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Pierre Souquet-Basiege : fougueux et ambitieux, le patineur en quête d'un rêve


Par Rédigé le 27/01/2020 (dernière modification le 28/01/2020)

Rencontre avec Pierre Souquet-Basiege 25 ans, patineur en équipe de France dans la discipline danse sur glace. Son parcours, ses objectifs et sa vision du patinage alors qu’il vise le plus haut, les jeux Olympiques. Interview.


Pierre Souquet après un entrainement. (c) Pierre Souquet
Pierre Souquet après un entrainement. (c) Pierre Souquet
pierre_souquet.mp3 Pierre Souquet.mp3  (1.4 Mo)

Pour beaucoup, le patinage comme on peut le voir à la télévision, ou plus récemment sur Youtube, semble facile, élégant et plein de magie. Mais lorsque l’on est sportif de haut niveau, bien évidemment il en est tout autre chose. Comme beaucoup de sport, s’engager dans une carrière de patineur dans le but de faire des compétitions internationales tels que les grands prix ISU, les championnats d’Europe, du Monde ou les jeux Olympiques cela demande un plan et des sacrifices à long terme. Des entrainements à 5h du matin jusqu’à parfois 20h, de l’argent, pour les frais de déplacement, les patins, les lames, les costumes, les appartements et logements même puisque, les plus grands centre d’entrainements de patinage se trouve soit aux Etats-Unis, au Canada ou en Russie. Il faut aussi ne pas omettre la dimension psychologique, physique, savoir surmonter les échecs, penser progression avant de penser victoire car souvent, peu de personnes, de l’entourage même croient et soutiennent les rêves auxquels le sportif patineur aspire, le haut niveau. Et pourquoi ? Pour du patinage ? Quel est l’intérêt ? Car au delà de l’aspect sportif, la notion d’accomplissement de soi, de bonheur et de plaisir est l’essence de la vie et la raison d’être des objectifs sportifs. Mais pour cela, il faut "se donner les moyens de ses ambitions", comme nous l’explique brillamment aujourd’hui Pierre Souquet-Basiege, patineur en équipe de France depuis plusieurs année et figurants parmi les meilleurs de sa génération. 

Pierre Souquet et sa partenaire Juliat Wagret. (c) Pierre Souquet.
Pierre Souquet et sa partenaire Juliat Wagret. (c) Pierre Souquet.
• Pierre, peux-tu nous résumer ton parcours et nous expliquer ce qui t’a donné l’envie de faire de la danse sur glace toi qui était patineur individuel ?
J’ai commencé le patinage à 5ans au club des Français volants de Paris (Bercy). Champion de France avenir à 10 ans, j’ai ensuite enchainé les blessures entre mes 12 et 15 ans. Ce qui m’a obligé à passer beaucoup de temps sans sauter et donc travailler le reste, et surtout la glisse, les pas, etc. Forcément j’ai pris beaucoup de retard et ce retard me semblait impossible à rattraper. Et en même temps plus le temps passait et plus cette sensation de glisse de carres et de patinage me plaisait et me donnait envie de passer en danse sur glace.

Juillet 2011, c’est parti, direction Lyon ! J’ai eu la chance de démarrer tout de suite en couple. Mon objectif à ce moment là était de participer à un JGP. On a été 1er remplaçant au WJC en 2012 et 3ème au championnat de France junior la même année puis sélectionné pour les JGP. L’ironie du sort veut que 10 jours avant j’ai subit une blessure (fracture tibia péroné ligaments et cartilage). Je n’ai finalement jamais participé à un grand prix junior mais j’ai participé par la suite à de bien plus belles compétitions avec ma 2ème partenaire Lorenza Alessandrini. Nous avons patiné 4 saisons ensemble, durant lesquelles nous avons participé à deux grands prix de France, un championnat d’Europe et un championnat du Monde, avec un titre de vice-champion de France.

Je démarre une nouvelle aventure avec Julia Wagret en avril 2018. On a participé aux Universiades en mars 2019 où l’on finit 6ème. On décide de partir s’entrainer aux États-Unis en juin 2019, et on a participé à notre premier grand prix ensemble cette saison.

• Qu’aimes-tu dans le fait de travailler avec une partenaire ?
Quand j’étais individuel j’aimais l’idée de réussir seul, avec ses propres moyens et mon propre travail. Il m’a fallu un peu de temps mais c’est avec Lorenza que je me suis découvert à aimé ce partage !
Finalement j’aime le fait d’avoir un objectif commun pour lequel on forme une équipe, soudée et prête à tout donner, pour soi pour l’autre et pour notre unité qui est finalement notre couple. Je prends plus de plaisirs à l’entrainement en étant avec ma partenaire que seul, j’ai moins cette sensation de routine, j’arrive à aller plus loin dans mes efforts et puis on partage plus que du patinage. On partage notre quotidien et notre vie, les succès les défaites les doutes et les projets et c’est tout ce partage qui rend l’aventure encore plus belle !

• Pense-tu que le stress en compétition est allégé et comment vous soutenez vous au quotidien avec Julia que ce soit aux entrainements et en compétition ?
Je ne sais pas. Quand j’ai commencé la danse c’est l’impression que j’ai eue. Puis les choses sont devenus plus sérieuses et le stress je l’ai eu. Mais c’est un stress différent, avec le recul je me dis qu’en artistique c’était un stress plus désagréable parce que je n’étais pas confiant sur ce que j’allais être capable de faire, je présentais des éléments que je ne maitrisais pas, et du coup il y avait vraiment ce sentiment d’incertitude. En danse, j’ai du stress parce qu’il y a l’envie de faire de son mieux, et il y a des enjeux que je n’ai pas connu en artistique mais sauf exception quand tu arrives en compétition tu sais que tu prêt que tu maitrise ton sujet et que tu t’es bien préparé. Ensuite en découvrant les grands championnats j’ai découvert d’autres sensations, celles d’être très très stressé avant, et puis tu passes le rideau c’est une compétition prestigieuse, tu fais face à une magnifique arène avec plusieurs milliers de personnes et là c’est presque l’euphorie il n’y a plus de stress, et je comprends vraiment ce que s’est que du prendre plaisir dans son programme !

• Quel et votre force en tant qu’équipe et quelles qualités sont pour toi les plus importantes chez Julia ?

C’est notre connexion. On s’est connecté très rapidement, si ce n’est instantanément. Dans le patinage on s’est compris tout de suite. On est grand, on a des grandes lignes, et on arrive à bien travailler ensemble, ce qui nous donne des facilités sur les éléments, pirouettes et notamment les portés.
Julia a une grosse base de danse contrairement à moi ! 8 ans de danse (au centre chorégraphie des ballets du Nord puis au conservatoire de Grenoble ou elle s’est arrêtée au cycle 2, 5ème année. Classique, contemporain et aussi un peu de caractère et jazz). Elle est très souple mais aussi athlétique et en plus de ça elle me donne toute sa confiance, ce qui facilite mon travail de partenaire et nous permet de tout essayer en élément, c’est super agréable.
Et puis Julia c’est quelqu’un de très pragmatique, on a nos objectifs et elle ne se torture pas trop l’esprit elle y va, elle ne se laisse pas envahir et ralentir par ce qui parasite inutilement où si ce n’est pas le moment.

• Comment décrirais-tu ta propre manière d’aborder le fait d’être un sportif de haut niveau ? (Ta vision du travail, de minet, de mental, motivation etc…)

Je suis vraiment partisan du "se donner les moyens de ses ambitions". Et par "moyens" j’y entend pleins de choses différentes comme le travail forcément mais aussi l’hygiène de vie, et puis faire des choix, prendre des décisions qui sont cohérentes avec ses ambitions etc. Il y a quand même un autre facteur qui n’est pas seulement une question d’envie, qui est celui de l’argent malheureusement. C’est un sport qui coûte cher et encore plus lorsqu’on s’entraine outre-Atlantique, mais c’est le choix qu’on a pris. Je suis aussi partisan du zéro regret. Je pense qu’il faut tenter quitte à se tromper plutôt que d’avoir le "et si j’avais fait ça" dans la tête. Si ta tête et ton instinct te disent de faire un truc et que t’y a réfléchis tu comprends les enjeux et les risques et que cette envie ne te quitte pas alors je pense qu’il faut y aller et tenter ! Au pire quoi ? Ça reste du patinage et du plaisirs. Cette envie de rien regretter va aussi avec le fait d’aller au bout de cette aventure. J’ai envie de voir jusqu’où je peux aller et j’ai envie de prendre tout ce que cette aventure a à m’offrir. Du coup tant qu’il y a ses envies, le plaisir et que c’est possible, je veux continuer et aller au bout. Si on sort de sa bulle patinage juste 2 secondes on se rend vite compte que c’est une vie incroyable et pleine de privilèges alors je pense qu’il faut prendre plaisir et cultiver cette chance.

• Tu as récemment décidé de partir t’entrainer en Floride aux Etats-Unis, pourquoi ce centre d’entrainement précisément ?

A vrai dire avec Julia on savait où on ne voulait plus être sans savoir ou on voulait être ! C’était une situation particulière et compliqué puisqu’elle nous a fait perdre beaucoup de temps et d’énergie que l’on n’a pas pu dépenser ailleurs et la préparation de la saison 2019/20 a été très difficile ! La seule certitude qu’on avait à ce moment-là c’est qu’on voulait garder contact avec Massimo que l’on a connu à nos débuts avec Julia. On était souvent en contact pour parler musiques, chorégraphie et planning. Du coup on lui a expliqué notre situation et il nous a aidé à y voir plus clair dans nos solutions. On avait donc 3 ou 4 solutions à creuser et à ce moment-là lui était en Floride pour monter des programmes. Il a donc parler de nous à Marina et Alper, qui du coup étaient prêts à nous accueillir dans de bonnes conditions et à faire le maximum pour nous. En même temps ils nous avaient aussi confirmer que nos autres pistes étaient bonnes et qu’après cela dépendait de notre choix et de ce qui était possible pour nous. Du coup on a choisi la Floride. Marina à une grosse expérience du haut niveau avec un palmarès incroyable, on a senti le soutien et l’engagement de Marina et Alper et ils nous avaient expliqué les conditions sur place très favorables. Il y a plusieurs pistes, de large amplitude horaire, une équipe de plusieurs coaches avec des intervenants comme Massimo et Oleg. Il y a suffisamment de couples sur place pour ne pas se sentir seul comme ça a pu l’être pendant notre première saison et en même temps ce n’est pas surchargé ce qui nous permet d’avoir toute l’attention de nos entraineurs. Le mélange de toute ça semblait bon !

• Quels sont les bénéfices que tu as pu ressentir face à ce changement des premiers jours jusqu’à aujourd’hui ? Combien de temps a-t-l fallu pour t’adapter ?

L’adaptation a été rapide, après deux semaines on se sentait déjà presque comme à la maison et maintenant on parle de là-bas comme "chez nous". On est arrivé fin mai et au bout de 3 jours on avait déjà le plan de la saison, avec la liste des compétitions qu’on allait faire et les axes de travail avec les objectifs. On avait un plan à court, moyen et long terme. On savait déjà qu’avec une transition qui avait été compliquée (et on allait encore perdre du temps à s’installer sur place), cette saison serait comme une mise en place et une prise de repère, mais que dès l’été, en parallèle de travailler pour cette saison on commencerait à préparer la saison d’après. Et c’est ce qu’on a fait ! Finalement on a passé presque autant de temps sur les programmes de cette année qu’à penser et préparer la saison d’après.

• Peux-tu nous décrire une journée d’entrainement type, y a-t-il des changements par rapport aux rythmes que tu avais en France ?

On démarre entre 8h et 9h30, ça va dépendre de l’heure de notre première leçon. Sauf exception quand on met en place une situation de compétition (5 mn d’échauffement programme en entier), on réserve au moins nos 45 premières minutes pour faire des exercices, seul puis à deux. Ensuite on se met sur les programmes, avec un gros travail en partie ou en entier ou les deux, ou bien on continue sur des exercices. On a 2 fois 30mn de leçon par jour, et c’est vrai qu’au début on ne s’attendait pas à un rythme aussi soutenu ! C’est 30 mn intense où on enchaine et souvent le rythme cardiaque n’a pas le temps de redescendre avant la fin. En dehors des leçons on est à la fois très libre et très cadré, on a des consignes et on sait ce qu’on a à faire mais libre à nous de le faire quand on veut dans notre journée ! Pour optimiser nos temps de leçon ça arrive souvent que lorsque l’on doit faire plusieurs programmes dans la journée on le fasse tout seul pour ne pas dépenser notre temps de leçons juste à faire des programmes en entier. On a aussi un système de semaines difficiles et faciles que Marina met en place. Elle adapte aussi la charge lorsque l’on enchaine les compétitions et les allers-retours. Moi qui ai toujours eu des difficultés physiques sur les programmes en entier je sens une vraie différence, cette année a été moins difficile que d’habitude. La route est encore longue mais c’est en bonne voie et les bénéfices se font sentir de plus en plus avec le temps.

• Parlons de cette saison, vous avez fait d’excellents résultats et obtenu de nouveau records personnels, quels sont vos objectifs sur du court et long terme ?

Oui ! Malgré que cette saison n’était pas la priorité absolue, elle a été très satisfaisante et surtout très prometteuse pour la suite. Le travail qu’on a fait à payer et on a hâte de l’appliquer sur une base plus solide et mieux préparée en amont. Nos objectifs court terme cette saison c’était le grand prix de France, podium aux élites et le championnat d’Europe. Après les Masters où toutes les conditions pour contre performer étaient réunies on a gardé confiance et on savait que ça ne reflétait pas notre niveau et notre état de forme. Direction Minsk où on a su le prouver avec des bases de points largement battues, ce qui a validé notre sélection pour Grenoble. Le grand prix c’est plutôt bien passé. Malgré quelques points lâchés sur la route bêtement on a confirmé ce qu’on venait de faire à Minsk. Puis la Bosphorus Cup où on améliore encore nos scores et on termine à moins d’un point du couple qui nous a battu de 20 points il y a moins d’un an. C’était donc satisfaisant et encourageant ! Grenoble c’était fait ! Restait la suite de nos objectifs. On a obtenu plusieurs fois le 3ème meilleur score chez les Français ce qui laissait envisager la réussite de nos autres objectifs. Malheureusement les élites c’est une autre histoire et c’est un point totalement isolé dans notre courbe de progression. On a fait le tri on prend ce qui va nous aider à avancer et on a laissé le reste derrière. Malgré cette déception et ce goût un peu d’inachevé qui aurait rendu la saison parfaite on est content de notre saison et de ce qu’on a su faire, surtout en voyant d’où on a démarré en juin. Cette saison nous motive pour la suite ! Nos objectifs à long terme restent les mêmes que lorsqu’on a démarré cette aventure ensemble, c’est-à-dire les JO 2022 et 2026 !

• Comment pouvez-vous décrire votre style et quelle direction en terme artistique souhaitez-vous prendre avec Julia ?

Notre premier libre ensemble reflète assez bien le style qui pourrait être le nôtre. Quelque chose de plutôt romantique, c’est ce qui colle le plus à notre physique, nos lignes et c’est ce qui nous vient le plus naturellement dans le patinage. Cela reste une question difficile, je pense qu’on est en pleine évolution et qu’on est en train de découvrir de nouvelles facettes de nos personnalités et de ce qu’on aime faire. Du coup je dirai que pour le moment on n’a pas encore trouvé et bien défini "notre style". C’est d’ailleurs un vrai axe de travail pour nous, c’est assez intéressant et excitant et ça nous donne pleins de perspective et de marge ! Pour la saison qui arrive on a déjà des idées depuis cet été et on veut se diriger vers quelque chose avec plus de caractère plus d’identification et plus "Entertainment". C’est un défi parce qu’on ne l’a jamais fait et ce n’est pas ce à quoi on nous associe. C’est un challenge excitant et c’est qu’on a envie de faire.

• Qu’aimes-tu le plus dans le simple fait d’être sur glace ?

La sensation de glisse ! C’est quand même quelque chose de kiffant cette sensation de glisse, de vitesse, de liberté, cette impression de 3D. Tout ça associé c’est un sentiment qu’on ne ressent pas ailleurs. Et puis quand on a la chance de trouver quelque chose qui nous procure autant d’émotion on à l’esprit qui s’évade quelques instants.





Sarah B.
Sarah | Fashion & Lifestyle Journalist | Cultural Observer "Wanderlust Chronicle : Anthropologie of... En savoir plus sur cet auteur




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