HONGRIE - Pour aborder le Carême dans de bonnes conditions


Par Colette Dehalle Rédigé le 03/03/2009 (dernière modification le 03/03/2009)

Quand on pense Carnaval, on évoque toujours ceux de Rio, Cologne, Dunkerque ou Venise. Mais connaissez-vous celui de Mohács dont les festivités, Busojaras, se sont déroulées du 19 au 24 février dernier dans cette ville située à quelque 200 km au sud de Budapest, dans le département de Baranya, sur la rive droite du Danube, près de la frontière avec la Croatie et la Serbie.


La population d'environ 20 000 habitants, triple presque à cette époque de l'année, on vient de partout, du Japon même. Mohacs évoque évidemment la défaite de l'armée hongroise de Louis II devant les Turcs de Soliman le Magnifique le 29 août 1526. On peut d'ailleurs visiter le mémorial inauguré en 1976 lors du 450e aniversaire de ce désastre et approfondir ses connaissances au musée Dorottya Kanizsa de la ville. Une nouvelle bataille en 1687 opposa à Mohács les Turcs de Mehmed IV aux armées autrichiennes et du Saint-Empire germanique commandées par Charles de Lorraine. Cette fois, la défaite des Turcs arrêta définitivement l'expansion des Ottomans en Europe. Et l'on dit que le Carnaval n'est pas étranger à ces deux dates. Durant l'occupation turque, les habitants de Mohács se réfugièrent dans les forêts voisines et sur les îles du Danube. Vêtus de peaux de bêtes et munis de masques grimaçants, ils s'attaquaient aux Turcs mais de là à dire que la victoire de 1687 leur est imputable... D'autres disent que ce sont les Croates catholiques qui à la fin de l'occupation ottomane ont importé cette tradition populaire. La première trace écrite de ce carnaval date de 1783, elle concerne les Busos, ces personnages revêtus de peau de mouton et arborant un masque hideux surmonté de cornes, censés symboliser la fertilité qui chasse l'hiver et célébrer le printemps tout proche. Actuellement, quelque 600 d'entre eux, de tous âges, déferlent dans la cité d'ordinaire si calme, avec le même attirail dans un fracas d'instruments de musique variés. Le dernier après-midi, les Busos circulent de maison en maison pour chasser les mauvais esprits de l'hiver ainsi que les maladies. A la tombée de la nuit, ils jettent dans le Danube un cercueil qui symbolise la fin des festivités. Ensuite, la population de Mohács se joint aux touristes pour une danse endiablée autour d'un feu de joie. Naturellement, comme il se doit, cet anonymat derrière le masque de bois permet toutes les audaces et les Busos ne s'en privent pas... L'ethnographe Tünde Minorics révèle qu'au XIXe siècle ces festivités avaient été interdites à cause des débordements auxquels elles donnaient lieu. Mais un employé de la mairie de Mohács a l'idée géniale dans les années 1920 de faire la promotion de cette cette tradition populaire abandonnée, depuis le succès est toujours au rendez-vous.





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