Edito : Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 09/06/2011 (dernière modification le 09/06/2011)

Une fois n'est pas coutume, la Commission européenne s'intéresse non pas à la corruption des pays nouvellement entrés dans l'Union, entendez la Roumanie et la Bulgarie et par extension les pays d'Europe centrale et orientale entrés en 2004 dans l'Union, ni par principe à celle d'Afrique, mais aussi à celle des pays membres depuis toujours.


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C'est ainsi qu'un nouveau rapport anticorruption avec pour objectif concret, la protection de l'économie légale vient d'être mis en place, rapport qui s'inscrit dans la "stratégie de sécurité intérieure de l'Union européenne en action" présentée par la Commission en novembre 2010. Le projet n'est donc pas nouveau, et comme il n'est jamais trop tard pour bien faire, l'Union européenne par l'intermédiaire de son commissaire Cécilia Malmström, se penche enfin sur la question. De même, nous voici tout de suite mis au parfum, il ne s'agit pas de déontologie ou de grands principes démocratiques, mais concrètement de protéger l'économie légale des pays membres. 120 milliards d'euros par an échapperait ainsi aux impôts !
En effet, nul besoin d'aller chercher au-delà des frontières des taux de corruption importants, aujourd'hui quatre citoyens de l’Union européenne sur cinq considèrent la corruption comme un problème grave dans leur pays. Voilà qui avait de quoi motiver les commissaires. C'est surtout une merveilleuse occasion de redorer leur blason après la publication il y a peu d'un rapport sur les dépenses par principe toujours exagérées des commissaires mais aussi des pourfendeurs de la veuve et de l'orphelin, j'ai nommé les députés européens.
D'après la commissaire européenne en charge des Affaires intérieures et du dossier par conséquent, "des cadres juridiques assez sophistiqués aux niveaux international et européen" existent mais ne serait – sans surprise – pas appliqués de façon identique par chaque pays membres. Il faudra néanmoins attendre 2013 pour prendre connaissance de la première publication du rapport, et ainsi de suite tous les deux ans. Au moment où le principe de la démocratie participative à travers l'ICE, entendez l'initiative citoyenne européenne, se met en place, il sera curieux de voir si les citoyens européens vont utiliser cet apport du traité de Lisbonne pour dénoncer les classiques détournements de fonds publics, financements illégaux de partis politiques, ou autres obstructions à la justice qui font régulièrement la une des journaux. Toutefois, il vaut mieux calmer notre enthousiasme car si le but de cette initiative européenne est de réduire le fossé entre citoyens et institutions européennes et de se faire entendre auprès d'elles, l'obligation de réunir un million de signatures risque de limiter la dite participation. De même, la Commission, malgré le fait que les initiateurs des pétitions auront réussi à convaincre au moins un million de personnes de signer la pétition, ne sera pas obligée de prendre celle-ci en considération, même si son refus devra être motivé. Ce qui est certain c'est que parmi les nombreuses préoccupations quotidiennes des citoyens européens, la lutte contre la corruption en est une puisqu'elle est la traduction concrète du fossé qui s'élargit entre les élites et la base qui se sent trop souvent trahis par ceux qui la dirigent.
Dans un contexte où l'on n'ose dénoncer de plus en plus la corruption, l'exemple du président letton en est la preuve, l'Union européenne ne pouvait guère échapper à une remise en cause en son sein même. Désormais et certainement plus que précédemment, les pays candidats comme la Croatie dont on doit annoncer très prochainement la date d'entrée dans l'Union, auront à faire des efforts qui n'avaient pas été exigés pour les derniers entrants. Sans illusions, il faut se réjouir de ce traitement de faveur.





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