ACTUS DE HONGRIE


Par Rédigé le 07/01/2010 (dernière modification le 07/01/2010)

Un orchestre prestigieux dans une salle qui l'est autant
Un Hongrois à Paris
Concert médiocre


Un orchestre prestigieux dans une salle qui l'est autant

A la salle Pleyel, le 9 janvier à 20 heures, Iván Fischer ne dirigera, aucune oeuvre hongroise. A la tête de l'Orchestre du Festival de Budapest qu'il a créé en 1983 avec Zoltán Kocsis, et dont il est toujours le directeur, c'est à un tout autre programme qu'il s'attachera, Stravinsky et Wagner. Tout d'abord Siegfried Idyll, cette oeuvre délicieuse que Wagner avait composée lors de la naissance de son unique fils, Siegfried, né à Tribschen près de Lucerne le 6 juin 1869 et qu'il offrit en cadeau d'anniversaire à sa femme Cosima, la fille de Liszt, le 24 décembre 1870. Quand on a vu Ludwig de Lucchino Visconti, on connaît l'épisode. Siedfried deviendra tout naturellement compositeur, pas toujours apprécié à sa juste valeur, écrasé qu'il fut par le génie paternel. Il épousa la sulfureuse Winifred, amie d'Adolf Hitler, de leurs quatre enfants deux furent célèbres, Wieland immense metteur en scène qui sortit Bayreuth du purgatoire après l'épisode de la Seconde Guerre mondiale et Wolfgang qui présida aux destinées du festival jusqu'en 2008 où il en céda les rênes à sa fille Katharina âgée d'une trentaine d'années, co-directrice aec sa demi-soeur Eva. La première partie du programme parisien se terminera par les sublimes Wesendonck Lieder, un cycle de cinq mélodies, deux d'entre elles seront reprises dans Tristan und Isolde. En 1857-58, Wagner a mis en musique les poèmes de Mathilde avec qui sans doute il eut une liaison, trompant ainsi la confiance de son bienfaiteur, le riche négociant Otto Wesendonck qui l'avait accueilli chez lui à Zurich. C'est la mezzo-soprano allemande Petra Lang qui les interprétera. Après l'entracte, l'orchestre donnera la version 1947 de Petrouchka de Stravinsky, révision par le compositeur de celle du 13 juin 1911 au Châtelet de Paris, dans le cadre de la saison des Ballets russes, avec une chorégraphie de Michel Fokine et deux danseurs mythiques, Vaslav Nijinski et Tamara Karsavina.

Un Hongrois à Paris

C'est un compositeur hongrois, et pas des plus connus qui sera à l'honneur le 16 janvier à 11h, à Radio France. L'animatrice de télévision et de radio Emmanuelle Gaume, accompagnée par l'Orchestre Philharmonique, dira L'Histoire du petit tailleur, un conte des frères Grimm, Jacob et Wilhelm, mis en musique par Tibor Harsányi. L'oeuvre fut composée en 1939 et créée à Paris le 17 avril 1940 sous la direction du grand chef Charles Munch. La diffusion en sera assurée plus tard par France Musique. Harsányi est né le 27 juin 1898 à Magyarkanizsa, aujourd'hui Kanjiža, au nord de la province autonome de Voivodine, en Serbie et où vit une population hongroise estimée à plus de 14%. Il étudie avec Zoltán Kodály à Budapest et s'installe à Paris en 1924, il y a effectué la plus grande partie de sa carrière et il y meurt en 1954. En 1939, il écrit un conte musical d’après Le vaillant petit tailleur publié par les frères Grimm, il supprima quelques épisodes pour que l'oeuvre ne soit pas trop longue, c'était un spectacle destiné aux enfants et fait pour accompagner un théâtre de marionnettes. Ils ne remercieront d'ailleurs jamais assez les deux conteurs pour leur recueil Kinder- und Hausmärchen paru à Berlin en 1812 et où l'on trouve, entre autres, Blancheneige,, Hansel et Gretel, Tom Pouce mais aussi Cendrillon, La Belle au bois dormant ou le Petit chaperon rouge dans une version différente de celle de Charles Perrault. S'ils ont inspiré les compositeurs, Rossini, Massenet,Tchaikovski ou Humperdinck, ils ont fait la fortune des réalisateurs de films et de dessins animés. L'Histoire du petit tailleur, suite pour récitant, sept instruments, violon, violoncelle, flûte, clarinette, basson, trompette, piano, et percussions diverses, est la composition la plus jouée de Harsányi et un succès de la littérature musicale pour enfants. Le compositeur n'a pas suivi la même démarche que Serge Prokofiev dans Pierre et le loup où chaque personnage est représenté par un instrument, chez le Hongrois les instruments créent une atmosphère corespondant à un moment de l'action.


Concert médiocre

Si l'on en croit les propos pas particulièrement élogieux du critique musical de La Presse, journal canadien de Montréal, c'est ainsi qu'il faut considérer le «Concert du Nouvel An» qui s'est donné dans cette ville, salle Wilfried-Pelletier, Place des Arts, le 1er janvier, à 14h30. Cette manifestation dans une vingtaine de villes du Canada et des États-Unis est devenue depuis 1997 une tradition, un peu à l'image de ce qu'il se passe en Europe. Celle en question avait attiré une assistance un peu moins nombreuse que les années précédentes, 2 300 personnes au lieu de 2 500. Beaucoup d'enthousiasme, particulièrement chez les gens d'un certain âge applaudissant tout à tout rompre... et le chroniqueur d'ajouter perfidement que ce genre d'"événement attire toujours des gens qu'on ne voit jamais au concert"... Les interprètes sont de parfaits inconnus, le chef Mika Eichenholz venait de Stockholm et se trouvait à la tête de l'«Orchestre Strauss de Montréal» dont notre impitoyable chroniqueur dit qu'il "n'existe qu'une journée par année et est constitué, pour l'occasion, de quelque 70 musiciens locaux". Ayant omis d'indiquer un changement de soliste, le Suédois a ainsi fait passer la soprano prévue au programme pour l'une des pires chanteuses qui soient, celle-ci s'appelle Veronika Gesthi et vient de Budapest. "Le ténor aussi, tout aussi inconnu, et tout aussi médiocre". il s'agit de Daniel Vadasz. "Lui et sa collègue sont écoutables lorsqu'ils ne forcent pas leur voix. Hélas ! ils les forcent le plus souvent, même si elles sont déjà amplifiées. Ce qui nous parvient de la scène est alors exécrable. J'en ai eu mal aux oreilles". Comme rien ne trouve grâce aux yeux de cet Aristarque, il regrette que Johann Strauss fils ait occupé presque tout le programme car cela devient lassant à la longue ! Mais heureusement qu'il y avait les danseurs, quatre couples venus eux aussi de Budapest et portant des costumes très colorés. Là notre critique s'humanise et reconnaît le style impeccable ainsi que les chorégraphies élégantes et originales. Renseignement pris, il semble que la chanteuse absente soit Zsuzsa Kalocsai qui chante régulièrement au théâtre de l'Opérette à Budapest, Daniel Vadasz aussi d'ailleurs !





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