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Édito: Écoutez un regard décalé


Par Rédigé le 14/07/2013 (dernière modification le 14/07/2013)

Je me souviens....


Édito: Écoutez un regard décalé
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La présence de la Croatie au défilé des Champs-Élysées et son entrée dans l'Union européenne il y a quelques jours m'a fait me remémorer l'époque où la Hongrie est devenue membre à part entière de cette même Union européenne. Presque dix ans déjà. Le temps était aussi ensoleillé que ce 1er juillet 2013. Je me suis souvenue de toutes les réjouissances organisées ce jour là pour fêter le moment tant attendu. Des transformations apportées temporairement à la capitale hongroise: le Lanchid et les quais menant jusqu'à l'Institut français abandonnés aux piétons, ce "pont de l'Europe", symbolisant "le passage de la Hongrie vers l'Union européenne et le lien existant entre les Quinze et le pays" selon les propos de Tibor Palankai, président alors de la Fondation publique pour la communication sur l'Union européenne.

En effet, après l'établissement des relations diplomatiques entre la Hongrie et la CEE en 1988, et la présentation d'une demande d’adhésion officielle au Conseil Européen en 1994 - premier pays d'Europe centrale à l'avoir fait -, la Hongrie a débuté ses négociations d'adhésion en 1998. Quatre ans plus tard, le Conseil européen de Copenhague décidait que la Hongrie et neuf autres États entreraient dans l'Union le 1er mai 2004.

A l'époque, l'atmosphère était à la joie. 64% des Hongrois s'étaient déclarés heureux de cette adhésion. Depuis on le sait, la situation a bien évolué. Alors que les économistes prévoyaient une égalité des niveaux de vie entre l'ouest et l'est européen à échéance de 10 ou 12 ans, force est de constater qu'il n'en est rien pour l'instant et que ce serait plutôt le phénomène inverse qui est en train de se réaliser. Est-ce le fait de la crise économique qui a touché ce pays en 2008? Le seul fait? Nous avons des éléments de réponse mais il est encore trop tôt pour le dire. Ce dont je me souviens c'est qu'avant même la crise économique, nombre de Hongrois vivaient grâce à leur BT, sorte de statut économico-professionnel équivalent à celui français d'auto-entrepreneur. A l'époque déjà en Hongrie, les entreprises n'embauchaient plus de salariés, elles travaillaient avec des prestataires de service. Dix ans plus tard, en France, sous le statut d'auto-entrepreneur ou autres équivalents, on retrouve les mêmes principes de précarité dans le contrat qui vous lie à une entreprise devenue cliente, précarité qui se confirme aussi dans le fait que vous devez financer vous-même toutes les charges sociales.

Cet exemple parmi d'autres, pour rendre compte de l'échec économique et sociale du projet européen en Europe que ce soit à l'ouest ou à l'est. Nul ne remettra en doute, le projet politique de l'Union, ses victoires et ses principes, mais l'on ne s'étonnera pas de l'enthousiasme plus modéré qu'ont manifesté les Croates. Les mêmes peurs ont resurgi: celle de la colonisation du pays par l'Union. Pour les Croates qui ont versé leur sang pour leur indépendance, se retrouver à nouveau au sein d'une union quelle qu'elle soit peut avoir des relents de l'ancienne Yougoslavie.

Encore une fois, la crise économique est passée par là et l'on pourrait être en droit de croire que les Croates n'ont plus cette naïveté qu'avaient les autres pays de l'Europe centrale entrés avec la Hongrie dans l'Union en 2004; qu'ils n'attendent pas de miracle de Bruxelles ce qui serait certainement plus raisonnable. Pourtant, rien n'est moins sûr. On n'efface pas en quelques dizaines d'années, des siècles de traditions, d'idées véhiculées sur l'Union européenne et les pays occidentaux quel qu'ils soient. Il suffit d'y aller et de discuter avec les habitants pour comprendre que les espoirs associés aux peurs, les mêmes qu'ailleurs sont toujours présents.

C'est pourtant sur des bases beaucoup plus lucides et par conséquent plus solides que viendra le nouvel élan qui permettra à l'Union de survivre et de trouver une nouvelle aspiration. Trop de rêves, de fantasmes, d'idées reçues et préconçues empêchent les pays de l'Union d'avancer. Le poids de l'histoire est encore bien trop lourd, c'est comme si cela ne devait jamais finir. Cet amalgame sentimental et émotionnel peu ou pas compris par les responsables politiques de l'Union européenne est la pierre d'achoppement sur laquelle Bruxelles se cogne. Nous sommes dirigés par des politiciens et politiciennes qui ne connaissent pas ou peu leurs voisins, qui ne prennent certainement pas assez en compte le poids de l'histoire.

C'est dommage car si l'on étudiait plus l'histoire des pays mais aussi des hommes et des femmes qui nous dirigent l'on pourrait certainement mieux comprendre les attitudes et réactions de chacun.









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