Guinée: Sorcellerie et superstitions


Par Rédigé le 05/09/2019 (dernière modification le 31/07/2019)

La croyance en la sorcellerie et la médiumnité est largement répandue dans l'ensemble de la Guinée, au sein de toutes les ethnies.


"Révolte des citoyens contre un féticheur accusé de sacrifice humain à Dubréka", en 2016. Capture vidéo GuineeMatin
La sorcellerie est la pratique de la magie noire ou blanche. Le sorcier maléfique invoque le démon pour nuire. Le guérisseur, différent du simple herboriste, est le sorcier chasseur du démon et du sortilège.

Le jeu de la vie rime avec des ennuis. Dans la vie, il est évident de se faire des ennemis. Certains, plus jaloux n’hésiteraient pas à agir. Par tous les moyens. Et inlassable, jusqu’à satisfaire leur lugubre dessein. "L’homme est un loup pour l’homme". Et le mal ne vient jamais de loin. "Tel(le) dans ma famille m’a ensorcelé", ou "tel(le) a mangé tel(le)", est courant en Guinée.

Des maladies (physiques et mentales), parfois incurables, dont la stérilité féminine et les anomalies congénitales, sont attribuées à la magie noire ou aux esprits maléfiques. On pense aussi que le sorcier (ou la sorcière) peut solliciter le concours du génie malfaisant pour semer la discorde dans le couple, entre le travailleur et son patron, etc.

Se prémunir contre un éventuel mal de l’entourage, boucler le périmètre corporel afin que nul ne puisse entrer, s’abstenir de toute embrouille au bureau, reste la règle d’or, estiment-ils et elles. La liste des victimes est longue. C’est difficile à comprendre. Pourtant, ça peut être. "e souhaite dire ce que je pense, et ce que je ressens aujourd’hui, à condition que demain peut-être, je puisse tout contredire", enseigne le Dr Wayne W. Dyer.

Qu’en pense le ministre de l’Energie ?

Cheik Taliby Sylla a accusé lundi 17 juin, les sorciers d’empêcher l’électrification d’un village à Kindia, à 135 km de Conakry. Information relayée par le correspondant local de Guineematin. Une boutade du ministre ? Puisqu’il cite deux noms (prétendus sorciers, ndlr) qu’on doit supplier pour que le projet ait lieu. Le sujet alimente les réseaux sociaux. Le lendemain matin, des journalistes de la radio Espace fm, abordant le sujet, ont reconnu l’existence de forces invisibles, capables de bloquer le projet humain.

En mars 2018, la présence, en pleine crise sociopolitique, de prétendus "Donzos" au siège du RPG, le parti au pouvoir avait irrité plus d’un. Les Donzos sont des chasseurs et guérisseurs traditionnels de la communauté mandingue de la Haute-Guinée. Reconnaissables dans leur accoutrement paré de gris-gris, de miroirs, de cornes d’animaux, etc.

Conakry et ses guérisseurs

A Conakry, les prétendus guérisseurs, dont des herboristes traditionnels et généralistes, se multiplient. Des radios font la publicité de certains. Sur les places publiques, des guérisseurs attirent le public par un enregistrement sonore fracassant impliquant deux personnages : le guérisseur et l’esprit capturé. Ce dernier, démon ou sorcier(e) avoue son forfait, à travers la voix de sa proie, la personne hantée, enfin libérée. De nombreuses vidéos similaires, en langues locales, sont sur Youtube. S’en mêlent des bonimenteurs qui exploitent la crédulité des gens pour les tromper, car n’ayant aucun pouvoir de guérison ou d’exorcisme.

Un autre phénomène est récurrent sur les routes de Conakry. Ces envoûteurs qui hypnotisent les gens rencontrés en les dépouillant de leurs biens. La victime obéit calmement à son maître, comme dans une conversation normale. Certaines victimes partent prendre les biens dans leurs maisons et reviennent les remettre à l'envoûteur. Là aussi la liste des victimes est longue.

Enlèvements d’enfants et rites sataniques

Des personnes enlevées dont les corps sans vie et mutilés ont également été découvert.

Au quatrième jour de sa disparition, N’Nah Diangoulen, âgée de 4 ans est retrouvée morte à Conakry ce 1er juillet 2019, à plus d’un kilomètre du domicile familial. Son corps est repêché d’un puits dans l’enceinte d’une cour fermée. Plusieurs parlent de sacrifice humain.

En juin 2018, Marie Guilavogui âgée de 12 ans est enlevée et tuée, à Dubréka, près de Conakry. Ses parties génitales mutilées. En décembre 2018, Batouly Bah, âgée de 9 ans, est tuée à Mamou, en Moyenne-Guinée. Ses lèvres et la paupière droite coupées. En janvier 2016, Mariam Koivogui, âgée de 4 ans est tuée, Kagbelen (Dubréka). Ses parties génitales emportées. Son nez coupé en partie et son cou cassé. Accusé de crime rituel, un marabout solitaire de la zone échappe au lynchage, sauvé par les forces de l’ordre. Son domicile incendié par la foule qui l’accuse de travailler pour des hauts fonctionnaires de l’Etat, soucieux "d’avoir des postes ministériels".

Pourquoi mutiler des humains ? La transplantation sexuelle existe-t-elle ? Offrandes pour la richesse ou le pouvoir ?

Je me rappelle mon professeur de droit pénal. Le magistrat nous avait parlé d’un fait dans la Guinée profonde. Un jeune mis aux arrêts avait dénoncé le chef du village. Lequel l’a chargé d’enlever un albinos, l’amener en brousse et lui couper ses parties génitales. A chaque fois qu’on emprisonnait le vieux, après le procès, on le retrouvait dehors. Alors un magistrat initié aux connaissances ésotériques, recommande de lier ses mains avec les fines tiges des feuilles de cocotier, puis le ré-enfermer. Ainsi fait, les mains saignaient, le vieux pleurait. Et réenfermé, il n’est plus ressorti.

Une chose m’échappe. C’est avec tous les mystères de l’Afrique que les Blancs ont réussi à coloniser le continent.
 

Sorcellerie et superstitions.mp3  (1.47 Mo)






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