Burkini sur les plages des îles de loisirs – Cette Région est-elle dans son droit de l'interdire ?


Par Rédigé le 20/06/2022 (dernière modification le 20/06/2022)

Depuis l’adoption du port du burkini dans les piscines municipales de Grenoble, sa suspension par le tribunal administratif, suivi de l'examen du recours de la ville par le Conseil d’Etat, les pro burkini nagent dans la confusion.


Sur 3 000 ha de nature et 1 000 ha de plan d’eau, les 12 aires de loisirs de la région francilienne offrent à tous la possibilité de s’évader et de se détendre, mais aussi de pratiquer de nombreuses activités. © Région Ile-de-France
A ce jour aucun texte de loi n'a été adopté pour autoriser ou interdire le port d'une tenue spécifique dans des lieux de baignade. L’usage du burkini n’est donc pas formellement proscrit.

Inventé par une styliste australienne, ce vêtement permet aux femmes musulmanes d'associer le sport nautique et leur croyance religieuse. Il ne couvre pas le visage, les mains et les pieds mais une grande partie du corps et les cheveux.

Depuis son apparition en France, il est considéré par ses opposants comme une version aquatique du voile islamiste. Pour la présidente LR de la Région Île-de-France Valérie Pécresse, « l'Etat doit maintenant choisir, cesser d’esquiver le sujet et dire quel doit-être le droit sur tout le territoire ». Aujourd’hui, la décision d'autoriser le burkini dans les piscines municipales revient aux maires. C'est le cas à Rennes depuis quatre ans. Pour le cas de la ville de Grenoble, le Conseil d'Etat a tranché et va bientôt se prononcer.

Que dit le règlement de la Région d'Île-de-France ?

En France, il est officiellement interdit pour des raisons d'hygiène : préserver la qualité de l'eau et sécuritaires : faciliter le sauvetage ...

Dans une lettre datée du 17 juin, la Région Île-de-France a manifesté son soutien au directeur de l’aire de loisirs de Boucles de Seine. La base a été accusée quelques jours plus tôt, d'islamophobie et de racisme après avoir demandé à une jeune femme d'enlever son burkini. Face aux attaques, les employés se défendent d'avoir inviter la plaignante à respecter le règlement du parc. Depuis une dizaine d'interpellations ont eu lieu sur les iles francilienne, le vice-président Patrick Karam dénonce des «provocations ».

Chargé des loisirs, de la citoyenneté et de la vie associative, il souligne au responsable de l'île des Yvelines que « l’article 5 du règlement spécifique de la baignade dispose que conformément aux souhaits de la Région, la tenue imposée est le maillot de bain. La baignade en toute autre tenue et notamment dans des vêtements couvrant le corps dont le burkini est donc proscrite ».

Plus loin, il ajoute, « il est impossible d’ignorer l’impact du non-respect de ce règlement en terme de sécurité (…) le burkini pose une question de sécurité pour les femmes qui le portent puisqu’il ne permet pas aux services de secours de prodiguer rapidement les soins nécessaire aux victimes en gênant les opérations de sauvetage ».

La Région accusée de discrimination et de racisme

Pour le respect du règlement par les usagers, la collectivité s’appuie sur sa Charte régionale de la laïcité et des valeurs de la République.

Une position que ne partage pas le Défenseur des Droits (DDD). En 2020 motivée par une plainte du CCIF, l'adjointe de la Défenseur George Pau Langevin contestait le règlement du Parc de Jablines et le considérait comme discriminatoire.

Selon le DDD, le burkini a justement été conçu pour la baignade et « ni la sécurité, ni l’hygiène des baigneuses n’apparaissent a priori menacées ». Quant aux troubles à l'ordre public, « ils paraissent davantage imputables aux réactions violentes de personnes incitant à la haine face au port du burkini et aux convictions religieuses qu’il peut exprimer ».

Un avis « hallucinant », jugent jugent Patrick Karam et les élus de droite. « Il révèle un parti pris inadmissible pour une minorité de provocateurs islamistes téléguidés par le CCIF » .

Les directeurs des aires de loisirs appelés à interdire le burkini

Rétropédalage de l'ancienne ministre socialiste face au tollé des partisans de l’interdiction du burkini. La rapporteur adjointe rétorque « n'avoir pas encore rendu de décision ». Son propos n'était qu'une « étape » permettant à la base de loisirs « d'apporter tout élément qui lui semble utile à l'instruction de cette affaire ».

Afin de réaffirmer « son engagement total contre tous ceux qui veulent faire plier les valeurs de notre République », le vice-président de la Région adressera dans les prochains jours un courrier à tous les présidents des aires.

Au nombre de 12 , les îles de loisirs de la Collectivité se répartissent sur 3 000 ha de nature et 1 000 ha de plan d’eau. Elles accueillent chaque année plus de 4 millions de Franciliens.

NK




Journaliste - Chroniqueuse Formée à l'ESJ Paris - INA - EMI - Formation Club France… En savoir plus sur cet auteur


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