Edito: Ecoutez un regard décalé


Par Rédigé le 20/10/2011 (dernière modification le 20/10/2011)

Les conséquences de la sentence du procès contre Ioulia Timochenko ne se sont pas fait attendre. La visite que le président ukrainien devait rendre à Bruxelles aux représentants de l'Union européenne, le 20 octobre, a été annulée et reportée à une date ultérieure.


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Voulant certainement donner l'impression qu'il n'était pas plus que cela perturbé par ce report, Viktor Ianoukovitch a rencontré son homologue russe Dmitri Medvedev afin de réfléchir à un nouveau partenariat.
Pourtant, la condamnation de Ioulia Timochenko dénonçait "le caractère manifestement anti-russe de toute cette affaire", d'après le ministère russe des Affaires étrangères dans la mesure où ce jugement remettait en cause la légalité des contrats énergétiques russo-ukrainiens. Dans la même veine, le président ukrainien a pour la première fois, déclaré que son pays n’était pas pressé d’intégrer l'Union européenne. En attendant, cela sert bien les intérêts de Moscou qui avait déjà sommé Kiev de faire un choix entre un accord européen ou russe. Sommes-nous face à une stratégie non pas de rapprochement avec la Russie, car Ianoukovich a toujours été proche des Russes, mais de poursuite et d'entretien de relations anciennes. Rappelons-nous les élections de fin 2005 avec la Révolution orange ou s'agit-il tout simplement d'immaturité politique ? Ne voulant pas perdre la face, Viktor Ianoukovich, vexé par la réaction de Bruxelles, réplique en tentant de réactiver ses relations avec son grand voisin et en déclarant que l'entrée de son pays dans l'Union n'est pas urgente.
Mais tout cela ne pourrait être aussi qu'un jeu bien orchestré pour faire croire à une première volonté ukrainienne d'intégrer l'Union européenne pour abandonner non par sa faute, mais à cause de Bruxelles. Pour autant, de son côté, l'Union européenne donne le change, en annulant cette première rencontre depuis le procès Timochenko mais n'a pas encore annoncé qu'elle annulait la rencontre prévue en décembre. A ce moment-là, l'opinion publique et les médias seront passés à autre chose et cette rencontre ne devrait plus choquer personne. L'accord d'association pourra donc être signé sans commentaires acides et critiques trop vénéneuses sur le fait que Bruxelles abandonne encore ses principes démocratiques au profit d'autres valeurs. Tout cela sur fond de crise de l'euro. Il est vrai qu'actuellement l'Europe n'est guère en position de force pour attirer d'éventuels nouveaux candidats à l'adhésion ou à l'intégration dans la zone euro.

Ainsi, parmi les pays membres de l'Union européenne d'Europe centrale, les principaux pays que sont la République tchèque, la Hongrie et la Pologne qui préside l'Union européenne jusqu'en décembre, personne ne
semble plus pressé d'intégrer la zone euro. On les comprend, ils préfèrent attendre pour voir ce que va devenir exactement cette fameuse zone euro dont les Etats membres sont leurs principaux partenaires commerciaux. L'absence de règles claires ou plutôt de mesures pour les mettre en application, pour empêcher certains pays
d’abuser de leur participation à l’Union pour s’endetter doit être revue afin que cette crise de l'endettement soit endiguée. Pourtant, il suffirait encore une fois d'appliquer les critères de Maastricht qui posent aux membres de la zone euro et aux candidats à l’euro des conditions strictes concernant notamment la dette publique, l’inflation et le déficit des finances publiques. Chaque responsable politique y va de sa déclaration afin surtout de rassurer son opinion publique qui doute de plus en plus de l'intérêt d'intégrer ladite zone. Aujourd'hui, ce sont les principaux pays d'Europe centrale qui font la leçon aux pays d'Europe occidentale membres de la zone. Les mots qui reviennent actuellement sont irresponsabilité, prudence, contribuables, méfiance, etc... Souvenons-nous de l'attitude de la Slovaquie qui a failli bloquer le renforcement du Fonds de secours de
la zone euro il y a quelques jours ou encore les déclarations du Premier ministre bulgare Boïko Borissov, en pleines élections présidentielles qui rappelle que l’entrée dans la zone euro n’est plus un objectif mais "quelque chose que nous observons prudemment, car nous ne savons pas comment ces processus vont se développer". Enfin, si l'on ne peut pas encore parler d'un sentiment général anti-euro en Europe centrale, il devient désormais urgent de respecter les règles de bases de la macroéconomie afin que tout rentre dans l'ordre. S'il en est encore temps...





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