FESTIVAL PUCCINI 2009 A TORRE DEL LAGO


Par Gérard G. Léopold di Offite Rédigé le 11/08/2009 (dernière modification le 11/08/2009)

TURANDOT, MANON LESCAUT ET TOSCA COMME DES LIVRES D'IMAGES SOMPTUEUSES


Manon Lescaut en coproduction avec l'Opéra de Nice

Le 55e Festival Puccini pour son édition 2009 a encore frappé fort en qualité artistique et fréquentation.
Au programme : Bohème, Tosca, Turandot, Manon Lescaut ; Giselle et Le Lac des Cygnes pour le ballet. Un gala lyrique avec Angela Gheorgiu et Vlad Mirita clôturait le Festival.
Attardons nous sur trois représentations.
Pour Turandot (7 août), le toujours très attendu ultime opéra de Puccini, car disparu avant la composition du dernier acte (1924), partition achevée on le sait par Franco Alfano, Maurizio Scaparro à la mise en scène et le tandem bien connu Ezio Frigerio pour les décors et Franca Squarciapino pour les costumes, ont déployé un livre d’images luxueuses dans sa sobriété.
Giovanna Casolla, grande interprète du rôle titre, au jeu de scène très contrôlé, très travaillé, faisant ressortir toute l’humanité et la peur de son personnage, malgré quelques aigus durement négociés dans "In questa reggia" montre encore une fois son grand professionnalisme.
Le coréen Sung Kuy Park (Calaf) se tire plus qu’honorablement de sa partie difficile, délivre un chant haut et clair, un legato parfait, des tenues de notes longues… un bémol toutefois pour "Nessun Dorma", le ténor escamotant l’aigu final… frustrant…
En Liù, Mimma Briganti a une fois de plus donné la chair de poule, son chant du cygne "Si principessa … " étonne par la remarquable tenue des pianissimi. A l’applaudimètre, un joli succès personnel.
Excellent et grande cohésion chez les trois ministres (Ping, Pang, Pong), interventions percutantes d’Altoum et du Mandarin.
Remarquable son de l’orchestre et des chœurs du Festival, tous dirigés par Mauro Roveri.
Est-ce la proximité du Lac, mais les notes de la rutilante partition semblaient toutes détachées, brillantes, lumineuses ?
Avec la Manon Lescaut du lendemain, voilà du grand opéra ! Dans un impressionnant décor unique signé Poppi Ranchetti (cinq fois transformé au cours de l’action, de Paris aux Amériques en passant par le Havre), la mise en scène de Paul-Emile Fourny cerne au mieux le drame de Manon et de son Chevalier Des Grieux, avec une multitude de clins d’œil dont il appartient au spectateur d’en faire ce qu’il en veut : trio libertin voire érotique chez Géronte, Parques toutes de rouge vêtues guettant leur proie à la mort de l’héroïne…et un pas de deux exceptionnel lors de l’Intermezzo relatant bien la tragédie des amants maudits. Les costumes de Giovanna Fiorentini nous transportent dans un XVIIIe plus vrai que nature.
Impossible d’adresser un reproche sérieux à l’ensemble du cast réuni, tous seraient à citer.
Par manque d’espace, nous nous bornerons à saluer la parfaite Manon de Martina Serafin, au chant délicat et passionné, théâtralement fort convaincante, au même titre que son amoureux, un Marcello Giordani des grands jours, en forme exceptionnelle. Une mention pour le Lescaut de Giovanni Guagliardo et le Géronte sonore et bien croqué d’Allessandro Guerzoni.
La battue académique d’Alberto Veronesi rendait au mieux justice à l’œuvre, qui, on le sait a du mal à s’imposer en France face à sa rivale voulue par Massenet.
La Tosca dominicale du 9, n’a hélas pas tenu ses promesses, malgré d’ingénieux décors à transformation d’Antonio Mastromattei (très impressionnant Te Deum !) et la mise en scène pertinente du vétéran Beppe De Tomasi cherchant à renouveler au mieux la vision du drame archiconnu de Victorien Sardou.
En méforme évidente, avec une voix flottante et ingrate, Enrique Ferrer n’a même pas su dans son dernier air nous faire partager son malheur, mettant en outre plus d’une fois en difficulté sa Tosca adorée, Olga Romanko, convaincante globalement mais qui a noyé dans les larmes un « Vissi d’Arte « qui n’en demande pas tant. Que penser aussi de Silvio Zanon, Scarpia certes d’envergure vocale, mais osant ce soir là un minimum syndical indigne d’un tel Festival.
Plaisir alors de retrouver Massimo La Guardia en Spoletta retors et cauteleux à souhait, à la voix de ténor encore percutante, car toujours très musicale, bien placée, qui renvoyait aux oubliettes les interventions de son confrère ibérique.
Direction linéaire et sans surprise de Fabrizio Maria Carminati.
En conclusion, malgré les quelques petits bémols annoncés plus haut, la cuvée 2009 du Festival Puccini démontre une fois de plus l’excellence de la programmation, la qualité des artistes invités et le précis de l’organisation.
On peut annoncer déjà La Fanciulla del West pour l’édition 2010, pour célébrer le centenaire de sa création.


7-8-9 août 2009

www.puccinifestival.it





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