La Hongrie se souvient en ce 15 mars


Par Colette Dehalle Rédigé le 15/03/2009 (dernière modification le 15/03/2009)

Au printemps 1848, l'Europe tout entière est en ébullition et la période est souvent appelée l'année du Printemps des Révolutions ou le Printemps des Peuples. Tout commence à Paris du 22 au 24 février, la Monarchie de Juillet est renversée et Louis-Philippe qui abdique le 24 février et gagne l'Angleterre sous le nom de Mr Smith. La république, la seconde, est proclamée. Le 21, paraissait à Londres un ouvrage dont le contenu ne passerait pas inaperçu, le Manifeste du Parti communiste de Karl Marx et Friedrich Engels.


Musée national hongrois
Le continent s'embrase. Révolution à Berlin du 17 au19 mars. Le 20, à Munich, Louis Ier, roi de Bavière doit abdiquer après les manifestations du 9 février contre sa favorite Lola Montés. Le 17 mars, révolution à Venise et le 22, Daniele Manin et Niccolo Tommaseo proclament la république. Du 18 au 22 mars, Milan s'embrase, les garnisons autrichiennes sont chassées d'Italie centrale.
Cela ne va guère mieux en Autriche, le 13 mars, une insurrection populaire éclate à Vienne contre le chancelier Klemens Wenzel von Metternich, qui, âgé de 75 ans doit s'enfuir aux Pays-Bas dans un panier à linge. L’empereur Ferdinand Ier n'est pas mieux accepté, il accorde une constitution et abdiquera le 2 décembre au terme de 13 ans de règne.
C'est son neveu François Joseph Ier, âgé seulement de 18 ans, qui lui succède le même jour, son propre père François-Charles
ayant renoncé à ses droits au trône. La passation de pouvoir se déroule dans la grande salle du palais archiépiscopal d'Olmütz et l'entrée à Vienne se fera le 5 mai 1849, une fois le calme revenu. Le prince Felix zu Schwarzenberg est le nouveau chancelier.

La Hongrie ne reste pas à l'écart des ces troubles
Le 3 mars, Kossuth réclame une constitution à la diète de Presbourg, aujourd'hui Bratislava en Slovaquie. Le 15, c'est la révolution à Budapest. L'agitation qui couvait depuis un certain temps et qu'avait entretenue les réunions de quelques jeunes hommes au café Pilvax durant le Vörmärz, gagne la rue. Le poète Sandor Petöfi récite son chant patriotique Debout Hongrois! Un programme en douze points reprenant les revendication de Kossuth est présenté aux autorités, il réclame notamment la liberté de la presse, la suppression de la censure, le remplacement de la Diète, réunie tous les trois ans à Presbourg, par une assemblée nationale siégeant à Pest, l'égalité de droits civiques et religieux, l'abolition des servitudes seigneuriales, la création d'une Banque et de forces armées nationales, la libération des prisonniers politiques, le départ des troupes impériales, le retour en Hongrie de tous les régiments hongrois, des réformes judiciaires et l'union avec la Transylvanie. Le 17 mars 1848, François-Joseph 1er approuve la création d'un gouvernement hongrois. Le comte Lajos Batthyány de Németújvár est nommé premier ministre le 7 avril. Il est entouré de Kossuth, député de Pest, chef de file des libéraux qui sera ministre des Finances, Déak ministre de la Justice et Széchenyi. Tout semble donc aller pour le mieux mais à partir du mois de septembre, l'Autriche se ressaisit et revient sur certaines concessions. Les mois qui suivent seront dramatiques pour la Hongrie.
Comme chaque année, le pays célébrera ce 15 mars avec ferveur sa fête nationale, chacun arborera une cocarde aux couleurs du pays et réservera ses hommages à Petöfi ou Kossuth et jusque dans les plus petites villes on fleurira les monuments du souvenir, cérémonies auxquelles participeront les enfants. Par ailleurs, le musée national hongrois qui fut le siège de nombreuses manifestations le 15 mars 1848 propose une exposition jusqu'au 30 juin prochain sur ce sujet.

Magyar Nemzeti Múzeum
1088 Budapest
Múzeum krt 14-16
tél 327 77 73
10-18h sauf le lundi





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