Podcast Journal, l'information internationale diffusée en podcast
Podcast Journal
Média d'information international diffusé en podcast 🎙️
Facebook
Twitter
Instagram
Newsletter
 

Une crise impitoyable

La chronique culturelle de Colette


Par Rédigé le 22/12/2016 (dernière modification le 22/12/2016)

Elle n'épargne rien, même pas Le Dôme, la célèbre brasserie du 108, boulevard Montparnasse, à l'angle de la rue Delambre, dans le XIVe arrondissement de Paris.


crise_du_dome.mp3 Crise du Dôme.mp3  (1.07 Mo)

Avec un peu d'imagination on peut y voir planer encore l'ombre de Simone de Beauvoir, Jean-Paul Sartre, Ernest Hemingway, André Breton, Pablo Picasso, Henry Miller, William Faulkner, Paul Gauguin, Man Ray, Trotski ou Lénine.. pour clore une liste interminable. Donc, Le Dôme Montparnasse a été placé en redressement judiciaire le 10 novembre par le tribunal de commerce de Paris. L'Aveyronnais Maxime Bras est l’actuel propriétaire, son père a acheté l'établissement en 1970, il dirige une équipe d'une vingtaine d'employés fortement attachés à cet endroit mythique. Et déclare: "On espère retrouver l’équilibre. On essaye de s’en sortir, d’étaler les dettes sans faire de licenciement, de se protéger". Cette situation peut s'expliquer par la clientèle internationale qui a déserté après les attaques terroristes, sans oublier les redevances exorbitantes dues pour les terrasses "plus de 70.000€ par an", et aussi "l’impossibilité pour nos clients, qui habitent à l’extérieur de Paris et qui venaient dîner, de se garer depuis l’aménagement du boulevard du Montparnasse". Ce qui s'est concrétisé par un chiffre d'affaires qui a baissé de 15% en deux ans et a été ramené à 5 millions d'euros. Maxime Bras garde cependant l'espoir d'un redressement: "Avec l'administrateur judiciaire, on va faire des économies d'une façon ou d'une autre, je compte présenter un plan de continuation". Thomas Dufresne artiste-peintre, historien et grand connaisseur de Montparnasse tempère un peu ce léger optimisme, il pense pour sa part que les attentats ont "bon dos. Cela fait plus de cinq ans que les cafés de Montparnasse se vident". Et d'asséner son explication: "Ces cafés n’ont pas su se renouveler. Le décor est un peu toc et la clientèle âgée". Il faut noter que Le Dôme n'est pas le seul établissement du quartier à connaître des difficultés, La Coupole et le Sélect voisins sont aussi quelque peu concernés.
Au début était un modeste café-tabac fondé en 1898 par l'Auvergnat Paul Chambon, dans le voisinage de quelques académies artistiques du quartier, telle la Grande chaumière, et de nombreux ateliers. A partir de 1903, une importante colonie allemande s'y réunissait, intellectuels, artistes ou galeristes, on les appellera les Dômiers. Dans les années 1920, de nombreux écrivains américains dont Ernest Hemingway, Ezra Pound, John Dos Passos ou Francis Scott Fitzgerald par exemple ainsi que le photographe Man Ray s'y donnent rendez-vous. La crise américaine de la fin de la décennie les écarte de Paris. D'autres Dômiers s'y succédèrent, des artistes de multiples nationalités, russes et espagnols, ceux de l’École de Paris notamment. Souvent assez désargentés et heureux de trouver là un accueil agréable, on s'y restaurait pour l'équivalent d'un euro actuel, avec la célèbre part de purée accompagnée de saucisse. Et si l'on en croit le grand écrivain hongrois Sándor Márai qui était arrivé à Paris en juin 1926, en pleines Années folles, c'était "un lieu qui faisait penser au pont d’un transatlantique rempli d’émigrants qui, ayant élu domicile sur cette surface flottante, oubliaient tout pendant une semaine, entre deux rives et deux destinations". Des Français aussi, telle Simone de Beauvoir, professeur au lycée Molière et habitant en 1936-1937 dans un hôtel du quartier, elle s'attelait au Dôme pour son petit déjeuner les matins où elle n’avait pas cours. Dans la salle à cette époque, on pouvait voir des réfugiés allemands qui lisaient les journaux ou jouaient aux échecs. Au milieu des années 1930, Gerda Taro et Robert Capa étaient fréquemment assis à la terrasse.
Les prix que pratique de nos jours le restaurant qui a eu une étoile au guide Michelin puis l'a perdue n'ont rien à voir avec ceux des débuts. La bouillabaisse marseillaise, la sole de petits bateaux meunière ou le tronçon de turbot rôti sont quand même facturés entre 50 et 60€.










ÉDITORIAL | POLITIQUE ET SOCIÉTÉ | ÉCONOMIE | NATURE ET DÉVELOPPEMENT DURABLE | ART ET CULTURE | ÉDUCATION | SCIENCE ET HIGH-TECH | SANTÉ ET MÉDECINE | GASTRONOMIE | VIE QUOTIDIENNE | CÉLÉBRITÉS, MODE ET LIFESTYLE | SPORT | AUTO, MOTO, BATEAU, AVION | JEUNES | INSOLITE ET FAITS DIVERS | VOYAGES ET TOURISME | HUMOUR





Recherche



Les derniers articles