Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 31/03/2011 (dernière modification le 31/03/2011)

Le souffle des révolutions persiste à souffler sur nombre de pays de la rive sud de la Méditerranée et plus loin encore et personne ne s'en plaindra. Encouragés par ce souffle héroïque, certains – des intellectuels et des universitaires principalement - aiment à penser que ces pays sont désormais - du moins faut-il l'espérer pour leurs habitants – sur la voie de la démocratie.


Sur la base de ce postulat, ils n'hésitent pas à poser la question si cela peut faire d'eux des candidats potentiels à l'Union européenne. La Tunisie pour ne pas la citer, d'autres pays dans le cadre de l'UPM auraient bientôt plus leur place au sein de l'Union que le candidate turc, les arguments avancés étant plus économiques et de développement que politiques.
Laissons-les en débattre entre eux et penchons-nous sur les pays européens – géographiquement parlant j'entends – dont la volonté d'entrer dans l'Union européenne semble plus justifier même si elle est loin d'être acquise. La Moldavie, la Bosnie ou encore le Kosovo font tous les trois parler d'eux en ce moment dans la presse. Tous les trois à des degrés différents sont candidats à l'intégration.
La Moldavie, rappelons-le est située aux confins de l'est du continent européen. Le pays est déjà lié à l’Union européenne à travers la première étape d'un accord de partenariat et de coopération. Des discussions sont en cours pour aller plus loin et parvenir à un accord d’association. Ses dirigeants travaillent dans ce sens mais sont en partie bloqués par le problème lié à la Transnistrie, région située à l'est de la Moldavie, à majorité russophone et qui surtout fait sécession sous l'influence de Moscou. Tant que le problème ne sera pas réglé, il n'y a aucune chance que des avancées soient faites vers l'intégration. Pourtant le Premier ministre Vlad Filat souhaiterait que le processus d'intégration du pays soit lié au processus de réconciliation nationale. Il y a là manifestement un décalage entre la volonté des uns et des autres qui ne fera que retarder une éventuelle intégration surtout si le Premier ministre continue de penser naïvement que si "le niveau de vie des Moldaves rejoint celui des autres pays européens, cela facilitera le règlement de la question de la Transnistrie". Une Union européenne où tous les citoyens auraient le même niveau de vie n'existe pas et n'a jamais existé. Mais il est vrai que si la Moldavie, pays le plus pauvre d'Europe pouvait déjà bénéficier d'aides structurelles, ce serait une première étape. Excellente illustration de la mondialisation contre le nationalisme.
La Bosnie quant à elle se trouve dans une impasse politique n'étant toujours pas dotée d'un nouveau gouvernement central six mois après les élections. Bien sûr le pays n'a pas encore battu le record belge, toutefois la situation est préoccupante. Là aussi, les problèmes se posent sur fond de clivages inter-communautaires. Parce que les différents partis n'arrivent pas à se mettre d'accord, toutes réformes est bloquées depuis cinq ans. Rappelons que la Bosnie est composée de deux entités, croato-musulmane et serbe, unies par de faibles institutions centrales qui ne les contraints pas assez à s'entendre. Pourtant sans un gouvernement central, les réformes requises par Bruxelles pour que le pays puisse poursuivre son rapprochement avec l'Union ne pourront pas se faire.
Le Kosovo enfin. On se souvient que le Premier ministre kosovare est soupçonné d'avoir fait au moment du conflit, du trafic d'organes. Aujourd'hui, c'est le chef de l'Etat qui voit son élection invalidée par la Cour constitutionnelle de son pays. Le Kosovo plonge ainsi à nouveau dans la crise et doit s'attendre à de nouvelles élections car celles d’un nouveau président est une condition sine qua non pour l’ouverture de discussions avec tout d'abord la Serbie pour tenter de régler des problèmes nés de l’indépendance du Kosovo, avant d'entamer le processus d'adhésion à l'Union européenne. Un premier round de discussions, sous les auspices de l'Union, s’est déjà tenu le 8 mars à Bruxelles.
Comme quoi la démocratie n'est pas un facteur suffisant pour devenir membre de l'Union européenne.





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