Gabon: la communauté internationale se mobilise pour Marc Ona Essangui


Par Rédigé le 15/04/2013 (dernière modification le 13/04/2013)

C’est le 29 mars que Marc Ona Essangui, leader de la société civile gabonaise, coordinateur de la coalition "Publiez ce que vous payez" a écopé d’une peine de six mois de prison avec sursis et au paiement d’une amende de 5 millions de francs cfa au Chef de cabinet du Président de la République, suite à une affaire qui les oppose. La condamnation a suscité une levée de boucliers hors des frontières gabonaises.


Tout est parti d’un débat télévisé, axé sur la préservation de l’environnement, sur la chaine privée Télé Africa, proche du pouvoir. Au cours de ce débat, Marc Ona Essangui, leader de la société civile gabonaise et secrétaire exécutif de l’ONG Brainforest a affirmé qu’il y aurait des connexions entre le géant singapourien de l’agro-industrie Olam et la Présidence de la République, par la personne de Liban Souleymane, Chef de Cabinet du Chef de l’État.
Suite à la plainte déposée par ce dernier contre Marc Ona Essangui, prix Goldman 2009, pour diffamation, le tribunal de Libreville a finalement rendu son verdict le 29 mars. Un verdict pas au goût de tous, au regard des réactions qu’il suscite à travers le monde. Le 1er avril 2013, Ignace Schops, fondateur du Parc National Hoge Kempenn en Belgique, Ambassadeur international de la biodiversité pour l’International Union for Nature Conservation a saisi Président gabonais par une correspondance portant la mention "requête urgente" en objet. "Je voudrais vous demander, monsieur le Président, de reconsidérer cette décision. J’ai plusieurs raisons pour cela. Marc Ona donne la voix à ceux qui sont sans protection, aux espèces sans voix, Marc donne la parole aux arbres sous lesquels vous vivez… Marc Ona nous protège, nous les êtres humains et les générations futures, afin que nous ayons toujours un avenir durable. La biodiversité diminue très rapidement dans le monde".
Énumérant tous les actes posés par le Président Ali Bongo Ondimba en faveur de la conservation de la nature, Ignace Shops, membre du Club de Rome rappelle au Chef de l’État gabonais que le pays n’a pas besoin de cultures telles que le caoutchouc et le palmier dans certaines zones précieuses du territoire. Il conclut sa lettre en présentant Marc Ona comme un héros que les autorités gabonaises gagneraient à écouter.
Réagissant à son tour, Bruno Van Peteghem, fondateur du Parti Politique Vert Pacifique en Calédonie a été plus offensif dans sa missive au Président gabonais. "Il n’est pas très digne de laisser votre puissant Chef de Cabinet se venger, via la justice, des allégations fondées ou non, de Marc Ona Essangui. Chez nous en France, on mesure l’importance d’un homme à la qualité de ses ennemis. Votre fameux Chef de Cabinet, qui bénéficie de votre immunité présidentielle et donc ne sera jamais inquiété, aura eu le grand mérite de faire parler les médias de votre pays ainsi que le réseau internationalement reconnu de la Fondation Goldman. Un privilège rare", Indique t-il. Quelque peu menaçant, Bruno Van Peteghem poursuit. "Vous n’êtes pas sans savoir que nous sommes des lanceurs d’alerte et, à ce titre, votre bon DirCab va vous faire bénéficier d’une image planétaire car, et dorénavant vous n’y pouvez plus rien, pour l’inconscient populaire "il n’y a pas de fumée sans feu". L’ego de votre Chef de Cabinet affairiste (semble-t-il) et revanchard (assurément), va vous apporter une réputation mondiale que, sans doute, vous ne méritiez pas et que vous aviez eu la sagesse de construire patiemment."
L’ONG Greenpeace, en relayant l’appel de cinq autres ONG est entrée également dans ce mouvement de contestation de la décision de la justice gabonaise à l’encontre de Marc Ona Essangui. Ces ONG demandent par ailleurs au gouvernement français d’exprimer publiquement sa préoccupation face à ces atteintes aux libertés publiques en République gabonaise. Plus grande risque d’être l’impact de l’action envisagée par d’autres lauréats de ce prix, qualifié de "Nobel de l’Écologie". Le professeur américain de botanique Paul Cox (Goldman 1997), le journaliste d’investigation Steeve Wilson (Goldman 2001), Le directeur de l’Institut de Développement Durable du Liberia, Silas Kpanan’s Ayoung Siakor (2006) et le chercheur Humbero Rios (2010) envisagent, en effet, une pétition internationale et une lettre adressée à la Maison Blanche.

Pour l’heure, la Présidence Gabonaise n’a pas encore réagi face à ce vaste mouvement de contestation. Marc Ona Essangui et ses conseils ont attaqué la décision en appel. Le dossier de cette affaire est loin d’être bouclé.





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