village sont visibles et nombreux. "Depuis que nous nous sommes engagés dans ce processus, l’air est pur dans notre village et nous ne notons plus de maux de ventre chez nos enfants régulièrement comme auparavant", témoigne dame Aimée âgée de 45 ans. Et de poursuivre, "même si le cyclone venait à tout détruire au cours de son passage, nous allons en reconstruire".









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