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Brexit: Une lettre d’amour… et de haine


Par Rédigé le 21/12/2018 (dernière modification le 21/12/2018)

Comment un billet d'humeur et d'humour s'est presque transformé en expérience de psychologie sociale...


Illustration. Image du domaine public.
Illustration. Image du domaine public.
brexit_4.mp3 Brexit.mp3  (4.63 Mo)

Suite au sommet européen du 25 novembre 2018, j’avais écrit, sous forme de clin d’œil, une lettre d’amour au Royaume-Uni, accessible ici.

En l’écrivant, je n’avais évidemment pas pour illusion mythomaniaque de faire cesser le Brexit, mais plus de manifester, sur un registre léger et cependant profondément sincère, mon soutien au nombre croissant de citoyens britanniques qui subissent un départ de l’Union européenne de moins en moins souhaité, et ma déception de les voir partir.

J’avais surtout pour intention de rappeler la proximité et les liens séculaires qui nous unissent, en insistant sur la dimension humaine, sociale et culturelle, qui me semblait avoir été un peu laissée de côté au cours de négociations évidemment recentrées sur des aspects économiques, politiques, législatifs et légaux.

J’aime bien l’humour, car il permet souvent de dire les choses avec rondeur et de faire passer de façon plus douce certains messages… Pour être complètement honnête, sommeillait sûrement aussi quelque part en moi l’espoir de rallier peut-être encore certains hésitants au "Remain". J’étais, enfin, curieuse des commentaires auxquels mon texte pourrait peut-être donner lieu.

Mais je ne croyais pas si bien dire… En peu de temps, un déluge de "posts", sinon haineux (encore que…), pour le moins en colère, s’est abattu sur ma page! J’avais ouvert la boîte de Pandore…

Je prendrai le temps de me livrer prochainement à une analyse systématique plus qualitative de chacun des commentaires, mais déjà, de grandes lignes se donnent à voir…

D’abord l’extrême division du pays. Avec des manifestations de dépit profond d’Européens convaincus, mais aussi des invectives encore plus nombreuses de "brexiters" acharnés. Il va de soi que la proportion présente dans les commentaires ne dit rien de la réalité. Il n’y a aucune forme de représentativité scientifique dans cet échantillon, qui ne vaut que sur la base des profils ciblés par l’algorithme de Facebook, sur une population d’hommes et de femmes au-delà de 18 ans, vivant au Royaume-Uni, rien de plus. Parmi eux, il y a bien sûr, de fait, une surreprésentation de ceux qui ont un accès à internet, à un compte Facebook, qui ont lu la publication et qui ont fait le choix d’interagir d’une façon ou d’une autre avec elle. Au sein de cette population, les pro-Brexit ont été beaucoup plus nombreux et surtout beaucoup plus virulents à s’exprimer. Sur les statistiques en backoffice, on peut voir qu’il s’agit surtout d’une population masculine (61,8 contre 38,2% de femmes), particulièrement représentée dans la tranche des 45-64 ans.

On ressent ensuite un autre point, qui avait été mis en lumière par les résultats du référendum de 2016, c’est la forte dissension entre l’Angleterre et l’Écosse. Mon texte a été aussi l’occasion pour les vieilles rancœurs de se réveiller, avec des propos séparatistes qui sont revenus plusieurs fois. Je n’ai pas eu de déclaration de position ouvertement manifestée, en revanche, au titre de l’Irlande du Nord ou du Pays de Galles.

Parmi les commentaires les plus virulents, on trouve, comme l’on pouvait malheureusement s’y attendre, des propos nationalistes de bas étage, souvent agressifs, vulgaires et violents, et l’expression satisfaite des populismes les plus primaires. L’Union européenne a été plusieurs fois comparée à un État "nazi", au "IVe Reich" (quel comble!), avec une fois même le dessin d’un drapeau européen "orné" d’une croix gammée... Il y a eu aussi les litanies sur les fonctionnaires corrompus de l’UE payés à ne rien faire, l’Union européenne qui vole l’argent du peuple britannique pour le donner aux hordes de migrants qu’elle accueille, etc. etc. Tout y est passé… Michel Barnier et Jean-Claude Juncker en ont pris pour leur grade, Emmanuel Macron et Angela Merkel aussi, et l’on m’a carrément conseillé d’aller me suicider plutôt que d’écrire ce genre de m----. En dernier ressort, censément "imparable", mes lecteurs éclairés ont souvent conclu avec le fameux "et la prochaine fois que vous serez en guerre, ne comptez pas sur nous pour venir vous délivrer!" Voilà, voilà... Nous sommes donc sur ce registre de (non) réflexion-là…

A travers cette poésie en prose et ces analyses de haut vol ès-géopolitique mondiale, ce qui m’a le plus sauté aux yeux, c’est finalement la pauvreté du capital linguistique et culturel de ceux qui aboient le plus fort. Cinq fautes par phrase en moyenne, un univers lexical et sémantique digne d'une grande section de maternelle, j'exagère à peine. Comme souvent, malheureusement, force est de constater que ce sont ceux qui ont le moins à dire et à défendre qui remplissent l’espace de parole et le monopolisent, à grands coups de "fuck", de "bitch" et de "arse", mais avec bizarrement moins d’argumentaire étayé sur les politiques européennes…










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