Formation "post-bac": que feront les lycéens à la rentrée 2019?


Par Rédigé le 27/06/2019 (dernière modification le 27/06/2019)

Le 19 juillet, les élèves de terminale seront tous fixés sur la formation qu’ils entameront l’an prochain via la plateforme "parcours-sup" (sur laquelle ils ont formulé leurs souhaits). Des enjeux importants à une période de la vie où il est encore difficile d’appréhender ses réelles aspirations. Quels ont été les souhaits des lycéens cette année ? Sur quels critères choisissent-ils leur formation ? On fait le point avec les derniers chiffres et des témoignages exclusifs.


7,7 vœux par candidat

En 2018, les inscriptions dans l’enseignement supérieur avaient augmenté de 2,1% par rapport à 2017 (avec + 55 000 étudiants inscrits). L’an dernier, le ministère de l’Education national prévoyait un ralentissement de cette croissance pour la rentrée 2019 (1).

C’est finalement 898 000 jeunes dont 651 000 lycéens qui ont formulé leurs souhaits sur la plateforme "Parcours sup" : en moyenne 7,7 vœux par candidat contre 9 l’an dernier (2). La fac de droit et les écoles d’infirmiers (IFSI) sont les formations les plus sollicitées cette année.

Le choix de la fac : "égalité, liberté, gratuité"

Cette année encore, la majorité des lycéens semblent se diriger vers la fac. Selon la dernière note flash du SIES, la liste des vœux se compose à 34% de vœux de licences universitaires. Pour Sophie Larborde-Balen, fondatrice de tonavenir.net, ce choix s’explique souvent par la grande accessibilité de l’université : "beaucoup d’élèves choisissent la fac car ils savent qu’elle n’est pas sélective et qu’ils pourront organiser leur emploi du temps comme ils le souhaitent. Pour les parents, la gratuité est aussi souvent perçue comme un avantage. Hélas, ce choix mène parfois à l’échec car beaucoup de jeunes ne savent pas travailler seul. Beaucoup d’entre-eux abandonnent avant la fin du premier semestre".

Juste derrière la fac arrivent les souhaits d’aller en BTS (31%). Ils sont le plus souvent exprimés par les élèves en provenance des filières technologiques et professionnelles. "Ceux qui sollicitent les BTS ont souvent une idée précise. Cette année, les lycéens dévoilent une plus grande maturité que ceux des années précédente. Ils semblent avoir appréhendé toute l’importance d’avoir un projet professionnel précis et d’éviter les secteurs trop bouchés"., explique Camille Fromaget, co-fondateur de Study Advisor. C’est le cas d’Eloïse, lycéenne en Terminale ES :"Je veux faire un BTS ESF car je souhaite me tourner vers l’aide sociale et à la personne".. Toujours parmi les formations spécialisées, les DUT (13% des vœux) sont aussi très prisés par les lycéens cette année.

Le droit et les filières sélectives : le choix de l’excellence

Alors que le gouvernement ne prévoyait qu’une légère progression du nombre d’inscriptions en licence de droit (1), les souhaits pour cette filière ont finalement explosé : le droit représente 16% des vœux en licence en 2019. La raison de ce choix ? Pour beaucoup, le désir d’aller vers une formation d’excellence, généraliste, qui ouvre le plus de portes possibles.
C’est le cas de Mélanie, en Terminale ES : "J’aimerais devenir avocate. Le fait que ce soit difficile ajoute à ma motivation. J’ai envie de prouver que j’en suis capable". Selon Sophie Laborde-Balen, fondatrice de tonavenir.net : "les filières sélectives sont rassurantes pour les enfants et les parents. Elles sont prestigieuses et très encadrées".

L’explosion des formations en soins infirmiers

La grande nouveauté de cette année est la suppression du concours aux écoles d’infirmiers (IFSI). Désormais l’admission se fait par une candidature via la plateforme Parcours sup. Résultat : les vœux pour cette formation ont explosé : "Les formations sanitaires et sociales – essentiellement des IFSI - ont été choisies par un candidat sur dix, pour 13% d’entre eux, c’est l’unique filière demandée" explique la dernier communiqué du ministère de l’Education.

Des décisions difficiles

Décider de sa formation se révèle difficile, pour un grand nombre de lycéens. Manque de maturité, d’introspection ou encore d’encouragement, beaucoup témoignent avoir le sentiment de "passer à côté" de leur orientation. C'est le cas de Maylis, élève en Première L au lycée Jean Prévost au Havre : " J'ai toujours été déçue par les forums, les testes, les conseillères d'orientation (...). De plus on m'a toujours encouragé vers des formations de mon secteur géographique alors que j'ai la chance de pouvoir partir loin de chez moi pour faire exactement ce qui me convient. Je me sens un peu perdue et mal conseillée".

L'enfermement dans des filières

Selon, Laurence, professeur d’histoire au lycée Jean Prévost au Havre : « Les choix se font souvent en fonction de la filière choisie. Les L et ES font du Droit, de la socio, des langues ou de la psycho tandis que les scientifiques vont vers les professions médicales ou d’ingénieurs. ».
Pour Laura, qui regrette d’avoir choisi d’aller en ES, c’est une erreur de s’enfermer dans une filière : « Pour ma part, j’ai choisi d’aller en médecine. L’inconvénient est que peu de gens me soutiennent dans ce choix car je suis en ES et non en S. Les professeurs se sont même opposés à mon choix en conseil de classe. Je suis heureuse de savoir que le gouvernement a décidé de mettre fin à ce système de filière dans lequel on s'enferme lorsqu'on a que 16 ans. De plus, les filières ne se font pas en fonction des aspirations mais en fonction du niveau. Si tu es bon, tu vas en S, sinon tu vas en bac pro ou techno. C'est ridicule.».

Des choix par défaut

Selon Sophie Laborde- Balen, fondatrice de tonavenir.net : « Hélas les élèves font souvent des choix par défaut : ‘je veux aller ici car je ne peux pas ou je ne veux pas aller là’. Ils se posent aussi souvent les mauvaises questions : ‘que font les copains ? Que pensent mes parents ou mes profs ?’ Les profs ne sont pas des psychologues d’orientation, ces professions n’ont rien à voir. Un bon choix part d’un travail d’introspection ».

En outre, il semblerait que les conseillers d’orientation des écoles ne soient pas une aide efficace pour beaucoup de lycéens : « Je souhaite être ostéopathes animalier. Au final, le conseiller d’orientation ne savait même pas que cette formation existait et ne m’a pas encouragé dans cette voie. Je trouve qu’ils ne servent à rien », explique Loryne (élève en terminale S).

Pour Camille Fromaget, co-fondateur de Study Advisor, une bonne orientation requiert une information suffisante sur les formations existantes : " L'introspection est importante mais l'information sur ce qui existe l'est aussi. Les forums, salons sont chronophages et peu personnalisés. En outre, les jeunes situés dans des provinces éloignés n'y ont pas accès.Cela explique aussi ces choix par défaut que nous déplorons chaque année.".
 

Sources :
- 1 : Note d’information du SIES, « Projections des effectifs dans l’enseignement supérieur pour les rentrées 2018 à 2027 », avril 2018 (accessible en ligne).
- 2 : Note flash du SIES, ministère de l’enseignement, avril 2019, « Parcours sup : les vœux des lycéens pour la rentrée 2019 » ( accessible en ligne)
Entretien avec Sophie Laborde-Balen, fondatrice de tonavenir.com
Entretien avec Camille Fromaget, co-fondateur de tonavenir.net
Entretien avec Laurence, professeur d’histoire au lycée Jean Prévost au Havre
Remerciement à : Laurine, Eloïse et Mélanie et Maelys pour leurs temoignages
 

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