Après l'athéisme, la franc-maçonnerie fait dans l’œcuménisme

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Par Jean-Marc Aractingi Rédigé le 04/06/2012 (dernière modification le 02/06/2012)

On croyait cette vénérable institution enfermée sur elle-même, empêtrée dans ses batailles de clocher comme c’est encore le cas aujourd’hui à la Grande Loge Nationale Française, et voilà que quelques uns de ses membres tendent la main vers l’Orient. Non pas l’Orient "éternel" où siègent symboliquement leurs chefs (les "vénérables"), mais l’Orient géographique, le vrai, celui des Arabes et des Musulmans.


La Maçonnerie, née des salons bourgeois à l’aube du XVIIIe siècle, est essentiellement marquée par une symbolique et une mythologie très judéo-chrétienne, à l’image de l’époque qui la voit grandir. Ceci explique que les occidentaux de confession musulmane, français ou les européens, sont très peu représentés au sein des loges et obédiences actuelles. On est très loin de toute forme de représentativité sociale. Un musulman est, en effet, en perte totale de ses repères culturels face aux rituels et symboles qui structurent la franc-maçonnerie.

Cette "société discrète" enfin est généralement rejetée, parfois de façon violente (la fatwa n’est pas la seule arme), dans la plupart des pays arabes alors qu’elle y possède une histoire, souvent liée aux démarches initiatiques propres au soufisme, aux ésotéristes druzes ou au chiites par exemple.

Sensibilisés par cette question, quelques "frères" décident alors de monter de toutes pièces une nouvelle obédience dont la vocation est clairement de porter le message maçonnique partout en Orient, y compris là où il est le plus mal venu, afin de ne pas laisser dans l’ombre des femmes et des hommes écartés des "lumières" de l’initiation maçonnique. Une forme d’utopisme probablement, d’autant qu’une telle ouverture ne peut se faire sans les attaques et dénigrements des autres "clochers" maçonniques, en toute fraternité naturellement! Ces derniers guerriers bien occidentaux, conçoivent très mal une ouverture maçonnique à l’aide de moyens modernes comme internet. Le pragmatisme américain n’est pas de mise ici, surtout après plus de trois siècles d’enfermement sur soi: il est plus naturel et plus facile de rester "entre-nous", de mettre une majuscule au mot tradition et d’en sacraliser la notion pour n’en rien changer. C’est plus rassurant et plus confortable à la fois. La franc-maçonnerie est, en ce sens, un parfait reflet de notre société.

Historiquement et spirituellement fille du "Grand Orient arabe" né dans les années cinquante au Liban, une terre où cohabitent (difficilement) toutes les tendances du christianisme et de l’islamisme, le "Grand Orient arabe œcuménique" est donc né en 2010. L’équilibre fragile entre les différentes cultures repose sur un nouveau rite dit "œcuménique" qui, sans renier le travail de ses pères fondateurs qui sert de matière première (de "pierre brute" disent les maçons), fait le lien entre l’Orient et l’Occident; entre les trois religions du Livre que sont le judaïsme, le christianisme et l’islamisme.

Sans fard ni artifice, il affiche son insolente fraîcheur sur le net avec un tout jeune site (www.goao.org) ayant choisi le phénix pour emblème. En avance sur son temps? Le risque est réel, car on a toujours tord d’avoir raison trop tôt. L’avenir nous le dira…





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