INTERVIEW : Almamy SIDIBE, un vieux bailleur de la cité du Rail


Par Rédigé le 03/09/2010 (dernière modification le 03/09/2010)

Dans la crise que connaît le loyer à Dakar, s'il y a des acteurs qui forcément retiennent notre attention, ce sont bien les propriétaires de maisons appelés bailleurs. Nous sommes allés à la rencontre de l'un d'entre eux. Il se nomme Almamy SIDIBE et nous livre ses hauteurs de vue sur la question.


M. Almamy SIDIBE Photo (C) Elhadji Babacar MBENGUE
Elh.B.MBENGUE : Bonjour M. Almamy Sidibé, vous êtes bailleurs et propriétaires de maison en location. Merci d’accepter notre interview. Depuis quand avez-vous commencé à mettre vos maisons en location ?

A. Sidibé : Il y a déjà une dizaine d’années.

Elh.B.MBENGUE : Combien de maison avez-vous mis en location ?

A. Sidibé : J’ai au total sept appartements. Au moment où nous parlons, il y en a qui sont vides. Il y a des appartements occupés par ma famille. J’ai 28 personnes à charge. Aussi, j’ai d’autres maisons pour les étrangers, membres de ma famille, qui viennent séjourner ici. Je reçois aussi des étudiants.

Elh.B.MBENGUE]b : Est-ce que c’est vous-même qui gérez la location ?

A. Sidibé : Non. Je donne cela à un service qui est à Dakar. C’est une agence immobilière qui s’appelle Waounde Services. Quand j’étais en France, j’en avais confié la gestion à cette agence.

Elh.B.MBENGUE : Aujourd’hui, êtes-vous satisfait de la gestion de l’agence ?

A. Sidibé : Oui, l’agence fait son boulot. On ne peut pas être à cent pour cent satisfait. Mais ce qu’elle fait est bon. Elle fait tout pour que les choses se passent normalement. Vous savez le travail n’est pas facile car il y a des locataires compliqués, difficiles. Parfois même, je suis obligé d’intervenir en ma qualité de propriétaire pour régler un contentieux, dissuader un locataire pour éviter le pire avec l’agence.

Elh.B.MBENGUE : Souvent on accuse les agences d’augmenter les prix à votre insu. Qu’en est –il exactement ?

A. Sidibé :]b Non. Moi, j’ai des classes moyennes. Moi personnellement, je suis locataire depuis 1967. Tous les mois, je paie plus de 300 euros pour mon appartement à Paris. Je connais la valeur de la location. J’ai l’expérience des locataires. Pour moi, ils sont tous égaux. Je les considère comme ma famille. Il n’ y a pas de ségrégation.

Elh.B.MBENGUE : Généralement, il y a des problèmes entre vous et vos locataires. C’est parce qu’ils sont mauvais payeurs ou ne s’occupent pas assez bien de vos appartements ?

A. Sidibé : Tu sais, on est tous des Africains. Tu vois des locataires qui font plusieurs années ici. Ces gens là, on ne peut les brusquer même s’ils ne paient pas. On est tous des chefs de famille. Dire monsieur ou madame un tel payez ou vous sortez de ma maison, c’est peut-être cela la règle mais moi je préfère me renseigner pour comprendre leur situation. Je préfère le dialogue.

Elh.B.MBENGUE : De plus en plus, on parle de cherté du loyer à Dakar ? Est-ce votre sentiment ?

A. Sidibé : Le loyer est cher, on n’en discute pas. Mais aussi, c’est à cause du coût de la vie. Moi, je peux rester six à sept ans sans augmenter les prix. Si le coût de la vis augmente, je suis obligé de majorer un peu. Dans tous les cas, j’essaie de m’entendre avec mes locataires.

Elh.B.MBENGUE : Aujourd’hui, l’Etat a mis en place une commission d’enquête pour examiner la question. L’objectif est de revoir à la baisse les coûts du loyer. Qu’en pensez-vous ?

A. Sidibé : Je salue l’initiative de l’Etat. Si c’est pour aider la population, c’est une bonne chose. Sur cela, je n’ai pas de soucis. Moi, je fixe mes prix comme beaucoup d’autres. En Europe, le coût est calculé sur la base du lieu d’habitation. A Mermoz, vous trouvez une maison à 1 million par mois tandis qu’à Guédiawaye et à Thiaroye, vous pouvez avoir cette même maison entre 100 et 150 mille francs CFA. Je fais tout pour pratiquer des prix raisonnables. Car, mon souhait est que tout locataire qui part de chez moi après un long séjour entre directement dans sa propre maison.

Elh.B.MBENGUE : Vous est-il arrivé de solliciter les services d’un huissier ?

A. Sidibé : C’est la dernière solution. Je l’ai déjà fait. Il y a des locataires qui étaient là. Ils étaient brutaux pas avec moi seulement mais avec les autres. Ce que je ne pouvais pas accepter. Je tiens au respect mutuel. J’ai construit mes maisons pour qu’elles soient des lieux d’unité et de rassemblement. Il y a des enfants d’anciens locataires qui reviennent passer leurs vacances chez moi. Si cela est possible c’est parce que j’entretenais de bons rapports avec leurs parents. Je souhaite qu’on se quitte en paix.

Elh.B.MBENGUE : Est-ce que vous avez un conseil à donner aux acteurs ?

A. Sidibé: Que chacun respect l’autre dans son travail.





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