LES REFLEXIONS DE JEANNE


Par Jeanne Voisin Rédigé le 10/06/2011 (dernière modification le 10/06/2011)

Felix Korea - De Manhattan à Mozart


Felix Korea

Kim Jong Il (c) Presidential Press and Information Office
Périodiquement on nous dit que la Corée du Nord est au bord de la famine ou que la répression y est impitoyable et qu'existent des camps où s'entassent des dizaines de milliers de prisonniers. Il semble que ces propos soient tenus par des gens désireux de lui nuire si l'on en croit un classement qui vient d'y être publié.

En effet, grâce à celui-ci diffusé par la télévision d’État nord-coréenne, Chosun central TV, et qui concernait le bonheur de deux bonnes centaines de pays à travers le monde, on apprend que la République populaire démocratique de Corée a obtenu 98 points sur 100. Elle se place ainsi en seconde position sur cette échelle du bonheur, la première revenant à la Chine avec 100 sur 100. Ce qui contraste curieusement pour ce pays avec un sondage organisé en mars dernier par le Quotidien du Peuple et que d'ailleurs les autorités locales avaient très vite censuré lorsqu'elles avaient découvert que 6% des Chinois seulement avouaient nager dans le bonheur. Aux yeux de Pyongyang, Cuba arrive en troisième position avec 93 points, puis suivent l'Iran et le Venezuela qui obtiennent respectivement 88 et 85 points. Il nous sera difficile maintenant de prendre au sérieux ceux qui manifestent contre Raúl Castro, Mahmoud Ahmadinejad ou Hugo Rafael Chávez Frías, alors qu'ils font tant pour le bonheur de leurs peuples. Quant à la Corée du Sud voisine, elle n'est créditée que de 18 points et rejetée au 152e rang. Mais c'est un classement relativement honorable quand on sait que les États-Unis n'atteignent eux que 2 points sur 100 et se situent au 203e, le dernier. Il est vrai qu'il est bien difficile de vérifier sur place ce qu'il en est exactement de ce bonheur nord-coréen dû à la bienveillance du dictateur Kim Jong Il. Et quant à aller le partager là-bas, ce n'est pas chose aisée, les conditions d'entrée dans le pays n'étant pas des plus simples !

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De Manhattan à Mozart

Portrait du baryton portugais Francisco d'Andrade (1856-1921) en Don Giovanni. Peinture de l'Allemand Max Slevogt en 1902
L'affaire qui occupe le devant de la scène depuis plus de trois semaines a pris le 6 juin un aspect différent. En effet, Nafissatou Diallo, la femme de chambre du Sofitel new-yorkais qui accuse l'ancien directeur général du FMI de l'avoir agressée*, est défendue par un nouvel avocat.

Ce nouveau défenseur, Kenneth Thompson, un des ténors du cabinet Thompson Wigdor & Gilly spécialisé dans les affaires où l'on réclame des millions de dollars de dédommagements, a très vite lancé un appel sur une chaîne publique française de télévision. Il recherche d'éventuelles autres victimes en France ou en Afrique... On se demande pourquoi seulement en France et en Afrique, à une époque où en une douzaine d'heures on franchit des milliers de km. D'autant plus que l'Amérique, l'Asie, l'Europe ou l'Océanie pourraient se vexer d'être tenues à l'écart. Ce qui signifierait que les femmes qui vivent sur ces continents n'auraient pu attirer le regard du séducteur invétéré et perpétuel voyageur qu'est l'ex-patron de la grande institution internationale ! Et quand l'on sait que Me Kenneth Thompson est un infatigable combattant des discriminations dans la société américaine...
A l'évocation de toutes ces femmes qui ont pu ou auraient pu être abusées à travers le monde, on ne peut s'empêcher de penser à un autre grand séducteur, Don Giovanni dans le dramma giocoso éponyme de Mozart. Ses conquêtes sont évoquées par son domestique Leporello, dans un air célèbre appelé "du catalogue". A l'époque, les déplacements étaient moins aisés qu'aujourd'hui, aussi ne sortait-on guère d'Europe... Mais le tableau de chasse est quand même assez impressionnant puisque : "en Italie six cent quarante, en Allemagne deux cent trente et une, cent en France, en Turquie quatre-vingt-onze, mais en Espagne elles sont déjà mille trois"... Et de toutes catégories sociales, "des paysannes, des femmes de chambre et des bourgeoises, il y a des comtesses, des baronnes, des marquises, des princesses". On peut donc imaginer que Me Kenneth Thompson produira lors de la prochaine audience, un nouveau catalogue, version moderne, à l'heure du Jet, de celui rédigé en 1787 par Lorenzo da Ponte, librettiste de Mozart !

* Voir également nos articles et dessins de presse précédents





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