D'Alexandrie à Bordeaux par les terres - 9


Par Aude THEPENIER Rédigé le 22/10/2008 (dernière modification le 08/12/2008)

Aude vit en Egypte à Alexandrie depuis deux ans et demi et a envie de regagner pour l’été son Bordeaux natal de façon plus originale qu’un banal voyage en avion. Jeanne vit à Bordeaux et a besoin d’évasion, c’est l’occasion rêvée pour rendre visite à son amie en Egypte et d’entreprendre un voyage inoubliable autour de la Méditerranée.
Episode 7 – Sur les Rives du Bosphore (2)


De l’autre côté du pont de Galata, Istanbul change de physionomie, elle se fait plus orientale, avec ses souks, ses mosquées anciennes, et forcément ses touristes… Dans le quartier de Sultanahmet, les monuments historiques de la ville qui font sa célébrité sont concentrés sur quelques centaines de mètres carrés seulement, c’est assez impressionnant et on se sent tout petit : à gauche la mosquée bleue, à droite Sainte-Sophie, juste derrière le palais de Topkapı et sous nos pieds la grande Basilique-Citerne ! On ne sait pas par quoi commencer… Devant Sainte-Sophie, une file d’attente s’étire déjà le long du trottoir, on opte alors pour Topkapı, au moins on patientera dans les jardins du Palais. Finalement il n’y a pas trop de monde, ou tout du moins est-il assez bien réparti comme le site a l’avantage d’être étendu. C’est même presque désert dans la partie la plus intéressante du Palais des anciens Sultans Ottomans : le Harem. Il faut dire que le prix du ticket supplémentaire pour y entrer est prohibitif, mais cela en vaut l’effort financier ! Les magnifiques céramiques bleues d’Iznik, les styles décoratifs et les époques se succèdent de salles en salles de cette prison dorée pour femmes et eunuques. C’est excitant d’imaginer la vie qu’ils menaient dans ce harem avec son lot d’intrigues.

Les classiques

En fin de journée l’affluence se tarit à Sainte-Sophie ou « Aya Sofia », c’est notre tour ! A l’intérieur, on fait la « connaissance » d’une petite chatte qui se comporte en véritable propriétaire des lieux, se prélassant sur le marbre, gambadant entre les colonnes et venant accessoirement se frotter aux visiteurs consentants. Pas de doute, c’est ici chez elle. La basilique byzantine reconvertie en mosquée puis transformée en musée par Atatürk reste très impressionnante et très solennelle malgré les échafaudages qui barrent la moitié de sa perspective. Ils sont là pour soutenir la coupole centrale du bâtiment, prouesse architecturale mais qui menace de s’écrouler… Istanbul c’est aussi un programme chargé de visites de mosquées. Elles commencent par l’adorable petite mosquée de Rüstem Pacha aux proportions parfaites et aux céramiques d’un bleu intense, et se terminent par la grandiose Mosquée Bleue qui est peu propice au recueillement tant ça grouille à l’intérieur. C’est l’occasion d’observer la mode du voile à la stambouliote, portée par les jeunes filles soyeux et par-dessus un chignon haut qui semble prolonger la tête de telle sorte qu’elles font penser à des petites fées du Moyen-Age. Un détour par la Basilique-Citerne : celle-ci est une étonnante citerne souterraine de l’époque byzantine à 336 colonnes et aux carpes obèses gavées par les touristes. Les jeux de lumière ainsi que le parcours sur des passerelles dans la moiteur ambiante en font un lieu très irréel. Quant au Grand Bazar, il a perdu quelque peu de l’authenticité des souks orientaux. Les commerçants y sont intraitables en négociation car ils savent que d’autres touristes achèteront au prix fort sans discuter, alors pour eux pourquoi donc se fatiguer à négocier les prix ? Tant pis, on n’en partira que plus légères… Après chaque journée de visite, on a l’habitude de regagner l’autre rive pour rejoindre notre petit chez-nous temporaire qu’on nous a prêté pour quelques jours. Il s’agit de l’étonnant studio-atelier de Secil, une artiste turque visiblement folle de poterie tant son petit appartement en est remplie ainsi que de tous ses outils, instruments, pigments, pinceaux, jusque dans la chambre où il n’y a guère de place que pour un lit.

Calme et volupté

Pour finir en beauté notre séjour à Istanbul, rien ne vaut les vapeurs chaudes du hammam turc, qui plus est celle du hammam Çemberlitaç, un joyau architectural du XVIème siècle. Rien que de pénétrer dans son enceinte, on est transporté dans une ambiance délicieusement feutrée, dédiée à la beauté et aux plaisirs des sens. La salle des femmes est magique : une coupole étoilée de rayons de lumières, une grande dalle chauffante en marbre et tout autour des vasques qui recueillent les eaux alternativement brûlantes ou rafraîchissantes. Au milieu, des odalisques modernes ; des femmes de toutes nationalités à moitié nues avec lesquelles on partage la beauté du lieu, toutes lascivement étendues sur la pierre brûlante. On a l’impression de retrouver une intimité entre femmes qui remonterait à des temps ancestraux et une nudité à laquelle on n’est guère plus habituée. Soudain un bataillon de masseuses seins nus fait son entrée, elles entreprennent de nous frotter, nous masser et nous shampouiner une par une. On se laisse emporter dans le flot de cette mousse savonneuse et de ces eaux bienfaisantes… 


Tags : Alexandrie



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