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Un Verdi plein de bruits et de fureurs à l'Opéra de Monte-Carlo


Par Rédigé le 24/04/2017 (dernière modification le 23/04/2017)

"Le Trouvère" ou l'impossible histoire de frères rivaux et un joyau du bel canto.


L'amour maternel porté à son paroxysme

Photo courtoisie (c) Alain Hanel
Photo courtoisie (c) Alain Hanel
trouvere_verdi.mp3 Le Trouvère Verdi.mp3  (49.39 Ko)

Arturo Toscanini qui avait dit-on fort mauvais caractère, mais savait se montrer fort spirituel, disait volontiers du "Trovatore" de Verdi: "Vous prenez les quatre meilleurs chanteurs du moment et cela va tout seul...".
Il est vrai que cet opéra, plein de bruits et de fureurs, à la trame complexe, représente certes une rupture totale avec les ouvrages belcantistes de l'époque, mais exige des chanteurs une vaillance peu commune.
On y retrouve bien sûr le sempiternel baryton (cher à Georges-Bernard Shaw) qui trouble l'amour du ténor et de la soprano dans une abracadabrante histoire de frères rivaux, où passe, vénéneuse, l'ombre de la sorcière Azucena, qui a aussi un compte à régler avec le baryton pour avoir sacrifié par erreur son propre fils.
Le livret pourra paraître à certains complexe, décousu ou flou. Par bonheur, la musique emporte tout sur son passage, du chœur des Bohémiens, au poignant "Miserere", en passant par le redoutable et "casse-gueule" du ténor, avec contre-ut de poitrine, non écrit, mais de rigueur.
De ce drame de capes et d'épées ibérique, Francesco Negri brosse de cuivrés ou charbonneux tableaux, ardents ou batailleurs, n'y va pas par quatre chemins, met en valeurs les temps forts de l’œuvre, et parvient à rendre lisible l'histoire grand guignol de Cammarano.
Negri nous fait donc un habile remake de "La nuit des morts-vivants" où fantômes du passé détruisent toute possibilité de futur et d'amour pour une obsédante course à la vengeance et à la mort. Âmes éthérées s'abstenir...

Dans une architecture simple, oppressante, sans air et sans soleil, des costumes luxueusement stylisés, taillés dans le cuir et le fer par Louis Désiré, voici, figures de proue, celles par qui le malheur est arrivé: Azucena... et sa mère en toile de fond, ici rendues à leur vérité première, car d'une puissance écrasante, d'un amour dévorant, obsessionnel, calculé...
Ce n'est pas pour rien que le compositeur voulait débaptiser le drame pour l'appeler "La Gitane"...
Dans cet écrin étouffant de bois, de feu et de sang, écartelés entre le drame flamboyant et le beau chant, les chanteurs nous renvoient à un certain âge d'or du chant verdien et s'étrillent sous nos yeux pour le plus grand bonheur d'une salle complice, avide de sensations fortes.
A tout seigneur, tout honneur: Manrico. Le cœur et la voix en bandoulière, Francesco Meli, au phrasé et au slancio irrésistibles, chevaleresque et poète troubadour à la fois, d'un métal étincelant, d'un engagement vocal total, chaleureux, d'une fougue communicative (on aurait aimé toutefois une Pira moins plafonnée), brillant comme une lame, offre un agréable mélange des plus célèbres titulaires du rôle-titre.
Impérial, monolithique, viril, fier, grand seigneur sûr des splendeurs de son timbre, Nicola Alaimo, malgré quelques réflexes véristes, campe un Luna aux sonorités de bronze doré, et offre une leçon de chant sur le souffle et une place de voix que l'on souhaiterait à beaucoup.
Interprète d'un réel charisme, Maria Agresta, Leonora farouche mais intensément romantique, exhibe une voix somptueuse, à la légèreté calculée, comme un mélange de pureté et de fauvisme car toujours riche de sensualité et de legato.
Incendiaire, royale de voix, sachant lire les triples pianos de la partition, Marina Proudenskaïa chante son rôle de sorcière infâme sans sons de poitrine agressifs, son cuivre rougeoyant séduit, l'artiste trouvant dans les scène finales des inflexions maternelles d'une rare justesse expressive.
Superbe Ferrando de José Antonio Garcia. Précédé d'un roulement de timbales plus verdiennes que nature, la basse espagnole déploie dès le lever de rideau, un timbre corsé, et, respectant les indications du compositeur, retrouve le côté "con mistero" de son récit d'entrée que l'on suit, comme suspendu aux lèvres d'un conteur.
Bien en place aussi Karine Ohanyan (Inès) et Christophe Berry (Ruiz).
Dans la fosse, Daniel Harding, généreux, respirant avec ses chanteurs, verse une liqueur de feu, celle concoctée autant par Guttiérez que Verdi.
Le Philharmonique de Monte-Carlo claque, incisif, rutilant.
Chef, chœur, solistes, phalange sont, en ce soir de première, d'un seul souffle. Celui de la passion et de l'amour verdien.










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