Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 14/04/2011 (dernière modification le 14/04/2011)

Une actualité particulièrement riche cette semaine, deux sujets ont retenu notre attention.
Une douzaine de morts, plus de 150 blessés dont une vingtaine dans un état grave, c'est le bilan lourd de l'attentat qui a eu lieu à Minsk, capitale de la Biélorussie, lundi 11 avril.


Dès mardi, plusieurs personnes – on ne connait pas le chiffre exact – étaient arrêtées. Très rapidement manifestement, des portraits-robots de suspects ont été publiés et plus particulièrement celui d'un jeune homme d'apparence "non slave". Ce qui veut tout et rien dire puisque le pays n'a jamais été touché comme son voisin russe par des attentats islamistes – au cas ou l'expression sous-entendrait un homme de type "basané", c'est-à-dire étranger. De plus, aucun mouvement d'opposition n'a jamais eu recours à la violence comme l'a confirmé Alexandre Milinkevitch leader du principal mouvement hostile au président Alexandre Loukachenko. L'opposition est surtout inquiète de l'exploitation de l'attentat par les autorités biélorusses pour lui serrer un peu plus la vis et les événements semblent ne pas devoir lui donner tort.
On a en effet rarement vu, une enquête aussi rapidement bouclée sans tout à fait l'être d'ailleurs. C'est ainsi que dès mercredi après-midi, les suspects - on ne sait toujours pas leurs noms - avaient avoué et certains ont été écroués entre hier et aujourd'hui. Contrairement à ce qui avait tout d'abord été pressenti, il s'agit de Biélorusses sans motivations politiques apprend-t-on aujourd'hui alors que la veille, ces derniers avaient avouer deux attentats perpétrés dans le pays, en 2005 et 2008 selon toujours les déclarations du président Loukachenko. L'impression d'ensemble reste très confuse. Manifestement, les déclarations suivent non pas les résultats d'enquête mais plutôt un fil incertain d'une politique nébuleuse qui ne sait pas encore comment faire pour exploiter cet attentat à son avantage. C'est ainsi que les déclarations du président Loukachenko sont passées d'un attentat d'un étranger à celui de Biélorusses hostiles au régime pour finir par un acte de déséquilibré. Nul n'est inquiet pour la crédibilité du président biélorusse, celle-ci étant déjà depuis longtemps perdue, toutefois, dans l'exploitation de ce dramatique événement le chef de l'Etat donne une impression d'amateurisme ou plus exactement d'élève peu studieux malgré les leçons du voisin russe.

Au même moment, en Côte d'Ivoire, les troupes du président élu Alassane Ouattara aidées par des militaires français sous mandat de l'ONU ont réussis à déloger le président sortant Laurent Gbagbo de son camp retranché, mettant ainsi un terme à la situation sanglante issue des élections de la fin 2010. Maintenant qu'il est possible de parler en d'autres termes que dithyrambiques d'Alassane Ouattara, les médias français ont été rapides à parler des accointances économiques et politiques de celui-ci avec la France. On nous rappelle ainsi que Nicolas Sarkozy et le président ivoirien se connaissent depuis plus de 20 ans, que les amis du Français sont les amis de l'Ivoirien, ainsi en est-il de Martin Bouygues responsable de l'eau et de l'électricité à Abidjan. Ces révélations ne sont guère à l'avantage de l'homme d'affaires français lorsque l'on sait que la capitale ivoirienne est régulièrement victime de coupure d'eau et d'électricité. Il suffit d'aller sur le net pour obtenir de nombreux témoignages sur ce problème. L'ombre de la "Francafrique" plane toujours sur les relations franco-ivoiriennes et vu les réseaux de Ouattara, il semble qu'il lui sera difficile de s'en détacher. Pourtant, pour que la réconciliation entre Ivoiriens soit effective, il lui faudra donner des gages à une population pro-Bagbo – c'est-à-dire grosso modo, à la moitié du pays – qui elle ne portent pas dans son cœur la France. La situation change, les discours aussi, désormais Alassane Ouattara sera critiqué comme n'importe quel chef d’État. A ses réactions, l'on verra rapidement à qui on a affaire.





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