Antananarivo vaut le coup d'oeil


Par Feno Randrianirina Rédigé le 15/11/2008 (dernière modification le 15/11/2008)

Autour d'Antananarivo, au cœur de l'Imerin'ambaniandro, s'étendent les Hautes Terres de l'Imerina. Ici, au XVIIIe siècle, s'est constitué le royaume qui donna naissance à l'État malagasy, lorsque le roi Andrianampoinimerina énonça son objectif d'unir tous les peuples de la Grande île. Sa devise est « Ny arivo lahy tsy maty indray andro » où « les milles hommes ne meurent pas en un jour ».


Antananarivo, appellée familièrement Tana est la capitale de Madagascar. Située au milieu de l'axe nord-sud du pays, elle constitue réellement la porte d'entrée du tourisme malagasy. C'est là que convergent vols internationaux et nationaux, et qu'on y transite obligatoirement pour réduire les distances d'une région à l'autre. Un changement volontariste s'impose cependant afin que cette ville devienne un lieu de bonheur de vivre au quotidien et d'accueil, compte tenu de l'extension et de la transformation à organiser. Nous tâchons à faire la promotion de cette ville car on ne peut pas aimer une ville que l'on ne connaît pas et à laquelle on ne s'identifie pas. Régénérer ma ville, c'est aussi me sentir capable d'espérer et d'accueillir dans cet espoir le monde entier et lui donner plus de beauté.


Ville d'une conquête

Antananarivo, située à un point stratégique des Hauts-Plateaux fut dans un passé lointain tenue par les souverains primitifs « vazimba » avant d'être prise en 1610 par le roi Andrianjaka qui y installa une garnison de mille hommes, d'où son nom. Le roi Andriamasinavalona partagea ce royaume entre ses quatre fils et un neveu. Ce dernier, le roi Andrianampoinimerina, à la faveur de luttes fratricides, reprit la capitale en 1794, afin de consolider l'unité malagasy. La ville-des-milles-guerriers, Vohitsara ou la cité de beauté, ou simplement Tana... sont autant de noms et de qualificatifs pour cette capitale de Madagascar. Elle est édifiée à partir de l'une des douze collines sacrées  celle d'Analamanga - la fôret bleue où s'élève le Palais de la Reine. Juchée sur un énorme rocher, elle domine la vaste plaine du Betsimitatatra.

Surnommée la « Cité-des-Mille-Guerriers » en souvenir des chefs-guerriers qui allaient imposer et étendre leur domination à toute la région des Hauts-Plateaux, elle a gardé des vestiges, certes parfois mutilés, de son glorieux passé, les complètent d'autres centres d'intérêts plus récents. Elle se compose de 3 niveaux bien distincts:

la ville basse s'étend autour de l'Avenue de l'Indépendance, jadis lieu d'un important marché, le Zoma. Cette basse ville est reliée à tous les quartiers, notamment celui de Mahamasina et le plan d'eau d'Anosy, la ville moyenne s'étale à mi-collines avec ses maisons traditionnelles et la belle place de l'Indépendance, centre commercial et financier, la haute-ville qui est dépositaire de l'âme d'Antananarivo avec ses palais, ses églises en pierres de taille, ses vieilles demeures à colonnades, ses places.

Que ce soit dans la ville haute ou dans la partie basse, il faut se laisser aller au hasard et c'est ainsi qu'on appréciera le mieux les « mille visages » de cette ville aux « mille villages ». Il est nécessaire cependant de se fixer quelques points de repère faciles, tels que le lac Anosy, le marché du Zoma, le Palais de la Reine. A visiter ce dernier car bien que réduit à l'état de nobles ruines par un incendie criminel un 6 novembre 1995, il est invitation à remonter le temps (lieu de sépultures royales). L'évocation du passé notamment des célèbres reines de Madagascar se poursuit dans l'ancien palais du Premier ministre (Palais d'Andafiavaratra), un bâtiment fin XIXe où sont exposés vaisselle, objets d'apparat, parures et autres documents sauvés des flammes.


Repères historiques

Le 17e siècle 1610-1630. On accorde à Andrianjaka, roi Hova, la prise au roi vazimba, Rafandrana, de la plus haute des 12 collines de l'Imerina (1468 m) appelée « Analamanga » (la colline bleue). Andrianjaka y fit bâtir un « rova » (une forteresse) défendu par près de mille hommes. D'où son nom d'Antananarivo, « la cité des mille ». N'ayant aucun document écrit, antérieur au témoignage du français Nicolas Meyeur et à son écrit qu'il fit après son voyage à l'intérieur de l'île en 1777, l'histoire de la création d'Antananarivo n'est basée que sur des traditions orales.

Le 18e siècle 1710 Andriamasinavalona, Roi d'Antananarivo partage son royaume entre ses 4 fils. Division de l'Imerina 1777 Le français Mayeur est le premier européen à visiter Antananarivo et en donne pour la première fois un récit écrit. 1794 Ramboasalama alors prince d'Ambohimanga (plus tard, appelé Andrianampoinimerina), s'empare d'Antananarivo pour restaurer l'unité merina. Il règnera jusqu'à sa mort.

Le 19e siècle 1810 Radama I prend les rênes du pouvoir à Antananarivo 1817 Le sergent Hastie, envoyé anglais, arrive à Antananarivo pour obtenir l'abolition de la traite des esclaves 1820 Arrivée du pasteur Jones de la LMS. Ouverture de la première école à Ifidirana 1824 Début des travaux de traduction de la Bible en Malgache 1826 Arrivée de James Cameron 1827 La première imprimerie fonctionne à Antananarivo 1832 Arrivée du français Jean Laborde 1839-40 Construction du Palais de la Reine (Manjakamiadana) 1849 Le 28 mars, Martyre des chrétiens 1852 Construction du tombeau du Premier Ministre, à l'initiative de la Reine Ranavalona I qui devait faire appel à l'anglais Cameron et au français Jean Laborde 1868 à 1880 Cameron devait contribuer à doter la ville de nombreuses maisons de briques, supplantant les constructions en bois, seules permises auparavant 1861 Le médecin, Dr Andrew Davidson de la LMS, fonde le premier dispensaire 1862-63 Règne très court du Roi Radama II 1863-68 Règne de la Reine Rasoherina 1868-83 Règne de la Reine Ranavalona II 1883-95 Règne de la Reine Ranavalona III. Ces trois règnes successifs marquant le retour des architectes et des missionnaires européens qui fortement inspirés des temples, églises et cathédrales d'Europe commencent à bâtir des édifices religieux : Ambohipotsy (1863), Ambatonakanga (1864), Ampamarinana, Faravohitra, le petit temple à l'intérieur du Rova, la cathédrale catholique d'Andohalo et la cathédrale anglicane St-Laurent d'Ambohimanoro. 1895 Le 29 septembre marque la prise d'Antananarivo par les forces françaises commandées par le Gal Duschesnes 1896 Le 6 août, Madagascar est déclarée colonie française 1896 Le 16 septembre, l'arrivée du Gal Galliéni donne à Antananarivo un nouveau statut, celui de la capitale de Madagascar. La ville se transformera alors : construction de nouvelles voies urbaines, création d'écoles primaires, fondation de l'Académie Malgache (1902), de l'Ecole de Médecine (1897), de l'Institut Pasteur (1898), de l'Assistance Médicale (1899) De 50 000 habitants en 1895, la capitale atteint les 70 000 habitants en 1925. Elle subit des aménagements et transformations : création de nouveaux quartiers dont celui d'Antaninarenina (quartier administratif), celui d'Analakely (quartier commercial) dont le marché sera aménagé en 1925 ainsi que les percements des tunels Hubert Garbit et d'Ambanidia. Depuis, la ville poursuit son extension : 160 000 habitants en 1946, 200 000 habitants en 1954 et le recensement général de la population et de l'habitat effectué en 1993 nous apprend que plus d'un million d'âmes vivent aujourd'hui dans le « Grand Antananarivo »






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