Du sur-journaliste Amobey (RFI)


Par Rédigé le 13/10/2010 (dernière modification le 13/10/2010)

Dans sa capacité à forger les néologismes en plein vol, il est aussi une réincarnation du magicien du verbe : Césaire. L’Aimé dont la terre entière a suivi l’apothéose grâce aux TIC. En séjour au Burkina, l’artiste humoriste ivoirien Zongo a dit : "pour faire de l’improvisation, il faut avoir de la provision" (L’Opinion du 19 au 25 mai 2010). C’est la loi chez le producteur de Plein SUD.


Amobey avant son interview avec Piane Djiré chanteuse burkinabè au Fespaco 2005 (photo personnelle)
Il maîtrise toutes ses notes à la perfection comme un jazzman, pour mieux improviser à l’antenne. "Plus vous apprenez, moins vous savez" ! Armez-vous de science et de conscience jusqu’aux dents pour paraphraser celui qui lui a insufflé le feu sacré. Il est parmi les hommes de médias les plus savants de sa génération, c’est un risque assez sûr que de faire une telle affirmation. Il a l’analyse, la synthèse et l’intuition au même degré. Il s’agissait de Alain Mévégué désormais "Amobey Mévégué", de la "radio de l’intégration fédérale" (RFI) pour l’ironie, c’est la recolonisation française intensifiée ! "J’ai 20 appels par heure soit 200 appels pour 10 heures ; donc c’est l'email qui semble efficace pour me joindre". Celui qui le dit est à sa 16e année à RFI. La RFI aujourd’hui, est la principale source d’information de l’élite urbaine africaine. Il est grand de taille comme un bon sahélien venu du Cameroun de Ruben Um Nyobé. Dans un boubou sommaire, il donne l’image d’un peul. Il a la verve comme dit le proverbe esquimau : "l’homme doit mesurer sa hauteur et sa largeur, mais il doit aussi prendre la mesure de sa profondeur, de sa propre histoire. Ce n’est qu’alors qu’il sera grand et éloquent". Par exemple pour la création audiovisuelle selon le texte de Doudou Diène paru dans Patrimoine culturel et création contemporaine, en Afrique et dans le monde arabe (1978).

RFI comme recolonisation française intensifiée ?

Mais il semble que la RFI n’aime pas les émissions sérieuses destinées à l’Afrique au sud du Sahara : "les Africanistes de la radio mondiale reprochent à la journaliste Sophie Ekoué, son "élitisme". Ceux-là n’ont rien compris à l’Afrique", estime le journaliste Thierry Perret, qui suit Sophie Ekoué depuis ses débuts à la radio. "On s’imagine que l’Afrique est faite d’auditeurs qui n’aiment que la rigolade. Les décideurs de RFI n’ont pas la notion des tendances et de la sophistication, de la création africaine contemporaine. Ils n’ont aucune idée des attentes d’un public africain éduqué et cultivé". "Sophie Ekoué te dira que moi Mévégué je suis allé me battre avec la direction parce qu’ils m’ont consulté pour me dire ceci : tu ne trouves pas que ce qu’elle fait est trop intellectuel, Sophie. Je dis quoi ? Ca veut dire quoi ? C’est là que j’ai décidé de mettre dans le même programme à la fois de la superficialité et de la consistance. Car l’impact de cette radio est tel que le paysan de Bobo-Dioulasso doit pouvoir prendre de quoi se satisfaire, donc trouver un degré de lecture et que l’intellectuel aussi puisse déceler beaucoup de profondeur dans les locutions juxtaposées". "Pour celui qui n’analyse pas, il pense que ce programme est fait comme ça", insiste-t-il. Il est "chirurgicalement, intellectuellement" disséqué. (Et le téléphone crépite encore jusqu’au 4e étage de l’hôtel en phase avec les sapeurs pompiers : "excuse-moi", me dit-il, avec une voix qui a déjà subi beaucoup trop de conversation. "Viens, viens, monte !" Voulant encore s’excuser, "non !" lui dis-je. Ça fait parti de la notoriété et de la célébrité. Chaque jeune Ouagalais qui a son contact ou qui a eu vent de l’arrivée de Amobey de RFI veut le voir. Il revient vers moi : "Qu’est-ce que je peux faire pour toi ? J’ai quelque chose à t’annoncer", me dit-il avec une certaine sagesse de 16 ans à la radio. "Ce que je revendique c’est d’avoir infléchi mon positionnement. Je suis l’Africain le plus diffusé. Je suis quelqu’un de l’intérieur de la maison. Je suis "le plus assidu en quotidienne depuis 16 ans". De tout Radio France, personne n’a fait ça. J’ai fait tous les réseaux. Depuis que j’ai découvert cette tromperie quand il est question de traiter l’information africaine. Je suis inclassable. J’ai refusé "la carte de presse" pour cela. La manière dont "le journaliste encarté traite des choses que je maitrise à la perfection ; alors j’ai dit que je ne peux pas appartenir à une corporation. Dans ma tête, le métier de journaliste est une étape dans la vie. Et donc j’ai toujours refusé ça ! Oui, "j’éditorialise" ma posture africaine. Lorsque je parle, je tiens compte du fait que je suis Africain avec toute la charge affective des 3 millions d’années de la plus longue histoire. Ils ont voulu nous mentir. Un Breton ne traite pas l’actualité concernant sa communauté comme un désincarné. Quand Christine Ockrent m’a dit de venir à France 24, je lui ai dit que je ne veux pas être enfermé dans "la musique". Je veux faire des entretiens. Il y a une partie du management, influente, de Rfi qui a un regard rivé pour dire qu’il y a trop de place pour l’Afrique dans les programmes. C’est "la raison principale raison de mon départ de RfI, car cela m’a choqué. Je suis maintenant dans les nouveaux médias".

Amobey sauvé de l’autodestruction

Arraché à son continent à 4 ans pour aller grandir sur les bords de la Seine, il a failli être abandonné par les meilleurs des ancêtres. Or un savant avait rétabli le fil conducteur depuis 1954 avec Nations Nègres et Culture. De l’antiquité nègre égyptienne aux problèmes culturels de l’Afrique Noire d’aujourd’hui. Cela a été la Bible du producteur de l’émission Mémoire d’un Continent sur RFI, Ibrahima Baba Kaké, historien et journaliste.
"C’est Cheikh Anta Diop qui m’a sauvé la vie, en m’apprenant que c’est l’Egypte pharaonique qui est la matrice, contrairement à ce qui m’a été inculqué à l’école en France. Et par la linguistique qui est le véhicule imparable de cette civilisation antique noire, c’est clair ! Cheikh Anta Diop est le plus grand savant que j’ai aimé même si Senghor l’avait écarté. Il est partout, il est dense. Il est parmi nous. Aux Etats-Unis des thèses se tiennent sur lui. Diop parle de rééducation des perceptions, la perception c’est central pour moi car c’est l’imaginaire. Aucun journaliste blanc ne parle de tribalisme, d’ethnicisme au sujet de la crise en Belgique. Pour la Belgique, le journaliste aura une autre perception. Voilà, simplement montrer ce qu’est la perception de soi ! Mais, l’optique déformante des africanistes et des néo-africanistes obscurcissent encore nos perceptions et celles de leurs opinions. Attention ! Les africanistes ce sont des Blancs qui aiment l’Afrique", martèle ce monstre sublime des ondes de la radio mondiale à partir de 14 heures TU pour certaines capitales africaines. "J’ai vu des gens sur l’Afrique, comment ils mentaient. Les Africains seraient mieux inspirés de créer leur Al-Jazira (Si ce n’est la meilleure chaîne d’information au monde)". Le combat de boxe Ali - Forman et le Colloque du Caire en 1974 furent deux événements marquant pour Amobey. Sophie semble remercier le ciel pour la complicité de Amobey sur cette page de JA. Les jeunes filles devraient chercher à la connaître, ça peut anoblir, équilibrer l’image féminine dans les médias.
Notre patrimoine ancestral et culturel nous prédispose à améliorer le sort de la femme sur cette terre selon nos deux Encyclopédistes (Diop et Ki-Zerbo) et la française Noblecourt dans la Femme au temps des Pharaons. Cela a été montré et démontré. Ça suffit ! Et justement les responsables néo-africanistes de RFI n’auraient pas compris que Sophie Ekoué semble être une réincarnation ?

Sauver par néologisme pas de rigolade

Pour eux, les auditeurs africains n’ont besoin que de la rigolade. Quelle condescendance ? Sophie semble remercier Thierry Perret son confrère français qui l’a comprise ! "J’ai eu le privilège de parler de construction de l’imaginaire à des millions de jeunes africains. Vous êtes Amobey, j’ai quitté mon village pour venir vous dire que vous avez ouvert mon esprit", rapporte-t-il, de la part d’un paysan venu d’un village non loin de Ouagadougou la capitale du Burkina Faso. Ce rendez-vous aura permis de savoir qu’Amobey s’est cultivé proprement. "Moi, je travaille tous les jours. Je crée des néologismes comme dans une forge. Le rôle d’un journaliste, c’est de mettre en perspective pour confirmer ou pour infirmer. Car les journalistes ont une responsabilité particulière. C’est de la sagacité ! Et il faut que votre sagacité aille jusque là avait exigé Cheikh Anta Diop à Niamey en 1985 en conseillant cette jeunesse. Quand une autorité politique française balance "qu’il n’y a pas d’autorité parentale en Afrique", vous imaginez ! Donc je capture tout cela dans un esprit d’accueil comme l’Encyclopédie pour ne pas perdre le repère afin de réajuster ces fausses perceptions enrobées d’ignorance." Il remercie Rfi de ne l’avoir jamais censuré. Il ne s’est jamais autocensuré car il croyait à son étoile. "Jeune homme, si tu me reçois tu perdras ton boulot", avertit Nicolas Agbohou, un auteur qui aura montré et démontré comment le Trésor français exploite de façon éhontée l’Afrique à travers la Monnaie de la Compagnie Française d’Afrique (CFA). Amobey a été le premier à le recevoir sur une chaine internationale. Il aura assumé. Il n’a pas été viré. Il aura fait honneur à la profession qui ne sera jamais incolore, inodore, sans saveur. "Enfin, je t’annonce que je quitte RFI, j’y suis arrivé à l’âge de 24 ans, une force intérieure me repositionne en Afrique !"





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