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Gestion des ressources en eau en Côte d’Ivoire: La protection dans l’impasse


Par Rédigé le 24/07/2013 (dernière modification le 24/07/2013)

En Côte d’Ivoire comme dans la plupart des États de la sous-région, la mobilisation des financements pour assurer la protection de la ressource n’est pas à la mesure des attentes.


Unité de production de Djibi de la SODECI à Abidjan. Photo (c) A.T.
Unité de production de Djibi de la SODECI à Abidjan. Photo (c) A.T.
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Si dans certains pays de l’Afrique de l’Ouest, les réformes ont contribué à mettre en place un cadre institutionnel favorable, l’application des principes préleveur-payeur ou pollueur-payeur bat encore de l’aile.

Il n’y a pas de doute. Aujourd’hui, la Côte d’Ivoire contrairement à certains pays, ne connaît pas de stress hydrique. Elle dispose suffisamment de ressources en eau mais celles-ci sont inégalement réparties dans le pays. C’est bien l’arbre qui cache la forêt. Car, par endroits, dans la même commune à Youpougon ou à la Riverra (Commune de Cocody) par exemple, il y a des problèmes de pression. Le débit n’est plus le même d’un point à un autre. Ainsi, les ressources en eau estimées à 3 milliards de m3 d’eau, pourraient bien connaître dans les prochaines années, une surexploitation.

Déjà, nous informe le Directeur de la production de la Société de distribution de l'Eau de Côte d’Ivoire (SODECI), Olivier François Gosso, la nappe d’Abidjan qui permettait jusque-là de desservir connaît une saturation. Pour le chef service de la réglementation à la Direction des ressources en eau, Zoko Baoua, cette saturation signifie bien que "la nappe a été trop utilisée". Une situation due à la pression démographique. En effet, la population d’Abidjan a presque triplée en 10 ans exerçant ainsi une pression sur les ressources en eau. A cela, il faut surtout ajouter la forte consommation des industries sucrières, minières et les BTPS qui constituent de grands consommateurs d’eau.
Selon Zoko Baoua, avec les prélèvements de plus en plus importants en volume de la ressource eau, "il faut commencer à tirer la sonnette d’alarme". Tout simplement, soutient-il, pour ne pas être surpris.

Mais face à l’enjeu que constitue cette ressource pour le développement du pays et les générations futures, la gestion de l’eau manque de planification. Et l’eau est prélevée de façon "anarchique", confie M. Zoko. Plus qu’un problème de planification, l’expert Somda de l’Union Internationale pour la Conservation de la Nature (IUCN) soutient qu’il y a un réel besoin de connaissance de la ressource. "On ne peut pas gérer ce qu’on ne connaît pas." Et d’ajouter: "On ne gère même pas puisque tout se fait au pif ". Ainsi, pour lui comme pour d’autres experts, la gestion de l’eau passe indubitablement par la connaissance du potentiel ou des réserves. "Généralement, pour utiliser de l’eau, il faut passer par la connaissance de l’eau en termes de quantité et de qualité. On peut alors planifier rigoureusement l’utilisation à l’échelle du bassin", soutient-il.


Le cadre institutionnel en cause

L’absence de planification décriée est pour les acteurs liée à un manque de financement. "Nous n’avons pas de ressources propres pour faire le suivi et la planification de la ressource, les activités que nous menons pour la protection des berges se font avec l’appui des projets", regrette M. Zoko. Les deux fonds à savoir le Fonds National de l’Eau et le Fonds de Développement de l’Eau qui existent ne prévoient rien pour l’heure pour la protection de la ressource. Mais en réalité, le manque de financement résulte du cadre institutionnel inadéquat.

En effet, le Code de l’eau qui a prévu des dispositions pour garantir des ressources pour la protection à travers les principes préleveur-payeur et pollueur-payeur n’est pas entièrement respecté. Car, les décrets d’application devant faciliter l’application de ces principes, sont toujours attendus. Résultat, les grands préleveurs avec en premier la SODECI, ne paient rien. "Il y a des industries sucrières qui utilisent 60 millions de m3, les BPT 10 millions de m3, les industries minières ne paient rien", renseigne M. Zoko. Un manque à gagner pour l’État qui également dans le cadre du contrat qui le lie à travers l’ONEP, a la SODECI n’a rien prévu comme prélèvement.
Selon le Directeur de la production de la SODECI, Olivier Gosso, "pour le prélèvement de l’eau, on n’a pas d’élément majeur. Dans 1 m3 d’eau, une partie va pour le remboursement des emprunts au Fonds National de l’Eau, une autre pour le Fonds de Développement de l’Eau pour les investissements, une autre chez le fermier (SODECI) et une dernière partie pour le ministère des finances." Face au manque de mécanisme de financement pour la protection de la ressource, l’autorité en charge de la gestion de la ressource n’a pas "les coudées franches pour agir", signale M. Zoko qui appelle à l’avènement des décrets d’application.

Mais en attendant, la Direction des ressources en eau s’emploie à sensibiliser tous les acteurs y compris les industriels et gros préleveurs et à la réalisation d’études permettant de fixer le seuil acceptable pour le paiement du prélèvement. Mais, prévient M. Zoko, "c’est un secteur sensible" et toute augmentation de taxe pour le prélèvement pourrait provoquer une augmentation du tarif de l’eau. Toute chose que confirme le Directeur de la SODECI qui indique la possibilité pour l’État, de revoir par exemple la répartition du tarif pour chaque m3 afin de mobiliser des ressources pour le financement de la protection de la ressource. Et l’expert Somda de préciser que "si l’État décide, il va fixer les montants".

Pour l’heure, on n’en est encore loin et la SODECI comme les gros industriels continuent de prélever l’eau gratuitement sans aucune compensation pour l’amenuisement de la ressource.








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