Bénin : recul général des taux de réussite aux examens de fin d’année


Par Gervais Loko Rédigé le 01/09/2010 (dernière modification le 02/09/2010)

Le niveau des élèves béninois est-il en régression ? Trop tôt pour le dire mais l’année scolaire 2010 n’a pas été brillante. Les divers examens ont, en effet, enregistré une contre-performance par rapport aux années antérieures. Une baisse de forme due à plusieurs facteurs.


Les grèves perlées dans le secteur de l'éducation ont exposé les élèves à une longue récréation (crédits Polycarpe TOVIHO)
Les résultats de tous les examens de fin de l’année scolaire 2010 sont désormais connus. Et partout le taux de réussite est en baisse par rapport à l’année 2009. Le BAC, premier examen à afficher ses résultats mi-août, a enregistré un pourcentage de succès de 35,16% au plan national. En effet, sur les 66 544 candidats inscrits, 21 941 ont été déclarés admissibles, laissant ainsi sur le banc de touche plus de 44 000 candidats. En 2009, le taux d’admissibilité était de 37,08%. Dans certains départements du pays, la baisse est encore plus considérable. Dans l’Ouémé-Plateau (Est du pays), seuls 31,7% des candidats ont pu tirer leur épingle du jeu. Parakou, la grande métropole du nord, n’a enregistré qu’un taux de réussite de 27,69%.
Le Brevet d’études du premier cycle (BEPC) aussi n’a pas souri à beaucoup d’élèves. Sur les 143 746 candidats ayant pris part effectivement à l'examen, 66 533 ont été déclarés admissibles, soit un taux de réussite de 46,98%. Un taux qui vient en diminution de 2,16% par rapport à l'année 2009. Si dans des départements comme l’Atlantique et le Littoral (Sud du pays), le succès a culminé à 51,57%, certains n’ont même pas atteint le taux de réussite national. C’est le cas du Mono et du Couffo (Ouest du pays) qui ont affiché 35,68% ou des départements de l'Atacora et de la Donga (Nord du pays) ayant fait 40,5%.
Les candidats au Certificat d’études primaires (CEP) n’ont pas non plus fait mieux. En 2010, il y a eu une baisse de 8% dans le taux de réussite par rapport à 2009.
Pour la plupart des acteurs du secteur de l’éducation, cette contre-performance générale est due aux nombreux mouvements de grève qui ont émaillé l’année scolaire. Des mois entiers, écoles, collèges et lycées ont fermé leurs portes, attendant le dénouement du bras de fer entre gouvernement et syndicats des enseignants. Le bras de fer a été si long que le calendrier scolaire a finalement été allongé d’un mois. Pour beaucoup, pendant le débrayage, la plupart des candidats ont tout simplement désappris.
La cause de la contre-performance n’est pas à rechercher dans cette année seulement, estiment certains acteurs de l’éducation. "La qualité de l’enseignement est remis en cause dans notre pays", souligne un enseignant de Cotonou qui rappelle que le BAC 2009 avait lui aussi connu une baisse par rapport à 2008 (37,49%).
Certaines organisations de la société civile et parents d’élèves accusent, quant à eux, les chaînes de télévision qui diffusent à longueur de soirée les telenovelas, ces feuilletons sud-américains qui connaissent un succès fou particulièrement dans les rangs des jeunes. "Ces téléfilms empêchent les enfants d’apprendre leurs leçons. Ils passent trop de temps devant les télés. Pour chaque soir, il y a cinq à six feuilletons à suivre. Et quand ils se retrouvent entre eux, ils ne parlent que de ça", confie un parent de trois élèves dont un a échoué au BAC et un autre au BEPC.





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