Hongrie : centenaire d’un traité toujours controversé


Par Rédigé le 04/06/2020 (dernière modification le 03/06/2020)

4 juin 1920, 4 juin 2020, il y a 100 ans, l'Europe centrale était redessinée après la signature du Traité de Trianon. Saint-Germain-en-Laye, Versailles, Trianon, Neuilly, Sèvres, autant de noms qui évoquent de charmantes localités de l’ouest parisien chargées d’histoire ou des résidences royales. Mais aussi quelques-uns des traités signés au lendemain de la Première Guerre mondiale.


Après la Première Guerre mondiale, l'Europe centrale est redessinnée (C) DR

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L’un d’entre eux a été des plus impitoyables pour les vaincus, Il fut signé le 4 juin 1920 à 16h30 dans la Galerie des Cotelles du Grand Trianon, entre les Alliés vainqueurs et le royaume de Hongrie. Autrement dit, ce qu’il restait de l’empire austro-hongrois, le sort de l’Autriche ayant été réglé par le traité de Saint-Germain-en-Laye le 10 septembre 1919. Certains mots reviennent toujours lorsqu’on mentionne le traité de Trianon, diktat, dépeçage ou infâme et même les Hongrois qui ne sont jamais allés en France connaissent le nom de ce palais.

La superficie de la Hongrie d’après Trianon passe de 325.411km2 à 93.028, la différence, soit quelque 70% avait été attribuée à la Roumanie, à la Tchécoslovaquie nouvellement créée, au royaume des Serbes-Croates-Slovènes, 3,3 millions de Hongrois, plus de 30% de la population, se retrouveront hors des frontières avec une nouvelle nationalité. La Hongrie n’a plus d’accès à la mer sans la Croatie, rattachée au royaume des Serbes, Croates et Slovènes. En perdant la riche Transylvanie, c’est la presque totalité de ses ressources en pétrole, gaz, or et argent, minerai de fer, de ses forêts qui lui sont arrachées. Il en est de même pour les voies ferrés, les usines, les canaux et les terres cultivables. Pour le pays qui n’a cessé de demander la révision du traité, ce fut un terrible traumatisme dont il ne s’est jamais vraiment remis malgré les années. Il n’est pas rare de trouver dans certains lieux, principalement les boutiques de souvenirs, des cartes de la Grande Hongrie.

Le traité avait été précédé par la Conférence de la paix de Paris qui s’était ouverte le 18 janvier 1919, deux mois après l’armistice du 11 novembre 1918. Elle réunissait les représentants des pays belligérants. Le comte Albert Appony conduisait la délégation hongroise dans laquelle figuraient aussi Pál Teleki ministre des Affaires étrangères et géographe distingué ainsi qu’István Bethlen. Le pays s’appelait alors la République démocratique hongroise. Si l’on se réfère à un texte bien connu du journaliste Robert Vallery-Radot, on s’aperçoit qu’on leur fit cruellement sentir leur condition de vaincus "On les reçut comme des prisonniers. Ils furent enfermés, sous la garde de policiers avec l'interdiction d'en sortir. Seul le comte Apponyi, en considération de son grand âge (74 ans), fut autorisé à faire un petit tour de promenade, escorté d'un inspecteur de la Sûreté". Lequel ne pouvant négocier ni faire entendre le point de vue de son pays malgré un brillant plaidoyer en plusieurs langues, avait fini par retourner à Budapest.

D’éminents géographes avaient redessiné les nouveaux contours du pays. La Hongrie avait traversé maintes vicissitudes et il faudra donc attendre le 4 juin 1920 pour que le traité de Trianon soit signé. Depuis le 1er mars 1920, le pays était devenu Royaume de Hongrie, avec à sa tête le Régent Miklos Horthy.
On imagine que ce pénible anniversaire sera célébré dans la plus grande discrétion. Il est prévu qu'à l'heure fatidique la population se fige et respecte une minute de silence.





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