Histoire à deux têtes


Par Jeanne Voisin Rédigé le 19/07/2015 (dernière modification le 19/07/2015)

Toutes les deux ont récemment défrayé la chronique, l'une près de Berlin et l'autre au musée de l'Homme à Paris.


Où est passée celle de Friedrich Wilhelm Murnau?

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On connaît le célèbre réalisateur, symbole de l'expressionnisme allemand, auteur entre autres en 1922 de "Nosferatu le vampire", mais aussi en 1924 de "Le dernier des hommes" et en 1927 de "L'aurore". Film réalisé aux États-Unis où il avait été invité par la Fox. En 1931, il avait tourné "Tabou" en Polynésie, ce fut le dernier, il est mort en effet à 42 ans, le 11 mars 1931, à Santa Barbara, des suites d'un accident de voiture. Et sa dépouille était revenue en Allemagne pour y être inhumée. Il repose donc aux côtés de ses deux frères dans le cimetière de Stahnsdorf, à une vingtaine de km au sud-ouest de Berlin.

Ces jours-ci, le tabloïd Das Bild, révélait que la tête de Murnau avait disparu du caveau familial. Olaf Ihlefeldt, responsable du cimetière, pense que les faits se sont produits entre le 4 et le 12 juillet 2015. Pour l'heure, on ignore qui est l'auteur de cette profanation et il semble que les motivations soient d'origine occulte car sur place ont été retrouvés des résidus de cire de bougie. Elle aurait pu éclairer une cérémonie que n'eût point désavouée Nosferatu lui-même…

Ce n'est pas la première fois que cette tombe est l'objet de malveillance. Et même si c'est un peu tard, la direction du cimetière songerait à la faire sceller pour prévenir toute profanation à l'avenir.



Celle de Liempichun Samakata reviendra-t-elle en Patagonie?

Le 3 juillet 2015, le musée de l'Homme recevait une demande que lui avait transmise le ministère français des Affaires étrangères. Elle émanait de l'association argentine Guías de la Faculté des Sciences naturelles et du musée de l'Université nationale de La Plata dont l'objectif depuis 2006 est de s'intéresser aux peuples autochtones. Dans le cas présent, il s'agissait de récupérer le crâne d'un certain Liempichun, par ailleurs neveu du Pu lonko, c'est à dire le cacique, Sakamata. Lequel appartenait à la tribu Tehuelche, originaire de Patagonie. Les restes de ce chef avaient été retirés de sa tombe en 1896 par le comte Henry La Vaulx et emportés en France où actuellement, ils figurent dans les collections du musée de l'Homme. Son descendant direct Waldo Liempichun exige que l'institution parisienne lui remette le crâne de son ancêtre. La direction du musée a fait savoir qu'elle le rendra quand elle recevra la demande officielle du gouvernement argentin.

La Vaulx qui avait parcouru la Patagonie, avait déterré plusieurs cadavres de Mapuches et Tehuelches et les faisait bouillir pour ne conserver que les os. Il en fait le récit dans "Voyage en Patagonie; ouvrage contenant quarante illustrations d’après les photographies de l’auteur, et une carte hors texte", paru chez Hachette en 1901. Dans un chapitre intitulé "Cuisine macabre".
En 2009, lors d'une mission au musée de l'Homme, l'historien argentin Julio Vezub identifia le crâne de Liempichún Sakamata, le photographia et fit connaître cette affaire à son retour. Pour Fernando Miguel Pepe, responsable de Guías, cette restitution est une question de droits humains et du respect dû aux peuples aborigènes. Il précise que lorsque Liempichun Sakanmata sera enterré dans son pays, près des siens, il pourra être procédé aux rites traditionnels, le cycle se refermera et l'harmonie renaîtra.





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