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Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 26/08/2011 (dernière modification le 25/08/2011)

En ce mois d'août 2011, István Bibó aurait eu 100 ans. En France et plus largement en Europe occidentale, cet auteur hongrois est peu connu, excepté des spécialistes de la Hongrie, de l'Europe centrale ou encore de l'idée européenne. Cela peut sembler beaucoup, mais c'est peu en définitive. Il faut le regretter.


Edito : Ecoutez un regard décalé
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Pourtant, aucun étudiant travaillant sur l'Europe centrale ne peut échapper à la lecture de ses œuvres. Pour qui se spécialise dans cette autre Europe et plus particulièrement pour la période de l'entre-deux-guerres, deux livres s'imposent. Un premier, Misère des petits États d'Europe de l'Est d'Istvàn Bibó et Les trois Europes de Jenő Sucz. En effet, pour tenter de comprendre les différentes problématiques de l'histoire hongroise et plus largement de celle de l'Europe centrale en général, la lecture de István Bibó s'impose. En tant qu'acteur de son époque, le parcours de cet intellectuel n'a rien d'exceptionnel a priori, si ce n'est, il est vrai, qu'au moment de l'invasion russe en 1956, il est resté seul dans le Parlement face à l'armée rouge. Ce qui a dû demander un certain courage. Antifasciste, opposé à la guerre, il est tout d'abord prisonnier des Croix fléchées puis relâché. Dans les premières années qui ont suivi la libération, il occupe des postes universitaires et scientifiques avant d'être suspendu. Mais c'est lorsqu'il accepta d'être ministre pour un jour du gouvernement Nagy, en novembre 1956, que son destin bascule vraiment.
Arrêté et condamné à mort, il est libéré 5 ans plus tard mais doit se faire discret jusqu'à la fin de sa vie, le 10 mai 1979, à l'âge de 68 ans.
Le centième anniversaire de sa naissance a été dignement célébré dans sa patrie. Le penseur hongrois était en effet né à Budapest le 7 août 1911. Colloques, dépôt de gerbe devant sa statue, plus exactement son buste, près du Parlement, là même où il a fait sa célèbre déclaration
en novembre 1956 "pour la liberté et la vérité". Ceci pour exprimer l'importance qu'il revêt aux yeux de ses compatriotes, même si l'on sait que Budapest est certainement une des capitales où l'on peut trouver le plus de statues. De nombreux articles reconnaissant l'influence de la pensée politique d'István Bibó ont été publiés par des historiens et autres intellectuels dans la presse magyare.
Découvert en France, plus particulièrement au moment de la chute du mur, en 1989, l’œuvre principale d'István Bibó, Misère des petits États d'Europe de l'Est, écrit en 1946 et traduit en français en 1986,a surtout permis à certains intellectuels français et à des journalistes qui devaient se pencher sur la question, de découvrir ou redécouvrir l'espace centre européen. Cette découverte et cette reconnaissance sont principalement dues au travail de l'éditrice d'origine hongroise Ibolya Virag qui a permis, en brisant la barrière de la langue, de susciter l'intérêt d'intellectuels tels Alain Finkielkraut ou encore Milan Kundera. Aujourd'hui, les écrits de Bibó sont non seulement traduits en français mais aussi dans plusieurs langues d'Europe centrale comme le serbe, le roumain, ou encore le slovaque et le polonais. Ce qui semble être une bonne chose puisque les thèmes exploités par Bibó concernent directement ces populations.
Pour ceux qui s'intéressent plus particulièrement à la vie de ce grand philosophe hongrois, il est possible de voir ou revoir – si vous arrivez à le trouver - le documentaire consacré à son parcours : István Bibó, fragments, présenté au Festival de Cannes 2002 dans la sélection de La Quinzaine des Réalisateurs.
Sinon, lisez Esprits d'Europe d'Alexandra Laignel-Lavastine publié chez Calmann-Lévy, en 2005. Trois grands penseurs d'Europe centrale, dont István Bibó, y sont présentés et leur pensée décortiquée. Certainement la meilleure façon de pénétrer la pensée du philosophe hongrois sur les «hystéries collectives» européennes. Héritier de la Cacanie habsbourgeoise, l'auteur ne pouvait pas échapper aux hystéries, aux névroses et à l'inconscient collectifs de l'histoire politique centre-européenne qu'il compara à celle de l'Europe occidentale. D'où l'importance de la lecture de son œuvre par ceux qui se sentent concernés par l'histoire du continent et sa nécessaire connaissance pour une cohabitation irrémédiable.









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