ACTUS DE HONGRIE


Par Rédigé le 27/10/2010 (dernière modification le 27/10/2010)

Drame à l'Opéra de Budapest
Un peintre hongrois en Turquie
Une cinéaste honorée
Atmosphère colombienne
Une coopération exemplaire
Le cube qui rend fou


Drame à l'Opéra de Budapest

Palais des Festivals à Bayreuth, photo de Rico Neitzel le 16 juillet 2006
Le chef d'orchestre Ádám Fischer, qui reproche au gouvernement de Viktor Orban de trop intervenir dans les affaires de l'Opéra de Budapest, a décidé de quitter cette institution. Fin septembre dernier déjà, il avait démissionné de ses fonctions de directeur général de la musique. Dans un entretien au quotidien Népszabadság proche du parti socialiste, il déplore cette immixtion constante et la fâcheuse habitude qu'ont les membres du prestigieux établissement de s'adresser à tout propos et pour leur intérêt au pouvoir politique. Cependant le chef, né à Budapest le 9 septembre 1949 et qui jouit d'une excellente réputation internationale, dirigera encore quatre concerts durant la saison 2010-2011. On se souvient qu'en 2001 et jusqu'en 2004, il avait dirigé Der Ring des Nibelungen de Richard Wagner au festival de Bayreuth. Depuis quelques années, sous sa direction, se déroule aussi à Budapest un Festival Wagner de très haute tenue. L'été dernier, outre cette même Tétralogie, on a pu voir un très beau Tristan und Isolde. Le Palais des Arts respectait pour la circonstance le rituel wagnérien, début à 16h et entractes d'une heure, même les fanfares invitaient les spectateurs à rejoindre la salle... Par ailleurs, le 22 octobre, Lajos Vass, directeur général depuis 2006 et, dont le contrat expirait normalement le 30 juin 2012, était relevé de ses fonctions ainsi qu'Attila Szabo, directeur financier. Le ministère des Ressources nationales, qui regroupe la Santé, l'Education, la Culture et la Jeunesse lui reproche à ce dernier sa mauvaise gestion. Un contrôle des finances de l'Opéra a en effet révélé de multiples irrégularités. "Nous pouvons affirmer que les dirigeants ont gaspillé les fonds de l'Opéra", a indiqué Gabor F. Hardy, commissaire du gouvernement chargé de cette opération. D'après lui, le déficit atteint 1,3 milliard de forints, soit environ 4,734 millions d'euros et les 90 millions de forints, quelque 328000 euros, accordés par l'Union européenne pour organiser les évènements marquant la présidence hongroise, à partir du 1er janvier prochain, ont déjà été dépensés.

Un peintre hongrois en Turquie

Le cèdre solitaire, peinture à l'huile, 248 × 194 cm, 1907
Géza Szőcs, secrétaire d'Etat à la Culture, était ces jours-ci à Istanbul, ville qui partage avec Pécs et Essen, le titre de capitale de la Culture 2010. Il se trouvait sur le rives du Bosphore pour inaugurer au musée Pera, une exposition consacrée à Tivadar Kosztka Csontváry, trente-neuf toiles dont le célèbre "Cèdre solitaire "datant de 1907. Né le 5 juillet 1853 à Kisszeben, aujourd'hui Sabinov e Slovaquie, il a en 1880 une vision mystique et abandonne la pharmacie pour se consacrer à la peinture. Il voyage dans le bassin méditerranéen et expose à Paris où il connaît davantage de succès que dans son pays. Un musée sis 11 rue Janus Pannonius à Pécs est consacré à ce peintre post-impressionniste, il abrite les grands tableaux inspirés par le Moyen-Orient tels «Baalbek» ou «A l’entrée du mur des Lamentations». Csontváry meurt le 20 juin 1919. L'exposition dure du 26 octobre au 12 décembre prochain.

Une cinéaste honorée

Márta Mészáros qui a à son actif une soixantaine de films comme réalisatrice et une quinzaine comme scénariste, a reçu la médaille d'or lors du 46e Festival international du film de Chicago qui s'est terminé le 21 octobre. Ceci en reconaissance d'une longue carrière commencée dans les années 50 et souvent récompensée, Grand Prix du Jury à Cannes en 1984 pour Napló gyermekeimnek, Journal à mes enfants, Ours d’argent en 1975 à Berlin pour Örökbefogadás "Adoption". A Chicago, fut projeté Utolsó jelentés Annáról "Last Report About Anna", film de 2009 où Márta Mészáros évoque la vie d'Anna Kéthly, femme politique hongroise morte en 1976 en exil, dans la ville belge de Blankenberge.


Atmosphère colombienne

Gabriel García Márquez, 1984, par Mangostar
Comme chaque année depuis 1983, le festival Musica de Strasbourg, présentait en septembre dernier, un opéra contemporain, en collaboration avec l'Opéra national du Rhin. Il s'agissait là, d'un ouvrage lyrique de Peter Eötvös, le sixième, Love and other demons, opéra en deux actes, sur un livret de Kornél Hamvai, en anglais, latin, espagnol et yoruba, une langue d'Afrique de l'ouest. Après avoir exploré l'univers de Tchekov pour Trois sœurs et de Genet pour Le Balcon, le compositeur s'est intéressé cette fois au roman Del amor y otros demonios de Gabriel García Márquez, autre prix Nobel latino-américain en 1982. L'œuvre composée en 2007, était une commande pour le Festival de Glyndebourne, elle y fut créée le 10 août 2008, sous la direction de Vladimir Jurowski. Elle raconte l'histoire de la jeune fille d'un marquis, mordue par "un chien gris avec une pleine lune sur le front". Soupçonnée d'être possédée par le diable, elle possède à son tour le prêtre qui doit l'exorciser et qui est amoureux d'elle. La mise en scène a été confiée au Roumain Silviu Purcarete qui situe l'action dans le décor d'une sorte de palais-couvent du XVIIIe siècle, assez délabré, qui restitue fort bien l'univers baroque de Marquez, n'y manquent même pas les danses africaines, ni les religieuses possédées. La musique est plus proche de celle de l'opéra traditionnel que dans les précédentes œuvres d'Eötvös et rend parfaitement l'atmosphère fantastique. Le compositeur a dirigé lui-même trois des quatre représentations de cette œuvre fascinante.

Une coopération exemplaire

Pornocrates de Félicien Rops ,1896
Avec "Les Ropsodies hongroises", Félicien Rops, peintre, dessinateur, graveur et ami de Baudelaire, est à l'honneur à la Galerie nationale. Ceci dans le cadre de l'accord culturel entre la Wallonie et la Hongrie, et plus particulièrement entre le musée hongrois et le musée Félicien Rops de Namur, ville natale de l'artiste, à l’occasion de la Présidence belge du Conseil de l’Union européenne. Cette coopération belgo-hongroise s'était déjà manifestée en 2009 à Namur, avec l'exposition Mihály Zichy - Gustave Doré, deux "monstres de génie". Les œuvres présentées, quelque 150, proviennent du musée Rops et aussi de collectionneurs belges. Félicien Rops naît le 7 juillet 1833 à Namur. En 1866, il illustre "les Épaves" de Baudelaire qui dira de lui "Rops est le seul véritable artiste - dans le sens où j'entends, moi, et moi seul peut-être, le mot artiste - que j'aie trouvé en Belgique." Installé à Paris en 1874, il se lie avec des Hongrois dont le peintre Mihály Zichy. La Hongrie n'était pas une inconnue pour lui car bien avant son premier voyage dans le pays, il parlait de ses ancêtres hongrois, filiation qui ne semble pas avoir été prouvée d'ailleurs. En 1879, Rops se rend pour dix jours en Hongrie. En aout 1885, il y revient avec un groupe de trente-cinq artistes et écrivains pour visiter l'Exposition Nationale de Budapest. Les œuvres inspirées par ces voyages sont dans une section particulière de l'exposition. Rops voulait faire paraître ses impressions de voyage sous le nom de Rapsodies Hongroises mais le projet n'aboutira pas, seules quelques pages et des lettres ornées de croquis en marge donnent une idée de ce qu'aurait pu être l'album. Il meurt à Essonnes, devenu Corbeil-Essonnes, le 23 août 1898. L'exposition, qui a précédemment été présentée à Ljubljana et Tallinn est visible du mardi au dimanche, de 10 à 18h, jusqu’au 9 janvier prochain.

Le cube qui rend fou

Quand l'énigme est résolue, Mike Gonzalez, 2005
Le championnat d’Europe de Rubik’s cube qui s'est déroulé au Palais des Congrès de Budapest du 1er au 3 octobre, a réuni 280 candidats venus de 25 pays et parmi eux 21 Français. Le premier championnat du monde s’était déjà déroulé dans la capitale hongroise en 1982, ce qui prouve l'intérêt que suscite encore, trente ans après son lancement, ce "casse-tête" qui s'est vendu à près de 80 millions d’exemplaires en France et à plus de 350 millions dans le monde. Les épreuves étaient variées et assez insolites parfois, telles ce Rubik’s cube 3x3 qui doit se résoudre avec les pieds, à une main, avec le moins de mouvements possibles ou les yeux bandés, celles du 2x2, du 4x4, du 5x5 par exemple... Le Rubik’s Cube fut inventé en 1974 par Ernö Rubik, professeur d’architecture qui l'avait créé pour ses étudiants avec un objectif pédagogique.
Mais il semble que maintenant ces valeureux candidats aient un rival redoutable, en effet Rubot, un robot comme son nom l'indique, résout l'énigme en 23 secondes, c'est le temps qu'il lui faut pour trouver la bonne solution parmi les 43 milliards de milliards de combinaisons possibles, exactement 43 252 003 274 489 856 000 ... Il figure dans le livre Guinness des records comme le robot le plus rapide pour cette opération. C'est l'œuvre d'un ingénieur irlandais, spécialiste d'aéronautique qui n'en est pas à sa première découverte dans ce domaine. Il paraît que la technique utilisée pourrait l'être à des fins militaires.






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